l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
elle m’envoie des cartes postales de son asile
m’annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l’a rendue trop fragile
& qu’elle veut plus ramer pour d’autres guernica
& moi je lis ses lettres le soir dans la tempête
en buvant des cafés dans les stations-service
& je calcule en moi le poids de sa défaite
& je mesure le temps qui nous apoplexise
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
& je croise des vieillards qui font la sentinelle
& me demandent si j’ai pas des cachous pour la nuit
je balance mes buvards & tire sur la ficelle
pour appeler le dément qui inventa l’ennui
& je promène son masque au fond de mes sacoches
avec le négatif de nos photos futures
je mendie l’oxygène aux sorties des cinoches
& vends des compresseurs à mes ladies-bromure
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
il est bientôt minuit mais j’fais beaucoup plus jeune
je piaffe & m’impatiente au fond des starting-blocks
je m’arrête pour mater mes corbeaux qui déjeunent
& mes fleurs qui se tordent sous les électrochocs
& j’imagine le rire de toutes nos cellules mortes
quand on s’tape la bascule en gommant nos années
j’ai gardé mon turbo pour défoncer les portes
mais parfois il me reste que les violons pour pleurer
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
elle m’envoie des cartes postales de son asile
m’annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l’a rendue trop fragile
& qu’elle veut plus ramer pour d’autres guernica
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans cité X y’a une barmaid
qui lave mon linge entre deux raids
si un jour elle apprend mon tilt
au bout d’un flip tourné trop vite
j’veux pas qu’on lui renvoie mes scores
ni ma loterie ni mon passeport
mais je veux qu’on lui rende son laser
avec mes cendres & mes poussières
& j’aimerais qu’elle tire la chasse d’eau
pour que mes tripes & mon cerveau
enfin redevenus lumière
retournent baiser vers la mer…
je r’viendrai comme un vieux junkie
m’écrouler dans ton alchimie
delirium visions chromatiques
amour no limit éthylique
je r’viendrai comme un vieux paria
me déchirer dans ton karma
retrouver nos mains androgynes
dans ta zone couleur benzédrine
je r’viendrai fixer ta chaleur
dans la chambre au ventilateur
où tes ombres sucent les paumés
entre deux caisses de STP
je r’viendrai te lécher les glandes
dans la tendresse d’un no man’s land
& te jouer de l’harmonica
sur un décapsuleur-coma
je r’viendrai jouir sous ton volcan
battre nos cartes avec le vent
je r’viendrai taxer ta mémoire
dans la nuit du dernier espoir
je r’viendrai chercher notre enfance
assassinée par la démence
& lui coller des lunettes noires
le blues est au fond du couloir…
je reviendrai narguer tes dieux
déguisé en voleur de feu
& crever d’un dernier amour
le foie bouffé par tes vautours
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
amours-crayons-bites enfoncés
dans les tubulures glauques du vent
l’ange a léché le chimpanzé
sur l’autel des agonisants
clinic-woman-cœur-manivelle
tournant dans le soleil couchant
ce soir je sors de ma poubelle
pour provoquer tes océans
cafards-gardiens d’enfer casqués
défilant dans mes nuits d’automne
m’accusant de ne plus tricher
devant ta pompe à méthadone
rue-morgue avenue desperados
dans les barbelés du goulag
ce soir je sors de mon blockhaus
pour me parfumer à ta vague
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (bis)
délires-désirs-corps entraînés
dans les brouillards du crépuscule
parfums sexy, cœurs gominés
tension-danger-sortie-capsule
jadis cavalier du néant
je reviens en vampire tranquille
dans ta nuit maquiller les blancs
de ton calendrier de petite fille
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (bis)
curieux soleil de plexiglas
dans la vitrine des marchands d’ours
gyrophares sur mes pataugas
nitroglycérine à la bourse
filmé par les mau-mau
par les stups & les contes de fées
j’planque mon secret sous ta schizo
& m’accroche à ton corps blessé
amant-mutant matant nos stances
à l’ombre des amours gadgets
j’endors mes cadences en instance
& me balance à ta planète
inutile d’afficher nos scores
aux sorties des supermarchés
les dieux sont jaloux de nos corps
nous balayons l’éternité
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
elle veut plus que son chanteur de rock
vienne la piéger dans son paddock
elle veut plus s’taper le traversin
à jouer les femmes de marin
… elle s’en va !
elle veut plus que son dandy de la zone
vienne la swinguer dans son ozone
elle veut plus d’amour au compte-gouttes
entre deux scènes, entre deux routes
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (bis)
elle lui a dit : je change de port
mais pauvre débile je t’aime encore
seulement tu vois c’est plus possible
moi aussi j’veux être disponible
… elle s’en va !
il a juste haussé les épaules
comme si c’était son meilleur rôle
& lui a dit : casse-toi de mon ombre
tu fous du soleil sur mes pompes
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (bis)
il en fera peut-être une vieille rengaine
une histoire d’amour à la chaîne
pour les p’tites sirènes à la page
qui se branlent devant son image
… elle s’en va !
il en fera peut-être une vieille chanson
une histoire d’amour à la con
pour les décavés du boulevard
qui s’tapent une queue sur trafalgar
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (ad. lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je cherche un hélico pour me déconnecter
pour faire sauter les plombs de la boîte à fausse-donne
je cherche un hélico quelque part pour me tirer
mais j’crois bien que les martiens m’appellent sur l’interphone
ganja !
le blues m’a délatté mais c’est sans importance
quand la bière est tirée il faut finir son pack
le blues m’a délatté & je trinque en silence
j’fais de l’auto-combustion tout seul dans mon half-track
ganja !
& j’traîne dans la galerie en grillant mes traumas
j’en veux à la première qui m’a laissé tomber
& j’traîne dans cette galerie où ma mère me chanta
no love today bébé my milk is gone away
ganja !
j’ai mon capteur qui sonne & mes pieds qui s’enfoncent
j’oublie toujours le nom de ces villes où j’suis né
j’ai mon capteur qui sonne & j’ai le cœur qui bronze
j’ai fini par fumer ma carte d’identité
ganja !
ma tête a éclaté d’un retour de manigoince
moi j’voulais bourlinguer sur cumulo-nimbus
ma tête a éclaté bonjour l’homo sapiens
si t’as peur de t’mouiller retourne à ton fœtus
ganja !
je suis dans l’atelier de hieronymus bosch
avec les yeux drapés de lapis-lazuli
je suis dans cet atelier mais il faut que j’décroche
les anges font des cauchemars au fond du paradis
ganja !
les sergents-recruteurs me demandent au parloir
avec des mégaphones pour compter les élus
les sergents-recruteurs me jouent le jour de gloire
mais moi j’suis mongolien chromosomes inconnus
ganja !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine