y a du soleil dans ma rue
mais je ne sais pas quoi en faire
dans les jardins de la vertu
Minerve s’habille en guerrière
mais moi qu’ai rien d’un Mantegna
d’un Bellini d’un Delacroix
je la peins sous les traits d’un rat
dans la poussière, les bras en croix* (bis)
y a du soleil dans ma rue
mais je ne sais pas quoi en faire
je me sens comme un ange déchu
qui se s’rait trompé d’atmosphère
la première meuf que j’ai connue
m’a expulsé à 4 du mat
dans une maternité perdue
qui fabriquait des automates (bis)
y a du soleil dans ma rue
mais je ne sais pas quoi en faire
j’évolue & je vole à vue
loin des circuits règlementaires
avec mes pensées qui s’encrassent
dans le froid de mes nuits d’exil
j’arrive plus à faire cette grimace
qui sert de rire aux imbéciles (bis)
y a du soleil dans ma rue
mais je ne sais pas quoi en faire
la fille du soldat inconnu
me dit putain beau militaire
avec l’arsenal souterrain
planqué à l’abri de tes lois
chacun des 7 milliards d’humains
peut être tué quarante mille fois** (bis)
y a du soleil dans ma rue
mais je ne sais pas quoi en faire
le soleil c’est vice & vertu
mais la vie me visse à l’envers
laisse-moi te prendre par la taille
& me noyer dans tes cheveux
sur le capriccio de Kodaly
faisons semblant d’être amoureux (bis)
* Johnny Hallyday, Les bras en croix (1963). Auteur : Jean-Philippe Smet & Jan / Compositeur : Gilbert Guenet / Éditeur : Tulsa soc (Universal Publishing).
** cf. Hubert Reeves, Patience dans l’azur, Seuil (1981).
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer la peur à l’heure du temps zéro
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
plus le temps de flirter avec les chaînes-info
notre besoin de paix, d’amour & d’illusions
s’est perdu dans le feu de notre hypocrisie
quand nous cherchions en vain là-bas dans les bas-fonds
sous le marbre des morts l’entrée d’un paradis
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer nos yeux de chiens hallucinés
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
plus le temps d’éviter à nos corps de sombrer
les rats inoculés ont quitté l’arrière-cour
& les mouches tombent avant de goûter aux festins
quand de joyeux banquiers cherchent un nouveau tambour
pour battre le retour du veau d’or clandestin
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer nos lois tombant d’un Sinaï
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
plus le temps d’oublier ceux qui nous ont trahis
le décalogue se brise en milliards de versions
mais les nouveaux Moïse n’intéressent plus Rembrandt
& dans les ruines obscures des salles de rédaction
les rotatives annulent le sacre du printemps
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer nos pleurs d’esclaves à Babylone
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
plus le temps de prier les vierges & les madones
j’entends les harmonies d’un chant de rémission
d’un cantique atonal aussi vieux que nos races
& puis j’entends les cloches de la résurrection
quand j’arrache le suaire qui nous colle à la face
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer nos rêves au rythme du chaos
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
plus le temps d’affronter la beauté de nos maux
j’ai rangé nos désirs au fond de l’univers
entre deux météores & une comète en feu
& j’ai mis de côté Telemann & Mahler
pour ne pas oublier la BO de nos jeux
nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
d’imaginer l’amour au temps des sentiments
nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
la nuit gronde & se lève du côté de l’Orient
les visions incolores des peuples asservis
demain joueront peut-être avec un jour nouveau
quand les enfants-cosmos en visite à Paris
caresseront les chevreuils aux sorties du métro
« En ma fin git mon commencement »
Mary Stuart
en ma fin git mon commencement
mon chemin traverse le temps
l’amour aussi parfois peut servir de guide
j’envie ta survie
le destin n’est qu’un arrangement
un festin pour un couronnement
la haine aussi parfois peut lâcher la bride
j’envie ta survie
& tournent tournent dans le vent les heures de renaissance
d’une reine en instance
& tournent tournent dans le vent les souvenirs d’enfance
qui tournent ailleurs maintenant
si lointain le soleil levant
le jardin sous un ciel si blanc
l’amour aussi parfois peut être insipide j’envie ta survie
demain devient transparent
& demain s’enivre de sang
la haine aussi souvent flirte avec le vide
j’envie ta survie
& tournent tournent dans le vent la musique & la danse
d’une reine adolescente
& tournent tournent dans le vent les souvenirs d’enfance
qui tournent ailleurs maintenant
en ma fin git mon commencement
mon chemin traverse le temps
l’horreur aussi parfois rend le cœur aride
j’envie ta survie
& tourne tourne dans le vent
le chant désespérant
d’un hiver sans printemps
& tournent tournent dans le vent les souvenirs d’enfance
qui tournent ailleurs maintenant (bis)
suis la flèche
dis-moi ce que tu vois
je crois que les gardiens changent de voie suis la flèche
dis-moi si t’aperçois
les chasseurs d’illusions sur les toits dans le ciel
comme un ouragan
l’air prend la couleur d’un voile sanglant en sommeil
depuis dix mille ans
on entend gronder d’anciens volcans
dis-moi comment
sortir des écrans
s’enfuir du présent
changer d’océans
dis-moi comment écrire en chantant
la fin du roman
heureux dans l’instant
dis-moi…
suis la flèche
dis-moi si tu sens
la cruelle odeur des innocents
suis la flèche
dis-moi si t’entends
les sœurs fatales & leurs boniments
dis-moi comment
sortir des écrans
s’enfuir du présent
changer d’océans
dis-moi comment
écrire en chantant
la fin du roman
heureux dans l’instant
suis la flèche
dis-moi ce que tu vois
je crois que les gardiens changent de croix
suis la flèche
dis-moi si t’aperçois
là-bas au loin les jongleurs sans lois
dis-moi comment
sortir des écrans
s’enfuir du présent
changer d’océans
dis-moi comment
écrire en chantant
la fin du roman
heureux dans l’instant
parfois dans les lueurs des nuits blanches & hostiles
lorsque j’entends gémir les moisissures du temps
& qu’à travers mes tristes pensées se faufile
le jeu des fantaisies de mes féeries d’enfant
je trace sur le vélin gris de mes insomnies
des esquisses enflammées où des figures folles
défilent & font des feux au fond de l’infini
& de joyeux bûchers pour brûler nos idoles
au matin la lumière joue avec les vitraux
où j’ai peint mes délires aux accents ingénus
avec un clair-obscur sous mes coups de pinceau
& des visages austères qui ne reviendront plus
alors dans l’angle mort de mes saisons futures
je te laisse en partant mon sourire le plus doux
mes larmes les plus tendres & mes tendres murmures
juste le temps d’apprendre à redevenir fou
dans la zone onirique où je gare ma planète
un vieux cadran fossile mesure le temps perdu
& je vois des mutants pendus à la sonnette
de ce que je croyais un domicile connu
alors sous mes tatouages aux slogans indigo
qui me donnent des allures de vieux boxeur mafieux
de vieux Mickey Cohen remis de ses K.O.
je t’envoie mes sonnets d’écolier besogneux
au matin la lumière joue avec les vitraux
où j’ai peint mes délires aux accents ingénus
avec un clair-obscur sous mes coups de pinceau
& des visages austères qui ne reviendront plus
alors dans l’angle mort de mes saisons futures
je te laisse en partant mon sourire le plus doux
mes larmes les plus tendres & mes tendres murmures
juste le temps d’apprendre à redevenir fou
chercher l’amour
dans un champ miné
ils te voient
seul & sans voix
dans l’immensité
d’un ciel brisé
si tu veux
tu peux
entrer dans leur
mais ça suppose
prendre la pose
avec eux
si tu veux
tu peux
entrer dans leur JEU
mais ça suppose
d’être quand même un peu
comme eux
chercher l’amour
sous une pluie d’été
sur la lande
leur sarabande
t’invite à danser
à rêver
chercher l’amour
sous une pluie d’été
sur la lande
leur sarabande
t’invite à danser
à rêver
chercher l’amour
sous une pluie d’été
dans les airs
l’atmosphère
se perd en éclairs
tamisés
si tu veux
tu peux
entrer dans leur jeu
leurs trombones
claironnent
carillonnent
si tu veux
tu peux
leur musique est un jeu m
ais ça suppose
d’être quand même un peu comme eux
(…/…)
si tu veux
tu peux
entrer dans leur jeu
mais ça suppose
prendre la pose avec eux
si tu veux
tu peux
leur survie est un jeu
mais ça suppose
d’être quand même un peu
comme eux
si tu veux
tu peux
entrer dans leur jeu
mais ça suppose
d’être quand même un peu comme eux (bis)
L’araignée mortifère joue avec les délices
De mes vices qui sévissent au bord des précipices
Cœur monstrueux qui traîne mon âme en bandoulière
Sur un furieux passeport de méduses en croisières
Le vieux passeur gitan au large de minuit
Me fait franchir des villes au cœur sombre & meurtri
D’où je sens à travers mes harmonies brumeuses
La matière délétère, glaciale et vaporeuse
J’entends des voix étranges débordant d’indécence
& je vois des passants pliés sur l’arrogance
Des cerveaux plastifiés sur des statues toltèques
Et des anges enchaînes violés par des évêques
Ô Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas du mal
Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas
Ô Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas du mal
Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas
Une fatigue noire envahit mes paupières
& fait trembler l’azur de mes visions guerrières
Orages oranges et rouges, magnificence obscène
& turbulence ouvertes aux nuées et souterraines
Hiéroglyphe qui se troublent, écriture entravée
Pensées incontrôlables informations figées
Saintes images engluées dans la morve d’un dieu
Fétide prisonnier d’un futur mis à feu
Piégé dans la gelée ambrée de mon passé
Mon esprit fracturé semble s’illuminer
Je vois des peintures fraîches au fond des catacombes
Et des Nagasaki satori sur ma tombe
Ô Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas du mal
Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas
Ô Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas du mal
Seigneur fou des bacchanales
Ne me délivrez pas
Les cerbères de mon âme digèrent mal mes pensées
Quand je brise la structure de ma réalité
Cartographie mentale tracée pas des vampires
Aux immortelles passions sur mes éclats de rire
& c’est une autre longue nuit qui commence
Exilé dans l’odeur du couloir de ce vieil hôtel
Où les esprits anciens scellés aux murs de leur absence
Veillent sur les aiguillages des courant d’air intemporels
& me voilà jouant sous la pleine lune à Reykjavík
Dans une parade étrange d’allégorie sans voix
Les bars sont silencieux et les capteurs fantômes l’indiquеnt
Pas d’autre alternative pas d’autrе issue pas d’autre voie
& je suis là je me demande en regardant les heures
Si je dois bien attendre ici ou repartir ailleurs
& je suis là je me demande en regardant les heures
Si je dois bien attendre ici ou repartir ailleurs
Les enfants joyeux passent avec des Sundae caramel
Parmi ces rues vitrines où nos reflets cachent un mirage
Où des spectres obsolètes revisités par Beau Brummell
Défilent dans un paraître inutile morne et sans visage
Les hauts talons des femmes résonnent dans ma tête
Les hauts-parleurs distillent des invitations pour une fête
Mais perdu dans ces rues bercées de noires complaintes
Je me vois enfermé dans l’œil glacé d’un labyrinthe
& je suis là je me demande en regardant les heures
Si je dois bien attendre ici ou repartir ailleurs
& je suis là je me demande en regardant les heures
Si je dois bien attendre ici ou repartir ailleurs
& c’est une longue longue nuit qui commence
Toujours plongé plus bas dans le vertige de nos passions
Jusqu’à ce que l’élastique tendu au bout de la romance
Nous change en marionnette ou en petit soldat de plomb
Dans la nuit le brouillard
Les dangers du hasard
L’heure qu’il est on sait pas
On se perd dans nos pas
Mais t’es qui toi
Oui t’es qui
Réveille moi
J’entends des cris j’entends des voix
Réveille moi
Dans la nuit des bâtards
Des loups des salopards
Ce qu’on fait on sait pas
On se perd dans nos pas
Mais t’es qui toi
Oui t’es qui
Réveille moi
À travers les ornières
Les gouffres et les congères
Le blanchisseur de neigе
Nous lance un sortilège
On est maudit
Pris au piègе
Réveille moi
J’entends des cris j’entends des voix réveille moi
Dans le froid le brouillard
Où s’engluent nos regards
Qui je suis je sais pas
Mais je trouve plus mes pas
Mais t’es qui toi
Toi qui cherche un asile
En marchant sur le fil
De mes réminiscences
Garde bien la distance
Dis moi t’es qui
Dis moi t’es quoi
Toi la folie
Réveille moi
J’entends des cris j’entends des voix réveille moi
Dans la nuit il est tard
On s’annule on s’égare
Où l’on est on sait pas
On se perd dans nos pas
Mais t’es qui toi
Oui t’es qui
Réveille moi
Dans le creux de tes yeux
Le bleu de tes cheveux
Je m’abandonne ailleurs
Dans les goûts des couleurs
Est-ce que je ne suis qu’une erreur
Réveille moi
J’entends des cris j’entends des voix réveille moi
Dans le froid le brouillard
Où s’engluent nos regards
Qui je suis je sais pas
Mais je trouve plus mes pas
Mais t’es qui toi
Toi qui cherche un asile
En marchant sur le fil
De mes réminiscences
Garde bien la distance
Dis moi t’es qui
Dis moi t’es quoi
Toi la folie
Réveille moi
Quelque part dans la brume un voyant solitaire
S’éloigne & disparaît sous les traits d’un enfant
& son langage abstrait étoilé de mystère
Nous dévoile un futur prophétique alarmant
Sous les bulles de rosée & les vagues incertaines
Qui brillent dans nos regards lointains de naufragés
On entend le murmure effrayant des sirènes
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
On redevient toujours l’ombre qui sonne le glas
Le trou noir qui dévore son étoile еn faillite
On redeviеnt toujours l’ombre dans le magma
Qui souffle d’effarants degrés Fahrenheit
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
Le nom des prédatrices nous remonte en mémoire
À travers l’alphabet les souvenirs malsains
Quand les amants perdus s’inventent un purgatoire
& mendient l’assistance des esprits souterrains
Dais loin des muses obscènes aux sourire cannibale
Des érinnyes toxiques dont on a fait sécher
Le venin qui sert d’encre au tampon pour leur bal
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
On redevient toujours l’ombre qui sonne le glas
Du trou noir qui dévore son étoile en faillite
On redevient toujours l’ombre dans le magma
Qui souffle d’effarants degrés Fahrenheit
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
Après les ovations du dimanche des rameaux
Le dieu mourant revient pour son vendredi saint
À l’heure où les putains, les traîtres & les bourreaux
Se rassemblent & défilent devant le sanhédrin
L’heure où l’on voit tourner les démons de nos veilles
Sur l’éternel manège ou sombrent nos pensées
& Quel que soit le sens des astres dans le ciel
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
On redevient toujours l’ombre qui sonne le glas
Du trou noir qui dévore son étoile en faillite
On redevient toujours l’ombre dans le magma
Qui souffle d’effarants degrés Fahrenheit
On redevient l’idiot qu’on a toujours été
Dans l’alchimie des villes éclaboussées de sève
On voit des molécules qui cherchent l’horizon
Des archets de violons qui se transforment en glaives
& des chants inutiles sur de vaines partitions
Nos corps sont des accords sur des ruines en puissance
La musique c’est la mort qui s’invite dans la danse
& les mots sont des trous sanglants dans le silence
Combien de jours encore à regarder le ciel
À fixer les écrans foudroyants de nos rêves
À sentir le satin caresser mes voyelles
Auprès de muses en rade sur des refrains en grève
Combien de jours encore à contempler l’automne
À surveiller l’orage dans le cri des guetteurs
À pleurer dans les bras de ceux qui abandonnent
Qui s’envolent à jamais vers un nouvel ailleurs
Combien de jours encore à regarder l’horloge
À regarder passer l’infini dans ma loge
Combien de jours encore à subir les quidams
Qui grimpe sur l’étable en scalpant les étoiles
À vibrer en solo sous les pétales en flamme
Des crépuscules marins déchirés sous nos voiles
Combien de jours encore à narguer l’horizon
À taguer nos passés d’atomes en transhumance
À fabriquer des flingues dans du mauvais savon
Pour s’enfuir des miroirs cafardeux de l’enfance
Combien de jours encore à regarder l’horloge
À regarder passer l’infini dans ma loge
Combien de jours encore au milieu des tempêtes
Devrons-nous piétiner au fond des corridors
Avec nos voix blasées et nos cœurs qui s’entêtent
Et cette odeur de fièvre aux abords de nos corps
Combien de jours encore et combien de tunnels
Avant de chevaucher les années sans lumière
Avant d’effeuiller l’ombre et le vide éternel
Délivré à jamais du poids de l’univers
Combien de jours encore à regarder l’horloge
Encore
À regarder passer l’infini dans ma loge
Encore
Combien de jours encore à regarder l’horloge
À regarder passer l’infini dans ma loge
combien de jours encore… (bis)
Elle danse en plein cœur de l’été
Près du vieux bus abandonné
Elle danse sur l’herbe desséchée
Elle danse sur ses amours blessés
Sur ses vieux rêves inachevés
Elle danse pour ne plus pardonner
Elle danse à travers la lumière
Les yeux brûlants de mille éclairs
Elle danse comme on danse en enfer
Elle danse
Elle danse
Elle danse sur des ombres effacées
Sur des adresses oblitérées
Elle danse sur des noms périmés
Elle danse
Elle danse sur sa mémoire troublée
Sur ses souvenirs dévastés
Elle danse pour ne plus oublier
Elle danse
Elle danse en attendant l’hiver
Les heures de glace à fleur de pierre
Elle danse comme on danse en enfer
Elle danse
Elle danse
Elle danse
22 mai 1968
3 heures de l’après-midi
le printemps qui refleurit
fait transpirer le macadam
sur l’autoroute de l’ouest
un séminariste à moto
j’ai bien dit à moto
roule à toute allure vers un point non défini
sur le porte-bagages
le saint-esprit qui jusque-là
était resté bien sagement assis
se coince soudain l’aile gauche
dans les rayons de la roue arrière :
ah ! ah ! ah ! (3 fois)
le séminariste perd le contrôle de sa motocyclette
& vient percuter de plein fouet
un pylône garé en stationnement illicite
sur le bas-côté de l’autoroute
à ce même moment un chinois de hambourg
déguisé en touriste américain
au volant d’un cabriolet de 22 chevaux
immatriculé en espagne
se dit qu’il lui faut porter secours à ce séminariste
mais bientôt cette idée lui paraît ridicule
étant donné :
petit a : qu’il ne roule pas sur la même autoroute
petit b : qu’il n’est pas au courant de cet accident
& ce fut sans doute l’événement le plus important de ce mois de mai !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
tu vides des packs de mauvaise bière
bercé par france télévision
qui t’offre ses documentaires
sur les stations d’épuration
même l’été sous la canicule
t’as froid dans ton thermolactyl
& tu pleures au milieu des bulles
de ton sushi rayé des îles
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
t’as pas appris dans ton enfance
l’amour, la joie ni le bonheur
t’as juste étudié l’arrogance
dans l’angoisse, la honte & la peur
ton fax fixe un démon qui passe
à l’heure où tout devient trop clair
où tu contemples dans ta glace
une certaine idée de l’enfer
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’un jour chez norauto
tu verras ta reine arriver
au volant de la stéréo
d’un tuning-car customisé
mais l’amour s’use à la lumière
& les louttes sont toutes un peu louffes
elles te feront jouer du somnifère
dans un H.P. avec les oufs
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’en smurfant sur ta folie
tu deviendras l’idole des bas-fonds
à qui le branleux tout-paris
fera sa standing ovation
mais d’applauses en salamalecs
de backstages en mondanités
la réussite est un échec
pour celui qui veut plus danser
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
cimetière de charleville, cimetière d’auvers-sur-oise
mon âme funérailleuse me fusille le cerveau
il est fini le temps des laudanums-framboises
& le temps des visites au corbeau d’allan poe
voici la voile noire du navire de thésée
qui me déchire les yeux au large de sounion
où un stupide anglais prétentieux a gravé
comme un vulgaire touriste le nom de lord byron
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
ne m’attends pas ce soir car la nuit sera noire
& blanche, illuminée, rue de la vieille lanterne
où nerval a pendu son linge & sa mémoire
sous le regard des dieux au bout d’un drap en berne
je rêve de transparence & d’épouvantes mystiques
le long de la frontière qui jouxte l’inconnu
en traînant mon cadavre & mon vide pathétique
& ma douleur femelle sur mon dos de bossu
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
baudelaire est mort hier à 11 heures du matin
en zoomant d’apaisantes nuées crépusculaires
fatigué d’un été qui le rongeait sans fin
& de l’hargneuse odeur des furies sanitaires
moi je pars pour dublin sur un nuiteux cargo
qui traverse le temps perdu de la sagesse
& rejoins le bateau ivre d’arthur rimbaud
dans le flux des bateaux tankers d’arthur guiness
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
dans la clarté morne & glaciale
d’un ténébreux soleil d’hiver
tu te blottis comme un animal
sous les tôles rouillées d’une chrysler
entre une laverie automatique
en train de cramer & un bunker
y’a plus grand-chose de magnétique
sur la bande son de ton flipper…
les gens tristement quotidiens
dans leur normalité baveuse
traînent leur futur d’euro-pingouins
au bout de leurs graisses albumineuses
& toi tu n’sais plus où aller
de cul-de-sac en voie sans issue
t’as juste appris à éviter
les snipers & les tirs d’obus
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
sous les regards torves & nighteux
des cyborgs aux circuits moisis
les cerveaux devenus poreux
s’en retournent à la barbarie
& tu traînes tes tendres années
d’incertitude & d’impuissance
parfois tu rêves de t’envoler
de mourir par inadvertance
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
dans les dédales vertigineux
& séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poisseux
plein de formules d’algèbre noire
à quoi peut ressembler ton spleen
ton désespoir & ton chagrin
vus d’une des étoiles anonymes
de la constellation du chien ?
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
avec nos bidons en fer blanc
on descendait chercher le lait
à la ferme au soleil couchant
dans l’odeur des soirs de juillet
on avait l’âge des confitures
des billes & des îles aux trésors
& l’on allait cueillir les mûres
en bas dans la ruelle des morts
on nous disait que barberousse
avait ici sa garnison
& que dans ce coin de cambrousse
il avait vaincu des dragons
on avait l’âge de nos fêlures
& l’on était conquistadors
on déterrait casques & fémurs
en bas dans la ruelle des morts
on arrosait toutes nos victoires
à grands coups de verre de kéfir
ivres de joie & sans le savoir
on reprenait mers el-kébir
puis c’était nos chars en dinky
contre les tigres-doryphores
qui libéraient la french county
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les printemps
à l’heure des sorties de l’école
quand les filles nous jouent leurs 16 ans
pour une bouiffe de royale menthol
je ne sais plus si c’était françoise
martine, claudine ou marie-laure
qui nous faisaient goûter leurs framboises
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les automnes
quand sonne l’heure de nos folies
j’ai comme un bourdon qui résonne
au clocher de ma nostalgie
les enfants cueillent des immortelles
des chrysanthèmes, des boutons d’or
les deuils se ramassent à la pelle
en bas dans la ruelle des morts
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
ce matin le marchand de coco n’est pas passé & au lieu de se rendre à l’école tous les vieillards se sont amusés à casser des huîtres sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus… sur ma porte j’ai marqué : absent pour la journée ! dehors il fait mauvais, il pleut des chats & des chiens… les cinémas sont fermés, c’est la grève des clowns… alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires… puis je décroche le téléphone & je regarde les postières par le trou de l’écouteur
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, 51, 62, 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine) ! en sautant de mon lit j’ai compté les morceaux… c’est alors que j’ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en te faisant l’amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
naufragé virtuose
d’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
ton premier cri réveille
de son écho brisé
l’ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
& nos regards préludent
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on se méfie du bonheur
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
oh ! my son of the wind
my little wunderkind
oh ! mon septembre rose
d’amour-apothéose
baby boy…
passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d’automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d’homme
éclaboussée de femme
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
(Du Livre De L’écclésiaste)
& les roses de l’été
sont souvent aussi noires
que les charmes exhalés
dans nos trous de mémoire
les vaccins de la vie
sur les bleus de nos cœurs
ont la mélancolie
des sols bémols mineurs
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
quelques froides statues
aux pieds des sycomores
rappellent un jamais plus
avec le nom des morts
un oiseau de chagrin
dans le ciel assombri
chante un nouveau matin
sur des ruines en bosnie
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
je visionne les miroirs
de ces vies déchirées
maintenant que le soir
ne cesse de tomber
& ma colère qui monte
& ma haine accrochée
au-dessus de ces tombes
où je n’ose pas cracher
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
d’autres salauds cosmiques
s’enivrent à bételgeuse
dans les chants magnétiques
des putains nébuleuses
l’humain peut disparaître
& son monde avec lui
qu’est-ce que la planète terre
dans l’œil d’un rat maudit ?
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
en ce temps-là nos fleurs vendaient leur viande aux chiens
& nous habitions tous de sordides tripots
avec des aiguillages pour nos petits matins
quand le beau macadam nous traitait de salauds
… nous traitait de salauds
nous vivions nos vertiges dans des vibrations folles
& gerbions nos enzymes en nous gueulant : moteur !
mais entre deux voyages, entre deux verres d’alcool
nous n’avions pas le temps de décompter nos heures
… de décompter nos heures
nous étions les danseurs d’un monde à l’agonie
en même temps que fantômes conscients d’être mort-nés
nous étions fossoyeurs d’un monde à l’agonie
en ce temps-là le rien s’appelait quotidien
& nous allions pointer dans les jobs interdits
dans les musiques blêmes, dans les sombres parfums
dans les dédales obscurs où plane la folie
… où plane la folie
& nous avions des gueules à briser les miroirs
à ne montrer nos yeux que dans le contre-jour
mais entre deux délires, entre deux idées noires
nous étions les plus beaux, nous vivions à rebours
… nous vivions à rebours
nous étions les danseurs d’un monde à l’agonie
en même temps que fantômes conscients d’être mort-nés
nous étions fossoyeurs d’un monde à l’agonie
en ce temps-là les gens s’appelaient citoyens
nous, nous étions mutants, nous étions androgynes
aujourd’hui la tempête a lynché mes copains
& je suis le dernier à rater mon suicide
… à rater mon suicide
mais je veux vivre encore plus ivre de cramé
je veux ronger le mal jusque dans ses recoins
j’ai traîné mes vingt siècles d’inutilité
je n’ai plus rien à perdre, mais j’en veux pour ma fin
… j’en veux pour ma faim
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la jambe de rimbaud
de retour à marseille
comme un affreux cargo
chargé d’étrons vermeils
dérive en immondices
à travers les égouts
la beauté fut assise
un soir sur ce genou
horreur harar arthur
& tu l’as injuriée
horreur harar arthur
tu l’as trouvée amère… la beauté ?
une saison en enfer
foudroie l’abyssinie
ô sorcière, ô misère
ô haine, ô guerre voici
le temps des assassins
que tu sponsorisas
en livrant tous tes flingues
au royaume de choa
horreur harar arthur
ô bentley, ô châteaux
horreur harar arthur
quelle âme, arthur… est sans défaut ?
les poètes aujourd’hui
ont la farce plus tranquille
quand ils chantent au profit
des derniers danakil
juste une affaire d’honneur
mouillée de quelques larmes
c’est quand même un des leurs
qui fournissait les armes
horreur harar arthur
t’es vraiment d’outre-tombe
horreur harar arthur
& pas… de commission
horreur harar arthur
& pas de cresson bleu
horreur harar arthur
où la lumière… pleut
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
les joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Natafles joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Natafle jeu
pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
ce sera sans doute le jour de l’immatriculée contraception ou une connerie comme ça… cette année-là exceptionnellement, le 15 août tombera un vendredi 13 & j’apprendrai par radio mongole internationale la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le secteur septentrional de mes hémisphères cérébelleux… là où je mouille mes tankers de lucidité comique les nuits où je descends la dernière avenue du globe en traînant ma tête dans un sac en plastique
un vendredi 13 à 5 heures …/…
ce jour-là je pèterai mon cockpit
dans la barranca del muerto
avec ma terre promise en kit
& ma dysenterie en solo
& les anges de la dernière scène
viendront s’affronter à ma trouille
passeport, visa, contrôle des gènes
& radiographie de ma chtouille
je tomberai comme un numéro
4.21 sur le compteur
nuage glacé à fleur de peau
dans l’étrange ivresse des lenteurs
& pour arroser mon départ
je voudrais que mon corps soit distillé
& qu’on paie à tous les traîne-bars
la der des ders de mes tournées
be still my soul
allez ! couchée mon âme… au pied, tranquille !
be still my soul
tout ira bien… au pied ! couchée… hé, couchée !
je m’écraserai sur oméga
chez les clowns du monde inversé
en suppliant wakan tanka
d’oublier de me réincarner
…/… un vendredi 13 à 5 heures
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
un jour… un jour ou l’autre, je sais que la police viendra chez moi pour une sombre histoire de mœurs ou pour me fournir des yogourts à la myrtille… à moins que ce ne soit plutôt pour l’affaire de cette madame müller… de rage, je jetterai mes chats par la fenêtre du douzième étage, je rentrerai mes gosses dans le ventre de ma femme & je leur dirai :
je ne suis pas le mari de madame müller ! depuis longtemps je ne suis plus son amant ! renseignez-vous… à l’agence des amants de madame müller !
messieurs de la police, je n’suis qu’un pauvre musicien, je joue de la chasse d’eau dans un orchestre de free-jazz… vous êtes un peu barjos mais, je suis un peu naze… mais, qu’est-ce que vous faites ? (bis) vous êtes fous ? (bis) non ! arrêtez ! arrêtez ! ah !… oui c’est moi… monsieur le commissaire, vous savez c’est pas tous les jours facile de vivre en société quand on a un peu d’imagination… monsieur le commissaire, j’ai ma névrose… mais monsieur le commissaire, qui n’a pas sa névrose ?
je ne suis pas le mari de madame müller ! depuis longtemps je ne suis plus son amant ! renseignez-vous… à l’agence des amants de madame müller !
je n’ai absolument aucun alibi, ce soir-là justement j’étais sur un coup… sur un coup foireux… j’étais entré dans un bar-tabac & j’avais demandé un paquet de cigarettes-filtre & trois timbres à 100 balles pour poster des lettres à quelques amis… elle est entrée à ce moment précis, nos regards se sont touchés… intérieurement, j’ai craqué… j’ai craqué… (bis) j’ai collé mes trois timbres à 100 balles sur mon paquet de cigarettes-filtre & j’ai fumé mes lettres !
je ne suis pas le mari de madame müller ! depuis longtemps je ne suis plus son amant ! renseignez-vous… à l’agence des amants de madame müller !
monsieur le président, cette insoupçonnable & somptueuse inconnue était vêtue d’un sweater de couleur pastel & d’un jean taillé dans de la toile d’emballage de la manufacture des armes & cycles de saint-étienne… quand nos regards se sont identifiés… j’ai simplement prononcé ces quelques mots : dis-moi qui tu suis… je te dirai qui je hais ! elle m’a répondu : prends-moi… prends-moi ! (bis) alors je l’ai prise & nos corps se sont mélangés sur le bitume du trottoir devant les yeux déchirés & hagards des badauds…
je ne suis pas le mari de madame müller ! depuis longtemps je ne suis plus son amant ! renseignez-vous… à l’agence des amants de madame müller !
entre ces quatre murs, je ne sais vraiment pas quoi faire pour calmer mon ennui… bien sûr, deux fois par jour un infirmier entre dans ma cellule pour contrôler & poinçonner mon ticket ! mais, pour me passer le temps… je n’ai guère que ce souvenir… que ce souvenir ! ce souvenir !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
tous les deux on pousse nos haillons
dans un igloo à bon marché
sous les toits d’une masure bidon
en compagnie des araignées
toi tu vis ta vie d’alcoolique
entre ces quatre murs lamentables
moi je bricole & je fabrique
des chansons qui sont invendables
twiste & chante, moi je flippe (bis)
on bouffe une fois tous les trois jours
avec des boîtes de cassoulet
qu’on arrive à paner en douce
dans leurs superbes supermarchés
& quand on est à bout de fric
tu fous le camp chez les émigrés
leur faire découvrir l’amérique
dans des passes non déclarées
twiste & chante, moi je flippe (bis)
& quand je m’en vais prendre l’air
du côté des femmes faciles
tu te jettes sur la bouteille d’éther
pour ton vol plané à 2000
on ne s’aime plus d’amour & d’eau fraîche
la vue de l’eau te fait hurler
& notre amour à coups de dèche
s’est peu à peu désintégré
twiste & chante, moi je flippe (bis)
on vit comme ça par habitude
& surtout parce que c’est pratique
de pallier la solitude
en buvant à la même barrique
ça peut durer jusqu’à toujours
à moins que l’on ait le courage
de se dire merde un beau jour
& de mettre fin au naufrage
twiste & chante, moi je flippe (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
& la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades & ces rues
réservés au pingouins
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué…
les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
& nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée …
d’ivresse en arrogance
je reste & je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais je devrais me cacher
& parler à personne
& ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
attention, attention !
la concierge se trouve actuellement dans l’escalier mais comme elle ne le sait pas vous êtes priés de ne pas la déranger
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
en provenance de babylone
les quais seront encombrés de pendus
laissant claquer leurs mâchoires dans le vent
en guise de discours de bienvenue (bis)
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
en provenance de babylone
je ne connaîtrai rien de tes habitudes
il se peut même que tu sois décédée
mais j’demanderai ta main pour la couper (bis)
attention, attention !
sur le palier numéro 2 l’ascenseur de 22h43 en provenance de babylone est annoncé… veuillez dégager le vide-ordure s’il vous plaît & ne pas laisser les enfants s’amuser avec les fils à haute tension
tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir…
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
& je viendrai relever le compteur de ton ennui
il te faudra sans doute changer de tête
& puis brancher ton cerveau sur ton cœur
rien ne sera plus jamais comme avant (bis)
tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir…
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
& je viendrai relever le compteur de ton ennui
il te faudra sans doute changer de tête
& puis brancher ton cerveau sur ton cœur
rien ne sera plus jamais comme avant (bis)
attention, attention !
le surveillant général vient de sortir de son laboratoire & en refermant sa braguette il a dit aux oiseaux qui piaillaient dans la cour de récréation : hep vous là-bas ! si ça continue faudra que ça cesse… agagagaga !
attention, attention !
désormais vous êtes invités à laisser l’état dans les WC où vous l’avez trouvé en entrant… & puis surtout, n’oubliez pas de me faire envoyer la liste des erreurs constatées au F 756 du 72 03 10
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
y’a ta mère qui m’attend avec une mitrailleuse
je ne peux plus m’enfuir les WC sont bouchés
j’aurais encore aimé franchir ta nébuleuse
mais ton corps est cousu de fils blancs barbelés
oh bébé ! dépêche-toi d’te rhabiller
bébé ! toute ta famille est speedée
bébé ! fais gaffe aux retombées
ça va cartonner ! (bis)
y’a ton beauf qu’est revenu dans sa tenue léopard
avec tous ses copains armés jusqu’au nombril
on voit qu’ils sont heureux de ressortir leurs pétards
ça doit leur rappeler le bon temps de l’algérie
oh bébé ! dépêche-toi d’te rhabiller
bébé ! toute ta famille est speedée
bébé ! fais gaffe aux retombées
ça va cartonner ! (bis)
maintenant voilà ton père déguisé en indien
avec une plume dans le fion & ses cartes d’indochine
s’il veut refaire sur moi ce qu’il a fait au tonkin
bientôt je ne serai plus qu’une vieille tache d’hémoglobine
oh bébé ! dépêche-toi d’te rhabiller
bébé ! toute ta famille est speedée
bébé ! fais gaffe aux retombées
ça va cartonner ! (bis)
déjà tous tes voisins entonnent le te deum
ne tire pas la chasse d’eau on va se faire repérer
passe moi plutôt le bickford qu’est planqué dans ton chewing-gum
& maintenant tiens-toi bien on va tout faire sauter
oh bébé ! dépêche-toi d’te rhabiller
bébé ! toute ta famille est speedée
bébé ! fais gaffe aux retombées
ça va cartonner ! (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
hé, y’a quelqu’un ?
oh, y’a quelqu’un ?
c’est moi borniol
& je viens livrer le cercueil
si vous m’payez un coup d’alcool
ben moi j’vous fais les clous à l’œil
ouais, c’est moi borniol
service rapide & je contente
même la veuve du guignol
vu qu’je fais le service après-vente
les temps sont durs, c’est pas mariole
vivement que revienne le choléra
je pourrai changer de chignole
& me payer le cinéma
& si le choléra marche bien
je pourrai faire des folies
j’agrandirai mon magasin
& je prendrai des apprentis
je serai la maison borniol
le supermarché de la mort
cercueils à fleurs pour les pauvres mômes
& à roulettes pour les vieillards
je serai la maison borniol… borniol… borniol
maison borniol (bis)
bières, cercueils, catafalques
maison borniol (bis)
demandez notre catalogue automne/hiver
maison borniol (bis)
15 % de réduction sur suicide collectif
maison borniol (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
coupable !… coupable !
je me sens coupable d’avoir assassiné mon double dans le ventre de ma mère & de l’avoir mangé
je me sens coupable d’avoir attenté à mon entité vitale en ayant tenté de me pendre avec mon cordon ombilical
je me sens coupable d’avoir offensé & souillé la lumière du jour en essayant de me débarrasser du liquide amniotique qui recouvrait mes yeux la première fois où j’ai voulu voir où j’en étais
je me sens coupable d’avoir méprisé tous ces petits barbares débiles, insensibles, insipides & minables qui couraient en culotte courte derrière un ballon dans les cours de récréation
& je me sens coupable d’avoir continué à les mépriser beaucoup plus tard encore alors qu’ils étaient déjà devenus des banquiers, des juges, des dealers, des épiciers, des fonctionnaires, des proxénètes, des évêques ou des chimpanzés névropathes
je me sens coupable des lambeaux de leur âme déchirée par la honte & par les ricanements cyniques & confus de mes cellules nerveuses
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable d’avoir été dans une vie antérieure l’une de ces charmantes petites créatures que l’on rencontre au fond des bouteilles de mescal & d’en ressentir à tout jamais un sentiment mélancolique de paradis perdu
je me sens coupable d’être tombé d’un tabouret de bar dans un palace pour vieilles dames déguisées en rockstar, après avoir éclusé sept bouteilles de dom pé 67 dans le seul but d’obtenir des notes de frais à déduire de mes impôts
je me sens coupable d’avoir arrêté de picoler alors qu’il y a des milliers d’envapés qui continuent chaque année à souffrir d’une cirrhose ou d’un cancer du foie ou des conséquences d’accidents provoqués par l’alcool
de même que je me sens coupable d’avoir arrêté de fumer alors qu’il y a des milliers d’embrumés qui continuent chaque année à souffrir pour les mêmes raisons, à décalquer sur les poumons en suivant les pointillés
& je me sens aussi coupable d’être tombé de cénobite en anachorète & d’avoir arrêté de partouzer alors qu’il y a des milliers d’obsédés qui continuent chaque année à souffrir d’un claquage de la bite, d’un durillon du clitoris, d’un anthrax max aux roubignolles, d’une overdose de chagatte folle, d’un lent pourrissement scrofuleux du scrotum & du gland, de gono, de blenno, de tréponem, de chancres mous, d’HIV ou de salpingite
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable d’être né français, de parents français, d’arrière arrière etc… grands-parents français, dans un pays où les indigènes pendant l’occupation allemande écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation que les nazis les plus compétents & les mieux expérimentés en matière de cruauté & de crimes contre l’humanité en furent stupéfaits & même un peu jaloux
je me sens coupable de pouvoir affirmer qu’aujourd’hui ce genre de pratique de délation typiquement française est toujours en usage & je prends à témoin certains policiers compatissants, certains douaniers écœurés, certains fonctionnaires de certaines administrations particulièrement troublés & choqués par ce genre de pratique
je me sens coupable d’imaginer la tête laborieuse de certains de mes voisins, de certains de mes proches, de certaines de mes connaissances, de certains petits vieillards crapuleux, baveux, bavards, envieux & dérisoires, appliqués à écrire consciencieusement ce genre de chef d’œuvre de l’anonymat
je me sens coupable d’avoir une gueule à être dénoncé !
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable de garder mes lunettes noires de vagabond solitaire alors que la majorité de mes très chers compatriotes ont choisi de remettre leurs vieilles lunettes roses à travers lesquelles on peut voir les pitreries masturbatoires de la sociale en train de chanter : c’est la turlute finale !
je me sens coupable de remettre de jour en jour l’idée de me retirer chez mes Nibelungen intimes & privés dans la partie la plus sombre de mon inconscient afin de m’y repaître de ma haine contre la race humaine & même contre certaines espèces animales particulièrement sordides, serviles & domestiques que sont les chiens, les chats, les chevaux, les chèvres, les tamagoshis & les poissons rouges
je me sens coupable de ne pas être mort le 30 septembre 1955 un peu après 17h40 au volant du spider porsche 550 qui percuta le coupé ford de monsieur donald turnupseed
je me sens coupable d’avoir commencé d’arrêter de respirer alors qu’il y a quelques 6 milliards de joyeux fêtards crapoteux qui continuent de se battre entre eux & de s’accrocher à leur triste petite part de néant cafardeux
je me sens coupable !… coupable ! (bis)
coupable !… coupable !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine, Patrice Marzin & Valentin Cobranera
trafiquant de réminiscences
volées à des foules amnésiques
j’ai longtemps laissé ma conscience
vagabonder sur sa musique
les vents violents venus des villes
m’entraînent au cœur d’un ouragan
& déjà je suis dans la file
qui conduit vers le toboggan (bis)
je me souviens d’étoiles filantes
distordues dans mes galaxies
d’où j’appelais l’horloge parlante
pour avoir de la compagnie
les feux de mes nuits éphémères
tracent un point d’orgue sur mon chant
je n’suis qu’un escroc solitaire
un truand qui blanchit du vent
qui blanchit des mots & du vent
inutile, absurde & tremblant
dans l’ordre d’un destin troublant
j’écoute le souffle de l’instant
& l’accélération du temps
là-bas devant le toboggan (bis)
poursuivi par des vieilles rengaines
des mots d’amour, des mails transis
j’abandonne à la faune urbaine
les garanties de ma survie
les vents violents venus d’ailleurs
soufflent & sifflent en se lamentant
& maintenant devrais-je avoir peur
& fuir devant le toboggan ? (bis)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Christopher Board
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
on s’est aimé dans les maïs
t’en souviens-tu, mon anaïs ?
le ciel était couleur de pomme
& l’on mâchait le même chewing-gum
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
tous les deux on pousse nos haillons
dans un igloo à bon marché
sous les toits d’une masure bidon
en compagnie des araignées
toi tu vis ta vie d’alcoolique
entre ces quatre murs lamentables
moi je bricole & je fabrique
des chansons qui sont invendables
twiste & chante, moi je flippe (bis)
on bouffe une fois tous les trois jours
avec des boîtes de cassoulet
qu’on arrive à paner en douce
dans leurs superbes supermarchés
& quand on est à bout de fric
tu fous le camp chez les émigrés
leur faire découvrir l’amérique
dans des passes non déclarées
twiste & chante, moi je flippe (bis)
& quand je m’en vais prendre l’air
du côté des femmes faciles
tu te jettes sur la bouteille d’éther
pour ton vol plané à 2000
on ne s’aime plus d’amour & d’eau fraîche
la vue de l’eau te fait hurler
& notre amour à coups de dèche
s’est peu à peu désintégré
twiste & chante, moi je flippe (bis)
on vit comme ça par habitude
& surtout parce que c’est pratique
de pallier la solitude
en buvant à la même barrique
ça peut durer jusqu’à toujours
à moins que l’on ait le courage
de se dire merde un beau jour
& de mettre fin au naufrage
twiste & chante, moi je flippe (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
j’suis la môme kaléidoscope
celle qui faisait son numéro
tous les soirs devant le jukebox
pour les beaux dollars des gogos
j’avais tous les macs à mes pieds
& tous les clients qui lorgnaient
j’étais la reine du pavé
& l’oseille ça dégringolait
mais l’ombre des plaisirs s’enfuit
toujours plus loin vers l’inconnu
on m’a reléguée dans la nuit
au milieu des vieux tas d’invendus
j’suis la môme kaléidoscope
c’est moi qu’je faisais le trottoir d’en face
du temps où j’avais dans le carrosse
une chatte qu’était pas radada
& je carburais du siphon
à détraquer tous les gravos
qui venaient s’faire graisser leur oignon
avant de replonger au boulot
mais la brume est tombée trop vite
en oubliant les chats perdus
on m’a reléguée dans la nuit
au milieu des vieux tas d’invendus
j’suis la môme kaléidoscope
j’avais des robes à 200 sacs
& c’était pas dans le viandox
qu’on pouvait me voir planquer mon trac
j’en ai connu des gigolos
qu’en pinçaient maxi pour mes miches
qui m’offraient la vie de château
& le foie gras dans mes sandwiches
mais les pavots se sont flétris
dans les champs du dernier salut
on m’a reléguée dans la nuit
au milieu des vieux tas d’invendus
j’suis la môme kaléidoscope
j’avais des actions dans le bitume
mais j’taillais même celle du clodo
qu’avait jamais l’ombre d’une thune
j’étais la Sainte Vierge des paumés
la p’tite infirmière des fantômes
je raccommodais les yeux crevés
je rafistolais les chromosomes
mais le passé n’a pas d’amis
quand il vient lécher les statues
on m’a reléguée dans la nuit
au milieu des vieux tas d’invendus
j’suis la môme kaléidoscope
mais j’ai plus de couleur à la peau
les mecs m’ont sucée jusqu’à l’os
sans même me lâcher du magot
j’habite rue des amours lynchées
& je peux voir de mon grabat
d’autres mômes se faire défoncer
pour des clopes & de la coca
tu peux venir là où je suis
l’ennui c’est que je ne suis plus
on m’a reléguée dans la nuit
au milieu des vieux tas d’invendus
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
c’est juste une fille un peu perverse
qui me plante des couteaux dans les fesses
& qui me coince dans les urinoirs
en sortant sa lame de rasoir
c’est juste une fille un peu fritée
qui s’amuse avec ma santé
& qui m’dégoupille les gonades
juste au moment où je prends mon fade
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille un peu rocky
qui grimpe à moto sur mon lit
& qui sort sa chaîne de vélo
en me disant : je t’aime saignant salaud !
c’est juste une fille un peu brutale
qui déchire mes chemises, mes futals
en me disant : fais gaffe baba cool
j’mets mes crampons gare tes bidoules !
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
c’est juste une fille un peu rétro
qui rêve d’être une panzerfrau
& qui me déguise en nymphomane
pour que j’me tape son doberman
c’est juste une fille un peu olé
qui s’coupe les nibards pour frimer
mais c’est si bon de jouer son jeu
quand elle décroche le nerf de bœuf
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
ah ! vas-y mimine fais-moi la cour
frite-moi la gueule ô mon amour !
vas-y déchaîne-toi sur mon corps
vas-y mimine fais-moi la mort
fais-moi la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les enfants de napoléon
dans leurs mains tiennent leurs roustons
s’ils ont compris tous les clichés
ça fera de la bidoche pour l’armée
les partouzeurs de miss métro
patrouillent au fond des souterrains
mais ils rêvent d’être en hélico
à se faire du nèg’ & du youpin
les vopos gravent leurs initiales
dans le brouillard des no man’s land
& les démasqueurs de scandales
prennent le goulag pour disneyland
les gringos sortent un vieux crooner
pour le western du silence
demain au bürgerbräukeller
je lèguerai mon âme à la science
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
les petites filles de mahomet
mouillent aux anticoagulants
depuis qu’un méchant grosminet
joue au flip avec leur coran
les dieux changent le beurre en vaseline
& les prophètes jouent dracula
s’il vous reste un fond de margarine
j’en aurai besoin pour ma coda
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
tu traînes ta queue dans la chaux vive
& t’hésites à choisir ton camp
t’as des aminches à tel aviv
& des amours à téhéran
si tu veux jouer les maquisards
va jouer plus loin j’ai ma blenno
tu trouveras toujours d’autres fêtards
c’est si facile d’être un héros
mais moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
retour aux joints & à la bière
désertion du rayon képis
j’ai rien contre vos partenaires
mais rien contre vos p’tites sœurs ennemies
manipulez-vous dans la haine
& dépecez-vous dans la joie
le crapaud qui gueulait : je t’aime !
a fini planté sur une croix
& moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
non moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
à m’en faire crever !
arsenic is good for you (ad lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
il pleut des nénuphars en face
des miroirs où glissait ton corps
mais tout s’efface laissant la place
à ce larsen qui te distord
tu glisses ta carte perforée
dans ce flipper où tu t’enfuis
& tu fais semblant de rocker
pour faire croire que tu es en vie
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
tu t’en retournes à tes banlieues
dans ce couloir où tu te grimes
te maquillant le bout des yeux
d’un nouveau regard anonyme
le futur te sniffe à rebours
te plantant sur un look rétro
te reste-t-il assez d’amour
pour prendre ton dernier mélo ?
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
les chiens t’attendent au bout du quai
avec des plumes & du goudron
ils vendent des orgasmes en sachets
mais font la gerbe en location
tu pensais franchir le miroir
sans avoir à changer de gueule
tu craches le sang dans ta baignoire
& tu t’essuies dans un linceul…
la nuit te glace au fond d’un train
où tu croyais trouver l’oubli
voyageur des petits matins
tu rentres de tes insomnies
tu rayes les mentions inutiles
au bas de ton carnet d’absence
& tu t’accroches au bout du fil
qui te ramène à ton silence
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
j’écoute siffler le vent à 11 500 mètres
pendant que ma voisine clignote sur mon vumètre
& j’imagine son cri, ses crimes & ses dentelles…
moi qui me croyais gazé v’là que je déconne pour elle !
météo-sex-appeal en matant la dérive
du sèvres-babylone correspondance ninive
& je change à sodome, à gomorrhe j’ouvre un pack
avant de me tirer de ce putain d’eden-park
ne te retourne pas ! (bis)
j’ai ma bombe à étrons & j’ai mes droits de l’homme
& j’ai ma panoplie de pantin déglingué
& j’ai ces voix débiles qui m’gueulent dans l’hygiaphone :
ne vous retournez pas la facture est salée !
ne te retourne pas ! lady… prends tes distances
la terre joue au bingo sa crise d’adolescence (bis)
nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d’autres galaxies
nous rêvons d’ascenseurs au bout d’un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil
ne te retourne pas ! (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
coincé entre deux bidons d’huile
dans ce motel désaffecté
j’prends des notes sur la chute des tuiles
& sur les corps coagulés
‘cause les ramoneurs du racket
m’ont passé à l’attendrisseur
j’ai trois tonnes de trous dans la tête
& un tomahawk sur le cœur
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
j’filais cette môme un peu mariole
qui frimait dans sa studebaker
mais j’ai dû forcer sur la gnôle
au lieu de bosser mon bullworker
j’me suis retrouvé au chaparral
ce rade où rôdent les rattlesnakes
entre de fausses lauren bacall
& des bogart à moitié cake
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
la suite m’a laissé amnésique
j’ai coulé dans mon bathyscaphe
sous des uppercuts olympiques
qui m’défonçaient le sismographe…
j’ai récupéré ma carcasse
dans une piaule de cette taule en ruine
où ça renifle la vieille radasse
qui met du gasoil dans son gin
si un jour je retrouve la mémoire
& deux-trois bières pour ma moquette
je balancerai à la série noire
un truc à faire chialer hammett
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
15 milliards d’années sont passées
depuis cette affaire de big bang
vieux singe au cœur fossilisé
j’ai des rhumatismes à ma gangue
avec mon parachute en torche
& ma gueule de caterpillar
paraît que je viens d’une catastrophe
mais les dieux sont pas très bavards
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
parfois… parfois…
j’ai la nostalgie de la gadoue !
malgré le computeur central
qui veille sur la zoo-clinique
je suis l’animal bluesymental
aux vieux relents d’amour gothique
j’tombe amoureux des éprouvettes
avec lesquelles je dois flirter
pour l’usine de stupre en paillettes
qui garantit mon pédigrée
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
la nuit je fouille les no man’s lands
comme un hibou décérébré
cherchant le message d’un atlante
ou la formule d’un initié
câblé sur x moins zéro
à l’heure des infos galactiques
je mets mon badge « ecce homo »
& j’suis fier d’être un con cosmique
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
parfois… parfois…
j’ai la nostalgie de la gadoue !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
200 000 ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s’entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock
j’ai quelque mauvais don d’acrobatie verbale
surtout les soirs d’hiver quand j’suis black & d’équerre
tel un douanier rousseau du graffiti vocal
j’fais des bulles & des rots en astiquant mes vers
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
j’suis un vieux désespoir de la chanson française
qui fait blinder ses tiags pour marcher quand ça lose
ma langue natale est morte dans ses charentaises
faute d’avoir su swinguer au rythme de son blues
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
mais je veux de la miouze qui braquemarde & qui beugle
avec beethov en sourd, je suis borgne à toulouse
en attendant de chanter en braille chez les aveugles
je sors ma winchester pour mieux cracher mon blues
fin d’autorisation de délirer sans fin
j’dois contrôler le vumètre avant que ça passe au rouge
mes idoles défunctées se saoulent avec mon vin
& traînent leurs feux follets hilares au fond des bouges
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (und so weiter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
naufragé virtuose
d’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
ton premier cri réveille
de son écho brisé
l’ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
& nos regards préludent
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on se méfie du bonheur
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
oh ! my son of the wind
my little wunderkind
oh ! mon septembre rose
d’amour-apothéose
baby boy…
passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d’automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d’homme
éclaboussée de femme
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant que nos sorcières sanitaires & barbues
centrifugent nos clones au fond de leurs cornues
kill the kid
dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir
une craie s’est brisée en écrivant espoir
kill the kid
déjà les mitrailleuses ont regagné leurs nids
seule une mouche bourdonne sur la classe endormie
kill the kid
les guerriers de l’absurde & de l’enfer affrontent
les délices de la mort sous le fer de la honte
kill the kid
beyrouth aéroport ou mozambic city
le sang des tout-petits coule aux surprises-parties
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
quelque épave au regard usé par le délire
poursuit dans sa folie le chant d’un enfant-lyre
kill the kid
& dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
le désir se transforme en essaim de scorpions
kill the kid
petite poupée brisée entre les mains salaces
de l’ordure ordinaire putride & dégueulasse
kill the kid
tu n’es plus que l’otage, la prochaine victime
sur l’autel écœurant de l’horreur anonyme
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant qu’un abraham ivre de sacrifices
offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils
kill the kid
mais l’ovule qui s’accroche au ventre de la femme
a déjà mis son casque & sorti son lance-flamme
kill the kid
attention monde adulte inutile & chagrin
demain les kids en armes, demain les kids enfin
demain les kids
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
& la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades & ces rues
réservés au pingouins
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué…
les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
& nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée …
d’ivresse en arrogance
je reste & je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais je devrais me cacher
& parler à personne
& ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans la clarté morne & glaciale
d’un ténébreux soleil d’hiver
tu te blottis comme un animal
sous les tôles rouillées d’une chrysler
entre une laverie automatique
en train de cramer & un bunker
y’a plus grand-chose de magnétique
sur la bande son de ton flipper…
les gens tristement quotidiens
dans leur normalité baveuse
traînent leur futur d’euro-pingouins
au bout de leurs graisses albumineuses
& toi tu n’sais plus où aller
de cul-de-sac en voie sans issue
t’as juste appris à éviter
les snipers & les tirs d’obus
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
sous les regards torves & nighteux
des cyborgs aux circuits moisis
les cerveaux devenus poreux
s’en retournent à la barbarie
& tu traînes tes tendres années
d’incertitude & d’impuissance
parfois tu rêves de t’envoler
de mourir par inadvertance
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
dans les dédales vertigineux
& séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poisseux
plein de formules d’algèbre noire
à quoi peut ressembler ton spleen
ton désespoir & ton chagrin
vus d’une des étoiles anonymes
de la constellation du chien ?
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
je m’imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante & silencieuse
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! dépouillé
exigeant l’immortalité
& refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
vers l’autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
& le temps s’obscurcit
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans les carnets intimes du messager des runes
l’écriture est en transe & clignote à la une
des mystères, des amants & de leurs infortunes
des adieux …/… (bis)
& des mains maladroites & moites au soir trop chaud
raturent les fantaisies de schuman au piano
les cris des martinets sur les toits de soho
des adieux …/… (bis)
& les noires sentinelles drapées dans leurs guérites
n’ont plus besoin d’antennes-paraboles-satellites
pour capter le chagrin à son extrême limite
des adieux …/… (bis)
après de vagues lueurs, d’ultimes prolongations
on repart à genoux le cœur sous perfusion
au bord de la faillite mentale mais sans passion
des adieux …/… (bis)
déjà le vieux veilleur mélancolique nous guette
annonçant des avis d’orage & de tempête
mais bientôt le silence nous fait mal à la tête
des adieux …/… (bis)
mais on finit toujours par noyer son cafard
dans un taxi-dancing ou dans un topless-bar
on finit toujours sur l’éternel quai de gare
des adieux …/… (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
avec les radars de sa reum surveillant ses draps mauves
& ses frelons d’écume froissée sur ses claviers d’alcôve
avec ses dieux chromés, ses fusibles hallucinogènes
& ses mitrailleurs albinos sur ses zones érogènes
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le placebo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses vieux démons, ses vieux tex avery sumériens
qui hantent les hootnannies de ses métamondes souterrains
avec l’insurrection de ses airbags sur sa poitrine
& ses jukebox hurlant dans le labyrinthe de son spleen
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le distinguo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
abdallah geronimo cohen (ter)
était né d’un croisement sur une vieille banquette citroën
de gwendolyn von strudel hitachi dupond levy tchang
& de zorba johnny strogonof garcia m’golo m’golo lang
tous deux de race humaine de nationalité terrienne (bis)
abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses doc martens à pointes & son tutu fluo
pour le casting de casse-noisette dans sa version techno
avec son casque obligatoire pour ratisser les feuilles
tombées sur son balcon parmi ses disques durs en deuil
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse la libido sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
combattants dans les rues qui puent la trique
la moiteur rance & la mauvaise conscience
gargouilles ricanantes aux vitrines gothiques
dans la noria des brancards en cadence
on n’entend plus crapuler dans le vent
les discours des leaders & des tribuns
tous les mornes aboyeurs de slogans
les sycophantes & les théoriciens
bourgeoises hallucinées dans les poubelles
qu’elles n’auraient jamais dû quitter naguère
89 c’était leur chiffre à elles
maintenant ça change de date partenaires
j’espère que l’on assassinera mozart
& sa zicmu pour noces & matchs de foot
& qu’y aura du beau tag sur ces boulevards
plus spleeneux qu’une seringue après un shoot
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas
eh mec, tu t’acharnes à tirer les stores
pour te cacher de la rue en chaleur
& tu dis du bout de tes dents en or :
dommage que dieu soit plus à la hauteur !
faut être saturé d’un rare espoir
pour danser dans les ruines des limousines
y’a ta BM qui crame sur le trottoir
dis-toi que c’est beau comme un chœur d’orphelines
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
mercenaires de lilith contre miliciens d’ève
dans la fumée des incendies sanglants
la rue s’effondre & le peuple se lève
& j’avoue que ça m’laisse pas indifférent
j’débouche un autre vieux corton-charlemagne
en compagnie de ravissantes callgirls
qui fument joyeuses en dégrafant leurs pagnes
de la sinsémilia dans mon brûle-gueule
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Natafles joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Natafle jeu
cimetière de charleville, cimetière d’auvers-sur-oise
mon âme funérailleuse me fusille le cerveau
il est fini le temps des laudanums-framboises
& le temps des visites au corbeau d’allan poe
voici la voile noire du navire de thésée
qui me déchire les yeux au large de sounion
où un stupide anglais prétentieux a gravé
comme un vulgaire touriste le nom de lord byron
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
ne m’attends pas ce soir car la nuit sera noire
& blanche, illuminée, rue de la vieille lanterne
où nerval a pendu son linge & sa mémoire
sous le regard des dieux au bout d’un drap en berne
je rêve de transparence & d’épouvantes mystiques
le long de la frontière qui jouxte l’inconnu
en traînant mon cadavre & mon vide pathétique
& ma douleur femelle sur mon dos de bossu
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
baudelaire est mort hier à 11 heures du matin
en zoomant d’apaisantes nuées crépusculaires
fatigué d’un été qui le rongeait sans fin
& de l’hargneuse odeur des furies sanitaires
moi je pars pour dublin sur un nuiteux cargo
qui traverse le temps perdu de la sagesse
& rejoins le bateau ivre d’arthur rimbaud
dans le flux des bateaux tankers d’arthur guiness
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
yeah, yeah !
est-ce que tu te souviens ?
on n’était pas des stars
plutôt un peu zonards
juste au bord du rien
nos peines au bord du jour
nos regards de chiens
& tous ces tours
avenue de l’amour (bis)
on était un peu blonds
un peu trop niais sans doute
& nous nous amusions
au jeu de la route
hambourg ou amsterdam
côté quartier dames
& tous ces tours
avenue de l’amour (bis)
tu te souviens
ça jouait lose
tous ces chagrins
& tout ce blues
nous n’étions que des survivants…
nos histoires noires
nos nuits blanches
plantés en plein manque de tout
cherchant le jour
avenue de l’amour
oh ! te laisse pas aller
mon ami
cette fille t’a laissé tomber
viens faire un tour
avenue de l’amour (ter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
avec nos bidons en fer blanc
on descendait chercher le lait
à la ferme au soleil couchant
dans l’odeur des soirs de juillet
on avait l’âge des confitures
des billes & des îles aux trésors
& l’on allait cueillir les mûres
en bas dans la ruelle des morts
on nous disait que barberousse
avait ici sa garnison
& que dans ce coin de cambrousse
il avait vaincu des dragons
on avait l’âge de nos fêlures
& l’on était conquistadors
on déterrait casques & fémurs
en bas dans la ruelle des morts
on arrosait toutes nos victoires
à grands coups de verre de kéfir
ivres de joie & sans le savoir
on reprenait mers el-kébir
puis c’était nos chars en dinky
contre les tigres-doryphores
qui libéraient la french county
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les printemps
à l’heure des sorties de l’école
quand les filles nous jouent leurs 16 ans
pour une bouiffe de royale menthol
je ne sais plus si c’était françoise
martine, claudine ou marie-laure
qui nous faisaient goûter leurs framboises
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les automnes
quand sonne l’heure de nos folies
j’ai comme un bourdon qui résonne
au clocher de ma nostalgie
les enfants cueillent des immortelles
des chrysanthèmes, des boutons d’or
les deuils se ramassent à la pelle
en bas dans la ruelle des morts
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
sous un brouillard d’acier
dans les banlieues d’izmir, de suse ou santa fe
6 milliards de pantins au bout de la lumière
qui se mettent à rêver d’un nouvel univers
& toi tu restes ailleurs dans un buzz immortel
à fabriquer des leurres en fleurs artificielles
pour les mendiants qui prient les dieux & les chimères
les trafiquants d’espoir aux sorties des vestiaires
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
dans un rideau de feu
dans les banlieues d’auckland, de cuzco ou montreux
6 milliards de fantômes qui cherchent la sortie
avec des sonotones & des cannes assorties
mais toi tu viens d’ailleurs, d’une étrange spirale
d’un maelström unique dans la brèche spatiale
avec autour du cou des cordes de piano
& au poignet des clous pour taper le mambo
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
dans son plasma féérique
dans les banlieues d’hanoï, de sfax ou de munich
6 milliards de lépreux qui cherchent leur pitance
dans les rues de l’amour en suivant la cadence
mais toi tu cherches ailleurs les spasmes élémentaires
qui traduisent nos pensées comme on traduit homère
& tu m’apprends les vers d’anna akhmatova
pendant que je te joue cage à l’harmonica
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
ivres de ces vieux ors
dans les banlieues d’angkor, d’oz, d’oulan-bator
6 milliards de paumés levant la tête au ciel
pour y chercher l’erreur dans un vol d’hirondelles
mais toi tu planes ailleurs sur des nuages flous
dans de faux arcs-en-ciel vibrant de sables mous
tu chantes des arias d’espoir universel
pour faire que le soleil se lève sur nos e-mails
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
là-bas sur l’horizon
venant d’héliopolis en jouant hypérion
6 milliards de groupies qui l’attendent hystériques
dans le stade au jour J en brouillant la musique
mais toi tu squattes ailleurs dans un désert de pluie
en attendant les heures plus fraîches de la nuit
& tu me fais danser là-haut sur ta colline
dans ton souffle éthéré de douceurs féminines
je t’aime & je te veux à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je te veux & le soleil se lève
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Ludéal
le temps passe si lentement
& je me sens si fatigué
le silence des morts est violent
quand il m’arrache à mes pensées
je rêve de ces ténèbres froides
électriques & majestueuses
où les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions périlleuses
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
dans cette foire aux âmes brisées
où le vieux drame humain se joue
la folie m’a toujours sauvé
& m’a empêché d’être fou
je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
si partir c’est mourir un peu
j’ai passé ma vie à… partir
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
mes yeux gris reflètent un hiver
qui paralyse les cœurs meurtris
mon regard vient de l’ère glaciaire
mon esprit est une fleur flétrie
je n’ai plus rien à exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveau-nés
sur le marché des morts-vivants
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
je fixe un océan pervers
peuplé de pieuvres & de murènes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d’un happy end
inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
j’ai broyé mon propre horizon
& retourne à mon inconnu
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
déjà je m’avance en bavant
dans les vapeurs d’un vague espoir
l’heure avant l’aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
dans le jardin d’éden désert
les étoiles n’ont plus de discours
& j’hésite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je te salue seigneur du fond de l’inutile
à travers la tendresse de mes cauchemars d’enfant
le calme désespoir de mon bonheur tranquille
& la sérénité de mon joyeux néant
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
pendant que mes ennemis amnistient leurs consciences
que mes anciens amis font tomber leurs sentences
les citoyens frigides tremblent dans leurs cervelles
quand les clochards lucides retournent à leurs poubelles
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
je te salue seigneur du fond de tes abîmes
de tes clochers trompeurs, de tes églises vides
je suis ton cœur blessé, le fruit de ta déprime
je suis ton assassin, je suis ton déicide
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Yan Péchin
je croise des soleils aux ardeurs érotiques
avec des cris perdus sur des sourires de femmes
bercé par les étoiles d’une essence romantique
j’ai trop longtemps cherché mes visions dans les flammes
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
la vitesse de la lune autour de nos orbites
n’arrête pas les sanglots froids de l’humanité
& l’œil désespéré dans son triangle en kit
semble soudain jaloux de nos fiévreux baisers
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
je veux brûler pour toi petite
mais gâche pas mon enfer avec ton paradis
je veux brûler pour toi petite
mais lâche pas tes prières sur mes cris hypocrites
d’aucuns me disent rebelle & d’autres ignifugé
mais mes divagations n’emmerdent plus personne
je caresse mon corbeau en chantant duruflé
& joue pour les voyous virés de la sorbonne
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
des visages incolores, des voyageurs abstraits
des passagers perdus, des émigrants inquiets
qui marchent lentement à travers nos regrets
nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
fantômes aux danses astrales, aux rhapsodiques pleurs
visages camés bleuis graffités par la peur
qui marchent lentement vers l’incinérateur
vers la métallurgie des génies prédateurs
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
brumes noires sur l’occident, murmures de rêves confus
barbares ivres de sang, vampires au cœur fondu
qui marchent lentement au bord des avenues
des mondes agonisants, des déserts corrompus
ça sent la chair fétide, le rat décérébré
le module androïde, le paradoxe usé
le spectre de mutant au cerveau trafiqué
qui marche en militant sur nos crânes irradiés
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
des visages incolores, des voyageurs abstraits
des passagers perdus, des émigrants inquiets
qui marchent lentement à travers nos regrets
nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
peuples gores & peineux aux pensées anomiques
nations mornes & fangeuses, esclaves anachroniques
qui marchent lentement sous l’insulte & la trique
des tribuns revenus de la nuit soviétique
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les forains squattent sur les pavés des villes en fête
où les chiens se déchirent en s’arrachant la tête.
les vagues d’intimité se voilent de brume & d’ombres
avec le bruit du temps qui frappe à la pénombre
féminité pulpeuse et Beauté mystérieuse
dans le reflet des âmes et des pensées houleuses
c’est la noce des nues, la noce des hobos
c’est le train de minuit qui roule au point zéro
MC2 sur racine carrée de 1 moins V2 sur C2
nous rêvons tous un peu de jours plus lumineux
là-bas, sur les terrains, vagues de nos cités
l’avenir se déplace en véhicule blindé
symphonie suburbaine et sombre fulgurance
à l’heure où les sirènes traversent nos silences
il nous restera ça, au moins de romantique
quelques statues brisées sur fond de ruine gothique
et des saints défroqués noyés dans le formol
avec d’étranges trainées rougeâtres aux auréoles
MC2 sur racine carrée de 1 moins V2 sur C2
nous rêvons tous un peu de jours plus lumineux
pas d’émeutes aujourd’hui dans la ville aux yeux vides
juste quelques ados qui s’exercent au suicide
et quelques fols hurlants roulant des quatre feuilles
au terminal central des retours de cercueils
clairvoyance égarée dans les versets d’un drame
où l’on achète le vent, où l’on revend les âmes
où les soleils’ austères des aurores éternelles
s’attaquent aux somnambules qui sortent leurs poubelles
MC2 sur racine carrée de 1 moins V2 sur C2
nous rêvons tous un peu de jours plus lumineux
les machines à écrire s’enflamment sur la neige
les auto-mitrailleuses encerclent les manèges
la roue tourne en saignant sur son axe indécis
entraînant des enfants aux allures de zombis
c’est Goethe à Weimar qui n’a pas vu le temps
futur des Dakotas dans les ténèbres en sang
c’est l’onde de chaleur, dans le désert glacé
qui annonce le retour des printemps meurtriers
MC2 sur racine carrée de 1 moins V2 sur C2
nous rêvons tous un peu de jours plus lumineux
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
la terre est un macdo recouvert de ketchup
où l’homo cannibale fait des gloups & des beurps
où les clowns en treillis font gémir la musique
entre les staccatos des armes automatiques
j’y suis né d’une vidange de carter séminal
dans le garage intime d’une fleur sentimentale
quand j’ai ouvert les yeux la lumière vagabonde
filait à 300 000 kilomètres à la seconde
j’ai failli me tirer mais j’ai fait bof areuh
j’suis qu’un intérimaire dans la continuité de l’espèce & coucou beuh
… coucou beuh !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
une fille dans chaque port & un porc qui sommeille
dans chaque salaud qui rêve d’une crampette au soleil
& les meufs ça couinait juteuses & parfumées
dans le bleu carnaval des printemps cutanés
j’en ai connu des chaudes à la bouche animale
à genoux dans les toilettes ou dans la sciure des stalles
hélas pour mon malheur j’en ai connu des pires
qui voulaient que j’leur cause en mourant d’un soupir
& puis je t’ai connue mais j’vais pas trop charrier
attendu que je suis lâche & que ton flingue est chargé
oh ma sweet yéyéyé ! sweet lady !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
la geisha funéraire s’tape des rassis crémeux
chaque fois que j’raye un jour d’une croix sur mon pieu
pourtant j’contrôle mes viandes, je surveille mes systoles
& me tiens à l’écart des odeurs de formol
mais un jour faut partir & finir aux enchères
entre les gants stériles d’une sœur hospitalière
& je me vois déjà guignol au petit matin
traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens
oh meine kleine mutter mehr licht !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
scandale mélancolique
sentiments discordants
le parme des colchiques
rend le ciel aveuglant
la beauté de l’ennui
dans la nuit qui bourdonne
a la galeuse féerie
des crépuscules d’automne
scandale mélancolique
les morts parlent en dormant
& leurs cris oniriques
traversent nos écrans
vieil écho sibyllin
qui bogue entre deux mails
avec des mots fusains
sous le flou des pastels
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
scandale mélancolique
ivres & gorgées de sang
les démones antiques
jouent avec nos enfants
de vénéneux parfums
en chimériques errances
l’éternel rêve humain
a le charme un peu rance
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
scandale mélancolique
à l’ouest du néant
dans leur marbre gothique
besognées par le temps
les reines immortelles
ont le silence austère
des mères qui nous rappellent
sous leur lingerie de pierre
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Frédéric Lo
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
& les roses de l’été
sont souvent aussi noires
que les charmes exhalés
dans nos trous de mémoire
les vaccins de la vie
sur les bleus de nos cœurs
ont la mélancolie
des sols bémols mineurs
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
quelques froides statues
aux pieds des sycomores
rappellent un jamais plus
avec le nom des morts
un oiseau de chagrin
dans le ciel assombri
chante un nouveau matin
sur des ruines en bosnie
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
je visionne les miroirs
de ces vies déchirées
maintenant que le soir
ne cesse de tomber
& ma colère qui monte
& ma haine accrochée
au-dessus de ces tombes
où je n’ose pas cracher
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
d’autres salauds cosmiques
s’enivrent à bételgeuse
dans les chants magnétiques
des putains nébuleuses
l’humain peut disparaître
& son monde avec lui
qu’est-ce que la planète terre
dans l’œil d’un rat maudit ?
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les enfants de napoléon
dans leurs mains tiennent leurs roustons
s’ils ont compris tous les clichés
ça fera de la bidoche pour l’armée
les partouzeurs de miss métro
patrouillent au fond des souterrains
mais ils rêvent d’être en hélico
à se faire du nèg’ & du youpin
les vopos gravent leurs initiales
dans le brouillard des no man’s land
& les démasqueurs de scandales
prennent le goulag pour disneyland
les gringos sortent un vieux crooner
pour le western du silence
demain au bürgerbräukeller
je lèguerai mon âme à la science
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
les petites filles de mahomet
mouillent aux anticoagulants
depuis qu’un méchant grosminet
joue au flip avec leur coran
les dieux changent le beurre en vaseline
& les prophètes jouent dracula
s’il vous reste un fond de margarine
j’en aurai besoin pour ma coda
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
tu traînes ta queue dans la chaux vive
& t’hésites à choisir ton camp
t’as des aminches à tel aviv
& des amours à téhéran
si tu veux jouer les maquisards
va jouer plus loin j’ai ma blenno
tu trouveras toujours d’autres fêtards
c’est si facile d’être un héros
mais moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
retour aux joints & à la bière
désertion du rayon képis
j’ai rien contre vos partenaires
mais rien contre vos p’tites sœurs ennemies
manipulez-vous dans la haine
& dépecez-vous dans la joie
le crapaud qui gueulait : je t’aime !
a fini planté sur une croix
& moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
non moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
à m’en faire crever !
arsenic is good for you (ad lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
naufragé virtuose
d’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
ton premier cri réveille
de son écho brisé
l’ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
& nos regards préludent
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on se méfie du bonheur
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
oh ! my son of the wind
my little wunderkind
oh ! mon septembre rose
d’amour-apothéose
baby boy…
passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d’automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d’homme
éclaboussée de femme
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Nataf
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
tombé d’un DC 10 fantôme
sur un aéroport désert
j’ai confié mon âme à un gnome
qui jonglait sous un revolver
puis j’ai pris la première tangente
qui conduit vers les cantinas
où la musique se fait bandante
pour la piéta dolorosa
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je serai borracho
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
dans le bus pour cuernavaca
j’révise ma tendresse des volcans
hôtel-casino de la selva
le soleil se perd au ponant
& je picole en compagnie
d’un spectre imbibé de strychnine
welcome señor malcolm lowry
sous la lune caustique & sanguine
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir nous serons borrachos
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
jour des morts à oaxaca
près de la tombe n°7
je promène ma calavera
en procession jusqu’aux toilettes
& dans la douceur des latrines
loin des clameurs de la calle
je respire l’odeur alcaline
des relents d’amour périmé
no se puede vivir sin amor (ter)
chinga de su madre
otro cuba libre
borracho ! como no ?
de retour à ténochtitlan
au parc de chapultepec
les singes me balancent des bananes
sur des slogans de fièvre aztèque
& dans ma tristesse animale
d’indien qu’on soûle & qu’on oublie
je m’écroule devant le terminal
des bus à mexico city
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je suis el borracho
hombre, un perdido de mejico !
borracho ! como no ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
dans les carnets intimes du messager des runes
l’écriture est en transe & clignote à la une
des mystères, des amants & de leurs infortunes
des adieux …/… (bis)
& des mains maladroites & moites au soir trop chaud
raturent les fantaisies de schuman au piano
les cris des martinets sur les toits de soho
des adieux …/… (bis)
& les noires sentinelles drapées dans leurs guérites
n’ont plus besoin d’antennes-paraboles-satellites
pour capter le chagrin à son extrême limite
des adieux …/… (bis)
après de vagues lueurs, d’ultimes prolongations
on repart à genoux le cœur sous perfusion
au bord de la faillite mentale mais sans passion
des adieux …/… (bis)
déjà le vieux veilleur mélancolique nous guette
annonçant des avis d’orage & de tempête
mais bientôt le silence nous fait mal à la tête
des adieux …/… (bis)
mais on finit toujours par noyer son cafard
dans un taxi-dancing ou dans un topless-bar
on finit toujours sur l’éternel quai de gare
des adieux …/… (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
qu’en est-il de ces heures troubles & désabusées ?
où les dieux impuissants fixent la voie lactée
où les diet nazis s’installent au pentagone
où marilyn revêt son treillis d’antigone
on n’en finit jamais d’écrire la même chanson
avec les mêmes discours, les mêmes connotations
on n’en finit jamais de rejouer guignol
chez les torquemada, chez les savonarole
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes?
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
lassé de grimacer sur l’écran des vigiles
je revisite l’enfer de dante & de virgile
je chante des cantiques mécaniques & barbares
à des poupées barbie barbouillées de brouillard
c’est l’heure où les esprits dansent le pogo nuptial
l’heure où les vieux kapos changent ma pile corticale
c’est l’heure où les morts pleurent sous leur dalle de granit
lorsque leur double astral percute un satellite
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
crucifixion avec la vierge & dix-sept saints
fra angelico met des larmes dans mon vin
la piété phagocyte mes prières & mes gammes
quand mes tarots s’enflamment sur la treizième lame
on meurt tous de stupeur & de bonheur tragique
au cœur de nos centrales de rêves analgésiques
on joue les trapézistes de l’antimatière
cherchant des étoiles noires au fond de nos déserts
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes?
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
je dérègle mes sens & j’affûte ma schizo
vous est un autre je & j’aime jouer mélo
anéantissement tranquille & délicieux
dans un décor d’absinthe aux tableaux véroleux
memento, remember, je tremble & me souviens
des moments familiers des labos clandestins
où le vieil alchimiste me répétait tout bas :
si tu veux pas noircir, tu ne blanchiras pas
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
je calcule mes efforts & mesure la distance
qui me reste à blêmir avant ma transhumance
je fais des inventaires dans mon pandémonium
cerveau sous cellophane, cœur dans l’aluminium
j’écoute la nuit danser derrière les persiennes
les grillons résonner dans ma mémoire indienne
& j’attends le zippo du diable pour cramer
la toile d’araignée où mon âme est piégée
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
… qui donc ?
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
tu vides des packs de mauvaise bière
bercé par france télévision
qui t’offre ses documentaires
sur les stations d’épuration
même l’été sous la canicule
t’as froid dans ton thermolactyl
& tu pleures au milieu des bulles
de ton sushi rayé des îles
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
t’as pas appris dans ton enfance
l’amour, la joie ni le bonheur
t’as juste étudié l’arrogance
dans l’angoisse, la honte & la peur
ton fax fixe un démon qui passe
à l’heure où tout devient trop clair
où tu contemples dans ta glace
une certaine idée de l’enfer
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’un jour chez norauto
tu verras ta reine arriver
au volant de la stéréo
d’un tuning-car customisé
mais l’amour s’use à la lumière
& les louttes sont toutes un peu louffes
elles te feront jouer du somnifère
dans un H.P. avec les oufs
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’en smurfant sur ta folie
tu deviendras l’idole des bas-fonds
à qui le branleux tout-paris
fera sa standing ovation
mais d’applauses en salamalecs
de backstages en mondanités
la réussite est un échec
pour celui qui veut plus danser
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce mes yeux dingues & opaques
taillés dans du verre-cathédrale
& rouillés à la fleur de pack
qui perdent leur vision normale ?
ou bien sont-ce ses doux effluves
de petit animal pastel
qui plongent mes rêves dans une étuve
& brûlent mes nerfs aux étincelles ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce les dernières lueurs du jour
au rythme bleu des ambulances
qui libèrent un appel d’amour
dans ma tête rongée de silence ?
ou bien sont-ce ses seins si frêles
sous son zomblou de basketteuse
son sourire de jaguar femelle
dans l’œil de ma débroussailleuse ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce ses nénuphars si doux
ses roses parfums de vieil empire
ou ses lotus à feuilles d’hibou
qui viennent tourmenter mes désirs ?
sont-ce ses oiseaux migrateurs
dans le fouillis de ses cheveux
soleils au chakra de son cœur
qui frappent au clavier de mes vœux ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce les visions de sa fêlure
aux lèvres lilas de son spleen
qui me font hisser la mâture
& gonfler ma voile zinzoline ?
sont-ce ses doigts de chloroforme
sur son petit castor fendu
qui miaule à minuit pour la forme
au rayon des fruits défendus ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
ce matin le marchand de coco n’est pas passé & au lieu de se rendre à l’école tous les vieillards se sont amusés à casser des huîtres sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus… sur ma porte j’ai marqué : absent pour la journée ! dehors il fait mauvais, il pleut des chats & des chiens… les cinémas sont fermés, c’est la grève des clowns… alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires… puis je décroche le téléphone & je regarde les postières par le trou de l’écouteur
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, 51, 62, 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine) ! en sautant de mon lit j’ai compté les morceaux… c’est alors que j’ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en te faisant l’amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
clochard à buzenval-station
ou à rockabilly-picpus
tu cuis ton cœur au bourre-couillon
& l’offre aux filles des abribus
pochtron 24 heures sur 24
joyeux bignole de l’inferno
tu fais tes rallyes de 4×4
dans les égouts de nos cerveaux
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
& tu rigoles des histrions
qui cherchent dans l’opera mundi
le succès-sucette à crampons
qui nous fera goder pour la nuit
pinocchios des arts médaillés
stropias du mérite rock’n’roll
docteurs honoris variété
branlés à blanc par la gloriole
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
trop lessivé pour faire le beau
avec ces pitres besogneux
& l’cœur trop niqué, trop pseudo
pour te prendre encore au sérieux
tu viens rêver sous les glaviots
ricanant putois solitaire
& me faire vibrer de tes rots
& de tes rires crépusculaires
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant que nos sorcières sanitaires & barbues
centrifugent nos clones au fond de leurs cornues
kill the kid
dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir
une craie s’est brisée en écrivant espoir
kill the kid
déjà les mitrailleuses ont regagné leurs nids
seule une mouche bourdonne sur la classe endormie
kill the kid
les guerriers de l’absurde & de l’enfer affrontent
les délices de la mort sous le fer de la honte
kill the kid
beyrouth aéroport ou mozambic city
le sang des tout-petits coule aux surprises-parties
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
quelque épave au regard usé par le délire
poursuit dans sa folie le chant d’un enfant-lyre
kill the kid
& dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
le désir se transforme en essaim de scorpions
kill the kid
petite poupée brisée entre les mains salaces
de l’ordure ordinaire putride & dégueulasse
kill the kid
tu n’es plus que l’otage, la prochaine victime
sur l’autel écœurant de l’horreur anonyme
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant qu’un abraham ivre de sacrifices
offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils
kill the kid
mais l’ovule qui s’accroche au ventre de la femme
a déjà mis son casque & sorti son lance-flamme
kill the kid
attention monde adulte inutile & chagrin
demain les kids en armes, demain les kids enfin
demain les kids
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
attention, attention !
la concierge se trouve actuellement dans l’escalier mais comme elle ne le sait pas vous êtes priés de ne pas la déranger
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
en provenance de babylone
les quais seront encombrés de pendus
laissant claquer leurs mâchoires dans le vent
en guise de discours de bienvenue (bis)
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
en provenance de babylone
je ne connaîtrai rien de tes habitudes
il se peut même que tu sois décédée
mais j’demanderai ta main pour la couper (bis)
attention, attention !
sur le palier numéro 2 l’ascenseur de 22h43 en provenance de babylone est annoncé… veuillez dégager le vide-ordure s’il vous plaît & ne pas laisser les enfants s’amuser avec les fils à haute tension
tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir…
j’arriverai par l’ascenseur de 22h43
& je viendrai relever le compteur de ton ennui
il te faudra sans doute changer de tête
& puis brancher ton cerveau sur ton cœur
rien ne sera plus jamais comme avant (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
on s’est aimé dans les maïs
t’en souviens-tu, mon anaïs ?
le ciel était couleur de pomme
& l’on mâchait le même chewing-gum
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
je m’imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante & silencieuse
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! dépouillé
exigeant l’immortalité
& refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
vers l’autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
& le temps s’obscurcit
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
en ce quinzième dimanche après carnaval
je me souviens d’avoir lu quelque part dans le journal
à moins que ce ne soit dans la bible des gidéons
volée dans un de ces motels à la mords-moi-le-mormon
je me souviens d’avoir lu que le démiurge au chômage
un jour d’ennui avait fabriqué l’homme à son image
lucy n’était pas encore née quant à l’abel du tchad
il n’avait pas encore testé l’usage de ses gonades
le démiurge au chômage
fit l’homme à son image
c’est une histoire d’amour
d’amour, d’amour toujours
dieu est amour (bis)
& jésus change le beurre en vaseline
dieu est in !
cette histoire s’est passée très loin des oxydes de carbone
environ 3 millions d’années avant michael jackson
on peut donc affirmer sans offenser son archevêque
que dieu a la gueule & l’aspect d’un australopithèque
dieu est un drôle de mec
un australopithèque
oui mais on l’aime quand même
dieu est amour toujours
dieu est amour (bis)
& jésus change le beurre en vaseline
dieu est in !
dieu est amour – deus ex machina
dieu est amour – deus ex testa rossa
dieu est amour – deus ex lamborghini
dieu est amour – deus ex maserati
dieu est amour – deus ex aston martin
dieu est amour – deus ex machine
dieu est amour – deus sex machine
dieu est amour – god is sex machine
god gode !… god gode !
dieu est in !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
ce matin le marchand de coco n’est pas passé & au lieu de se rendre à l’école tous les vieillards se sont amusés à casser des huîtres sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus… sur ma porte j’ai marqué : absent pour la journée ! dehors il fait mauvais, il pleut des chats & des chiens… les cinémas sont fermés, c’est la grève des clowns… alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires… puis je décroche le téléphone & je regarde les postières par le trou de l’écouteur
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, 51, 62, 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine) ! en sautant de mon lit j’ai compté les morceaux… c’est alors que j’ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en te faisant l’amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
c’est juste une fille un peu perverse
qui me plante des couteaux dans les fesses
& qui me coince dans les urinoirs
en sortant sa lame de rasoir
c’est juste une fille un peu fritée
qui s’amuse avec ma santé
& qui m’dégoupille les gonades
juste au moment où je prends mon fade
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille un peu rocky
qui grimpe à moto sur mon lit
& qui sort sa chaîne de vélo
en me disant : je t’aime saignant salaud !
c’est juste une fille un peu brutale
qui déchire mes chemises, mes futals
en me disant : fais gaffe baba cool
j’mets mes crampons gare tes bidoules !
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
c’est juste une fille un peu rétro
qui rêve d’être une panzerfrau
& qui me déguise en nymphomane
pour que j’me tape son doberman
c’est juste une fille un peu olé
qui s’coupe les nibards pour frimer
mais c’est si bon de jouer son jeu
quand elle décroche le nerf de bœuf
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
ah ! vas-y mimine fais-moi la cour
frite-moi la gueule ô mon amour !
vas-y déchaîne-toi sur mon corps
vas-y mimine fais-moi la mort
fais-moi la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les enfants de napoléon
dans leurs mains tiennent leurs roustons
s’ils ont compris tous les clichés
ça fera de la bidoche pour l’armée
les partouzeurs de miss métro
patrouillent au fond des souterrains
mais ils rêvent d’être en hélico
à se faire du nèg’ & du youpin
les vopos gravent leurs initiales
dans le brouillard des no man’s land
& les démasqueurs de scandales
prennent le goulag pour disneyland
les gringos sortent un vieux crooner
pour le western du silence
demain au bürgerbräukeller
je lèguerai mon âme à la science
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
les petites filles de mahomet
mouillent aux anticoagulants
depuis qu’un méchant grosminet
joue au flip avec leur coran
les dieux changent le beurre en vaseline
& les prophètes jouent dracula
s’il vous reste un fond de margarine
j’en aurai besoin pour ma coda
car moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
tu traînes ta queue dans la chaux vive
& t’hésites à choisir ton camp
t’as des aminches à tel aviv
& des amours à téhéran
si tu veux jouer les maquisards
va jouer plus loin j’ai ma blenno
tu trouveras toujours d’autres fêtards
c’est si facile d’être un héros
mais moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
retour aux joints & à la bière
désertion du rayon képis
j’ai rien contre vos partenaires
mais rien contre vos p’tites sœurs ennemies
manipulez-vous dans la haine
& dépecez-vous dans la joie
le crapaud qui gueulait : je t’aime !
a fini planté sur une croix
& moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
non moi je n’irai pas plus loin
je tiens ma tête entre mes mains
guignol connaît pas de sots métiers
je ris à m’en faire crever !
à m’en faire crever !
arsenic is good for you (ad lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
il pleut des nénuphars en face
des miroirs où glissait ton corps
mais tout s’efface laissant la place
à ce larsen qui te distord
tu glisses ta carte perforée
dans ce flipper où tu t’enfuis
& tu fais semblant de rocker
pour faire croire que tu es en vie
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
tu t’en retournes à tes banlieues
dans ce couloir où tu te grimes
te maquillant le bout des yeux
d’un nouveau regard anonyme
le futur te sniffe à rebours
te plantant sur un look rétro
te reste-t-il assez d’amour
pour prendre ton dernier mélo ?
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
les chiens t’attendent au bout du quai
avec des plumes & du goudron
ils vendent des orgasmes en sachets
mais font la gerbe en location
tu pensais franchir le miroir
sans avoir à changer de gueule
tu craches le sang dans ta baignoire
& tu t’essuies dans un linceul…
la nuit te glace au fond d’un train
où tu croyais trouver l’oubli
voyageur des petits matins
tu rentres de tes insomnies
tu rayes les mentions inutiles
au bas de ton carnet d’absence
& tu t’accroches au bout du fil
qui te ramène à ton silence
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je ne sais pas si tu viens d’un continent perdu
ou bien si t’es tombée d’une comète inconnue
mais j’crois qu’il était temps que tu me prennes en main
j’ai cru mourir de froid chez mes contemporains
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
& c’est comme un soupir après 100 triples croches
quand le pianiste s’endort devant son double scotch
dans ces bastringues d’automne où ça brame à minuit
les vieux cerfs encornés dans les bras des ladies
oh chaudes chaudes chaudes !
j’en oublie la moiteur de ces ports tropicaux
où ça sentait la gnôle & chauds les ventres chauds
à chercher le pérou sur ma radio-inca
j’ai trouvé la fréquence que je n’attendais pas
oh chaude !
je ne sais pas si tu viens d’une ville ultramarine
ou bien si tu descends d’une planète androgyne
météorite in love tu vois je vole aussi
en reniflant d’un œil tes bas sur le tapis
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je vais p’t-être encore attendre avant de mourir d’amour
j’entends des cons qui causent d’un éternel retour
& j’ai pas très envie de repartir à zéro
j’ai pas tout bien compris comme c’est bon quand c’est chaud
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
200 000 ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s’entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock
j’ai quelque mauvais don d’acrobatie verbale
surtout les soirs d’hiver quand j’suis black & d’équerre
tel un douanier rousseau du graffiti vocal
j’fais des bulles & des rots en astiquant mes vers
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
j’suis un vieux désespoir de la chanson française
qui fait blinder ses tiags pour marcher quand ça lose
ma langue natale est morte dans ses charentaises
faute d’avoir su swinguer au rythme de son blues
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
mais je veux de la miouze qui braquemarde & qui beugle
avec beethov en sourd, je suis borgne à toulouse
en attendant de chanter en braille chez les aveugles
je sors ma winchester pour mieux cracher mon blues
fin d’autorisation de délirer sans fin
j’dois contrôler le vumètre avant que ça passe au rouge
mes idoles défunctées se saoulent avec mon vin
& traînent leurs feux follets hilares au fond des bouges
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (und so weiter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
& la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades & ces rues
réservés au pingouins
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué…
les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
& nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée …
d’ivresse en arrogance
je reste & je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais je devrais me cacher
& parler à personne
& ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’ours en cage est au pied du mur
en train d’équarrir son dresseur
vapeurs d’oxyde & de luxure
c’est déjà demain & d’ailleurs
c’est juste une visite au musée
pour mater les singes acrobates
avant qu’je donne ma tête à couper
& peut-être ma langue à ta chatte
c’est étrange comme les mots se troublent
à l’intérieur de mon cerveau
chromosomes noircis au chiroubles
au gasoil & à la nitro
il est trop tard pour s’abîmer
dans des scories émotionnelles
je veux mourir estrangulé
sous tes nylons & tes dentelles
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
peu à peu je vois s’estomper
les rêves de mon esprit tordu
je commence même à oublier
les choses que je n’ai jamais sues
peut-être eussé-je dû frapper plus
& me lever tôt le matin ?
peut-être encore eût-il fallusse
baby que j’buvasse un peu moins ?
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
c’est pas parce qu’on n’aime pas les gens
qu’on doit aimer les chiens
c’est pas parce qu’on a mis le pied dedans
qu’on doit y mettre les mains
j’ai mon orang-outang qui m’lèche
& me chatouille les reins
pendant que sa maman me sèche
& m’essuie le bassin
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’aime pas le coran
qu’on doit finir chrétien
c’est pas parce qu’on est déconnant
qu’on doit devenir crétin
j’ai mon orang-outang qui grille
sur mon vieux barbecue
pendant que sa maman s’étrille
& se met au garde-à-vous
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’est pas bandant
qu’on doit rougir d’être saint
c’est pas parce qu’on flingue ses amants
qu’on doit se passer de câlins
j’ai mon orang-outang qui fond
doucement sous mes papilles
pendant que sa maman se tond
pour devenir un gorille
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’aime pas les gens
qu’on doit aimer les chiens
c’est pas parce qu’on a mis le pied dedans
qu’on doit y mettre les mains
j’ai mon nouveau gorille qui me lèche
& me chatouille les reins
pendant que le néant me sèche
au fond de son bassin
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on enlève son gant
qu’on doit serrer des mains
& c’est pas parce qu’on montauban
qu’on doit descendre agen
j’ai mon nouveau gorille qui grille
son gras sous mes aloufs
pendant que le néant m’étrille
à mort & me rend louf
& yop !… & yop !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
avec les radars de sa reum surveillant ses draps mauves
& ses frelons d’écume froissée sur ses claviers d’alcôve
avec ses dieux chromés, ses fusibles hallucinogènes
& ses mitrailleurs albinos sur ses zones érogènes
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le placebo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses vieux démons, ses vieux tex avery sumériens
qui hantent les hootnannies de ses métamondes souterrains
avec l’insurrection de ses airbags sur sa poitrine
& ses jukebox hurlant dans le labyrinthe de son spleen
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le distinguo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
abdallah geronimo cohen (ter)
était né d’un croisement sur une vieille banquette citroën
de gwendolyn von strudel hitachi dupond levy tchang
& de zorba johnny strogonof garcia m’golo m’golo lang
tous deux de race humaine de nationalité terrienne (bis)
abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses doc martens à pointes & son tutu fluo
pour le casting de casse-noisette dans sa version techno
avec son casque obligatoire pour ratisser les feuilles
tombées sur son balcon parmi ses disques durs en deuil
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse la libido sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je ne sais pas si tu viens d’un continent perdu
ou bien si t’es tombée d’une comète inconnue
mais j’crois qu’il était temps que tu me prennes en main
j’ai cru mourir de froid chez mes contemporains
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
& c’est comme un soupir après 100 triples croches
quand le pianiste s’endort devant son double scotch
dans ces bastringues d’automne où ça brame à minuit
les vieux cerfs encornés dans les bras des ladies
oh chaudes chaudes chaudes !
j’en oublie la moiteur de ces ports tropicaux
où ça sentait la gnôle & chauds les ventres chauds
à chercher le pérou sur ma radio-inca
j’ai trouvé la fréquence que je n’attendais pas
oh chaude !
je ne sais pas si tu viens d’une ville ultramarine
ou bien si tu descends d’une planète androgyne
météorite in love tu vois je vole aussi
en reniflant d’un œil tes bas sur le tapis
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je vais p’t-être encore attendre avant de mourir d’amour
j’entends des cons qui causent d’un éternel retour
& j’ai pas très envie de repartir à zéro
j’ai pas tout bien compris comme c’est bon quand c’est chaud
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
tombé d’un DC 10 fantôme
sur un aéroport désert
j’ai confié mon âme à un gnome
qui jonglait sous un revolver
puis j’ai pris la première tangente
qui conduit vers les cantinas
où la musique se fait bandante
pour la piéta dolorosa
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je serai borracho
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
dans le bus pour cuernavaca
j’révise ma tendresse des volcans
hôtel-casino de la selva
le soleil se perd au ponant
& je picole en compagnie
d’un spectre imbibé de strychnine
welcome señor malcolm lowry
sous la lune caustique & sanguine
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir nous serons borrachos
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
jour des morts à oaxaca
près de la tombe n°7
je promène ma calavera
en procession jusqu’aux toilettes
& dans la douceur des latrines
loin des clameurs de la calle
je respire l’odeur alcaline
des relents d’amour périmé
no se puede vivir sin amor (ter)
chinga de su madre
otro cuba libre
borracho ! como no ?
de retour à ténochtitlan
au parc de chapultepec
les singes me balancent des bananes
sur des slogans de fièvre aztèque
& dans ma tristesse animale
d’indien qu’on soûle & qu’on oublie
je m’écroule devant le terminal
des bus à mexico city
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je suis el borracho
hombre, un perdido de mejico !
borracho ! como no ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
naufragé virtuose
d’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
ton premier cri réveille
de son écho brisé
l’ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
& nos regards préludent
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on se méfie du bonheur
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
oh ! my son of the wind
my little wunderkind
oh ! mon septembre rose
d’amour-apothéose
baby boy…
passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d’automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d’homme
éclaboussée de femme
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
ne cherche pas d’où vient le vent
ce soir tu t’es trompée d’amant
& l’attaque du fourgon postal
se termine en bataille navale
devant une camomille-tilleul
je te laisse te finir toute seule
le garçon-vipère-vidéo
qui contrôlait tout mon réseau
à sauté sur la minuterie
en câblant la copie-sosie
mais ce que j’en dis tu t’en bats l’œil
je te laisse te finir toute seule
j’voulais t’offrir une nuit d’enfer
7,5 sur l’échelle de Richter
mais j’ai tout donné en bakchich
& je m’en retourne à la niche
la queue basse comme un épagneul
je te laisse te finir toute seule
précox éjaculator
scusi scusi mi amor
précox éjaculator
i am very confiteor
tu m’enverras tes pinkerton
pour m’éplucher tous les neurones
& m’enduire de plumes & de poix
direct au pressing du chinois
un ange passe équipé d’un treuil
je te laisse te finir toute seule
déjà ton syndicat des langues mortes
a cloué une chouette sur ma porte
en m’interdisant désormais
de chanter mes conneries en français
‘intérêt à boucler ma gueule
je te laisse te finir toute seule
précox éjaculator
scusi scusi mi amor
précox éjaculator
i am very confiteor
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
dans les eaux troubles & noires des amours-commando
tu croises des regards alourdis par l’oubli
& des ombres affolées sous la terreur des mots
toi qui voulais baiser la terre dans son ghetto
tu en reviens meurtri vidé par sa violence
& tu fuis ce vieux monstre à l’écaille indigo
comme on fuit les cauchemars souterrains de l’enfance
de crise en délirium, de fièvre en mélodrame
franchissant la frontière aux fresques nécrophiles
tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes
les amants fous, maudits, couchés sur le grésil
& dans le froid torride des heures écartelées
tu retranscris l’enfer sur la braise de tes gammes
fier de ton déshonneur de poète estropié
tu jouis comme un phénix ivre-mort sous les flammes
puis en busard blessé cerné par les corbeaux
tu remontes vers l’azur, flashant de mille éclats
& malgré les brûlures qui t’écorchent la peau
tu fixes dans les brumes « terra prohibida »
doux chaman en exil interdit de sabbat
tu pressens de là-haut les fastes à venir
comme cette odeur de mort qui précède les combats
& marque le début des vocations martyres
mais loin de ces orages, vibrant de solitude
t’inventes un labyrinthe aux couleurs d’arc-en-ciel
& tu t’en vas couler tes flots d’incertitude
dans la bleue transparence d’un soleil torrentiel
vois la fille océane des vagues providentielles
qui t’appelle dans le vert des cathédrales marines
c’est une fille albatros, ta petite sœur jumelle
qui t’appelle & te veut dans son rêve androgyne
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
la jambe de rimbaud
de retour à marseille
comme un affreux cargo
chargé d’étrons vermeils
dérive en immondices
à travers les égouts
la beauté fut assise
un soir sur ce genou
horreur harar arthur
& tu l’as injuriée
horreur harar arthur
tu l’as trouvée amère… la beauté ?
une saison en enfer
foudroie l’abyssinie
ô sorcière, ô misère
ô haine, ô guerre voici
le temps des assassins
que tu sponsorisas
en livrant tous tes flingues
au royaume de choa
horreur harar arthur
ô bentley, ô châteaux
horreur harar arthur
quelle âme, arthur… est sans défaut ?
les poètes aujourd’hui
ont la farce plus tranquille
quand ils chantent au profit
des derniers danakil
juste une affaire d’honneur
mouillée de quelques larmes
c’est quand même un des leurs
qui fournissait les armes
horreur harar arthur
t’es vraiment d’outre-tombe
horreur harar arthur
& pas… de commission
horreur harar arthur
& pas de cresson bleu
horreur harar arthur
où la lumière… pleut
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
vieille copie du terrien-terreur
tirée au ronéochibreur
souvent j’aimerais faire fonctionner
la génération spontanée
comme un pou dans une cage en feu
j’télégraphie mon code foireux
attention traversée d’engins
sur livre des morts européens
oh bloody man !
fatigué des drapeaux en berne
je m’amuse à quitter la caverne
à voir si l’on danse en éveil
dans les particules du soleil
mais j’atterris sur des cols durs
au pied de la mangeuse d’ordures
le cul poisseux dans le caniveau
à baiser mon porte-manteau
oh bloody man !
übermensch ou underdog, man ?
hé ! toi l’animal futurien
toi qu’as bien connu les martiens
t’as p’têt l’horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar ?
que j’paie une bière à mon clébard
oh bloody man !
certaines nuits j’imagine l’exit
du labyrinthe dans le transit
de 40 milliards de couleurs
se reniflant avec l’œil du cœur
mais je me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
& j’ai beau raccorder les fils
j’traîne une vieille caisse marquée fragile
oh bloody man !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
j’étais caïn junior le fils de belzébuth
chevauchant dans la nuit mes dragons écarlates
& m’arrêtant souvent chez les succubes en rut
j’y buvais le venin dans le creux de leur chatte
& les ptérodactyles me jouaient du trombone
au 14ème sous-sol 42ème couloir
où les anges déchus sous un ciel de carbone
aux heures crépusculaires sodomisent les miroirs
allez roule – roule – lady, roule en moi
& les filles des banshees m’entraînaient dans la brume
& me faisaient ramper devant la lune noire
enivré de pollen & de parfums-bitume
j’ai vu ta dépanneuse garée sur mon trottoir
& depuis je suis là moi le cradingue amant
soufflant dans mon pipeau la chanson d’eurydice
mais méfie-toi miquette je joue contre le vent
pour mieux te polluer avec mes immondices
allez roule – roule – lady, dévaste-moi
allez roule – roule – lady, nullifie-moi
allez roule – roule – lady, engloutis-moi
les néons du drugstore flirtent avec les abîmes
de cette chambre enfumée où brûle ma norma jean
cholest-et-rock-and-roll pour deux cinglés sublimes
dans le chaud maelström de l’érotico-stream
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
il pleut des nénuphars en face
des miroirs où glissait ton corps
mais tout s’efface laissant la place
à ce larsen qui te distord
tu glisses ta carte perforée
dans ce flipper où tu t’enfuis
& tu fais semblant de rocker
pour faire croire que tu es en vie
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
tu t’en retournes à tes banlieues
dans ce couloir où tu te grimes
te maquillant le bout des yeux
d’un nouveau regard anonyme
le futur te sniffe à rebours
te plantant sur un look rétro
te reste-t-il assez d’amour
pour prendre ton dernier mélo ?
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
les chiens t’attendent au bout du quai
avec des plumes & du goudron
ils vendent des orgasmes en sachets
mais font la gerbe en location
tu pensais franchir le miroir
sans avoir à changer de gueule
tu craches le sang dans ta baignoire
& tu t’essuies dans un linceul…
la nuit te glace au fond d’un train
où tu croyais trouver l’oubli
voyageur des petits matins
tu rentres de tes insomnies
tu rayes les mentions inutiles
au bas de ton carnet d’absence
& tu t’accroches au bout du fil
qui te ramène à ton silence
narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
tu vois moi, ben si j’étais dieu je croirais pas en moi, oh non ! mais si j’étais moi, ben j’me méfierais …/…
j’ai appris à jouer la guitare
avec la méthode ogino
émerveillé par l’art pour l’art
comme une poule devant un mégot
j’étais déjà un petit barbare
qui chantait pour sa libido
& franchement c’est beaucoup plus tard
que j’appris à être cabot
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rentre intéressant
pour être chanteur populaire
faut avoir l’esprit de mission
la position du missionnaire
ça manque pas d’imagination
& je me jette sous les projos
avec mon sourire engagé
en me disant : vas-y coco
t’as la meilleure place pour draguer !
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rendre intéressant
…/… le jour de ma naissance un éléphant est mort & depuis ce jour-là je le porte à mon cou !
je me fais un peu prétentiard
mais c’est la règle du boulot
si tu joues pas les vieux ringards
on te prend pour un rigolo
alors je me montre à la barre
avec mes trucs & mon zozio
pour pas pisser dans ma guitare
en refoulant ma parano
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rendre intéressant
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
ce matin le marchand de coco n’est pas passé & au lieu de se rendre à l’école tous les vieillards se sont amusés à casser des huîtres sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus… sur ma porte j’ai marqué : absent pour la journée ! dehors il fait mauvais, il pleut des chats & des chiens… les cinémas sont fermés, c’est la grève des clowns… alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires… puis je décroche le téléphone & je regarde les postières par le trou de l’écouteur
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, 51, 62, 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine) ! en sautant de mon lit j’ai compté les morceaux… c’est alors que j’ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en te faisant l’amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie
tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
c’est juste une fille un peu perverse
qui me plante des couteaux dans les fesses
& qui me coince dans les urinoirs
en sortant sa lame de rasoir
c’est juste une fille un peu fritée
qui s’amuse avec ma santé
& qui m’dégoupille les gonades
juste au moment où je prends mon fade
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille un peu rocky
qui grimpe à moto sur mon lit
& qui sort sa chaîne de vélo
en me disant : je t’aime saignant salaud !
c’est juste une fille un peu brutale
qui déchire mes chemises, mes futals
en me disant : fais gaffe baba cool
j’mets mes crampons gare tes bidoules !
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
c’est juste une fille un peu rétro
qui rêve d’être une panzerfrau
& qui me déguise en nymphomane
pour que j’me tape son doberman
c’est juste une fille un peu olé
qui s’coupe les nibards pour frimer
mais c’est si bon de jouer son jeu
quand elle décroche le nerf de bœuf
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !
c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !
ah ! vas-y mimine fais-moi la cour
frite-moi la gueule ô mon amour !
vas-y déchaîne-toi sur mon corps
vas-y mimine fais-moi la mort
fais-moi la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
quelque part sur la sixty-one abraham s’est flingué
en voyant dieu sur sa guitare complètement défoncé
mais le guignol au tambourin doublé des mômes 12 & 35
n’arrive même plus à jouer : baby ça vient ne change pas de joint !
satan va plus chez mick jagger voir ses admiratrices
bouffer la bidoche de leurs mères dans des tubes en plastique
au dernier banquet des zonards j’ai failli m’étrangler
quand j’y ai vu lady jane au bras d’un prêtre ouvrier
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !
les beatles ont bouffé leur pomme en se grattant le nœud
pendant que lady madona suçait le marchand d’œufs
mais qui donc a dit à lucy qu’on a besoin d’amour
c’est en s’tapant de vieux rassis que beethoven devint sourd
qui donc peut me dire « qui est qui ? » in my generation
c’est-y-toi monseigneur lefèbvre ou c’est toi pete townsend ?
quand on descendait liverpool debout sur nos scooters
paraît que la reine bandait en reprenant du camembert
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !
manhattan ou berlin pas même une chatte sur le trottoir
lou reed a dérapé sur la peau d’un revendeur noir
mais les mecs de son fan-club se sont encore sentis frustrés
quand ils ont su qu’loulou mettait de l’eau dans son LSD
les requins du showbiz ont enterré l’enfant vaudou
j’ai retrouvé son médiator qui traînait dans la boue
paraît que son remplaçant est un vieux soliste manchot
qui joue de la pedal steel avec sa pompe à vélo
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !
grand-mère va plus au père lachaise pleurer sur morrison
avec ses melody maker elle fait des paillassons
mais elle m’a dit qu’elle irait bien se taper du friskies
au prochain festival de colombey-les-deux-églises
mon beauf ne veut plus jouer love me tender sur sa fender
& je suis trop crevé pour faire la partoche à ma sœur
alors je reste à la maison sur du traditionnel
avec de vieux bouseux qu’essaient de jouer carol sur une vielle
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain
mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !
alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !
alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
en remontant le fleuve au-delà des rapides
au-delà des falaises accrochées sur le vide
où la faune & la flore jouent avec les langueurs
de la nuit qui s’étale ivre de sa moiteur
en remontant le fleuve où d’étranges présences
invisibles nous guettent & murmurent en silence
où sales & fatigués sous les ombres englouties
nous fixons les lueurs d’un faux jour qui s’enfuit
en remontant le fleuve
en remontant le fleuve au-delà des rapides
au-delà des clameurs & des foules insipides
où nos corps épuisés sous la mousse espagnole
ressemblent aux marbres usés brisés des nécropoles
où nautoniers des brumes dans l’odeur sulfureuse
des moisissures d’épaves aigres & marécageuses
nous conduisons nos âmes aux frontières du chaos
vers la clarté confuse de notre ultime écho
en remontant le fleuve
en remontant le fleuve au-delà des rapides
au-delà des aveux de nos désirs avides
jusqu’au berceau final sous les vanilles en fleurs
jusqu’à l’extrême arcane, jusqu’à l’ultime peur
en remontant le fleuve vers cette éternité
où les dieux s’encanaillent en nous voyant pleurer
où les stryges en colère au sourire arrogant
manipulent les rostres de notre inconscient
en remontant le fleuve
en remontant le fleuve au-delà des rapides
au-delà des remous de nos sanglots stupides
où cruels & lugubres au bout des répugnances
nous fuyons les brouillards gris de notre impuissance
vers les feux de nos doutes, jusqu’au dernier mensonge
dans la complexité sinistre de nos songes
où de furieux miroirs nous balancent en cadence
la somptueuse noirceur de nos âmes en souffrance
en remontant le fleuve
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je te salue seigneur du fond de l’inutile
à travers la tendresse de mes cauchemars d’enfant
le calme désespoir de mon bonheur tranquille
& la sérénité de mon joyeux néant
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
pendant que mes ennemis amnistient leurs consciences
que mes anciens amis font tomber leurs sentences
les citoyens frigides tremblent dans leurs cervelles
quand les clochards lucides retournent à leurs poubelles
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
je te salue seigneur du fond de tes abîmes
de tes clochers trompeurs, de tes églises vides
je suis ton cœur blessé, le fruit de ta déprime
je suis ton assassin, je suis ton déicide
& je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir, paisible & silencieux
au bras de la première beauté vierge tombée des cieux
oui je m’en vais ce soir…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Yan Péchin
derrière les buissons d’amarante
qui roulent sous le vent du désert
je vois des ombres lancinantes
qui rôdent affreuses & solitaires
des ombres ailées sous la grande ourse
du temps des étés délétères
où je jouais les garçons de courses
au service de tes jeux pervers
souvenirs de baisers volés
de cercles vicieux infernaux
de lèvres au goût d’herbe mouillée
& de démons à fleur de peau
… à fleur de peau
je me revois rêveur errant
riant au milieu des pourceaux
à qui tu jetais tes diamants
tes perles & tes vade retro
pour toi j’ai dansé chez les faunes
les baltringues & les souffreteux
& j’ai brûlé ma couche d’ozone
en voulant traverser tes yeux
souvenirs de baisers volés
de cercles vicieux infernaux
de lèvres au goût d’herbe mouillée
& de démons à fleur de peau
… à fleur de peau
je me gare plus en double file
devant l’hôtel des vieux amants
& l’on me ramène à l’asile
après avis d’internement
j’écoute les jours qui s’enfuient
dans les eaux noires d’un lit glacé
j’ai trop traîné devant tes nuits
dont les portes m’étaient fermées
souvenirs de baisers volés
de cercles vicieux infernaux
de lèvres au goût d’herbe mouillée
& de démons à fleur de peau
… à fleur de peau
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Arman Méliès
je croise des soleils aux ardeurs érotiques
avec des cris perdus sur des sourires de femmes
bercé par les étoiles d’une essence romantique
j’ai trop longtemps cherché mes visions dans les flammes
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
la vitesse de la lune autour de nos orbites
n’arrête pas les sanglots froids de l’humanité
& l’œil désespéré dans son triangle en kit
semble soudain jaloux de nos fiévreux baisers
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
je veux brûler pour toi petite
mais gâche pas mon enfer avec ton paradis
je veux brûler pour toi petite
mais lâche pas tes prières sur mes cris hypocrites
d’aucuns me disent rebelle & d’autres ignifugé
mais mes divagations n’emmerdent plus personne
je caresse mon corbeau en chantant duruflé
& joue pour les voyous virés de la sorbonne
je veux brûler pour toi petite
je veux brûler pour toi
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
des visages incolores, des voyageurs abstraits
des passagers perdus, des émigrants inquiets
qui marchent lentement à travers nos regrets
nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
fantômes aux danses astrales, aux rhapsodiques pleurs
visages camés bleuis graffités par la peur
qui marchent lentement vers l’incinérateur
vers la métallurgie des génies prédateurs
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
brumes noires sur l’occident, murmures de rêves confus
barbares ivres de sang, vampires au cœur fondu
qui marchent lentement au bord des avenues
des mondes agonisants, des déserts corrompus
ça sent la chair fétide, le rat décérébré
le module androïde, le paradoxe usé
le spectre de mutant au cerveau trafiqué
qui marche en militant sur nos crânes irradiés
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
des visages incolores, des voyageurs abstraits
des passagers perdus, des émigrants inquiets
qui marchent lentement à travers nos regrets
nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
peuples gores & peineux aux pensées anomiques
nations mornes & fangeuses, esclaves anachroniques
qui marchent lentement sous l’insulte & la trique
des tribuns revenus de la nuit soviétique
c’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
c’est la voix de staline, c’est le rire de béria
c’est la rime racoleuse d’aragon & d’elsa
c’est le cri des enfants morts à karaganda
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elles se caressent en m’ignorant
moi qui les mate en me noyant
elles sont si belles & si troublantes
si profondément émouvantes
sous l’œil de la lune en épure
leur ombre au bord de la piscine
ondule avec leurs chevelures
brûlant d’une féerie libertine
leurs lèvres tremblent & se bousculent
dans un grave & léger baiser
tandis que leurs doigts manipulent
la soie de leurs seins dégrafés
elles se caressent en m’ignorant
moi qui les mate en me noyant
elles sont si belles & si troublantes
si profondément émouvantes
une main sur le ventre de l’autre
elles goûtent au satin de leur peau
sans que leurs désirs ne se sauvent
ne se perdent au bout de leurs mots
elles ont la grâce & l’élégance
fragile de la peinture flamande
& je contemple le silence
des nuits de mytilène island
elles se caressent en m’ignorant
moi qui les mate en me noyant
elles sont si belles & si troublantes
si profondément émouvantes
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Jeanne Cherhal
ma mémoire joue sur les reflets
des étoiles mortes au firmament
des regards aveugles & muets
dans l’immobilité du temps
l’aubépine se prend pour la rose
& l’idiot devient président
les naïades se métamorphosent
mais le passé reste au présent
on n’oublie jamais
nos secrets d’enfant
on n’oublie jamais
nos violents tourments
l’instituteur qui nous coursait
sa blouse tachée de sang
on n’oublie jamais
nos secrets d’enfant
les lueurs des rêves enfantins
dans leur transparence édulcorent
les derniers soleils du matin
sur les frissons bleus de nos corps
c’est le lent crépuscule d’automne
sous la pluie des mortes saisons
c’est la cloche des lundis qui sonne
les heures de la désolation
on n’oublie jamais
nos secrets d’enfant
on n’oublie jamais
nos violents tourments
l’instituteur qui nous coursait
sa blouse tachée de sang
on n’oublie jamais
nos secrets d’enfant
au commencement était le verbe
intransitif & déroutant
venu des profondeurs acerbes
& noires des garderies d’enfants
les rugissements de l’univers
dans les cours de récréation
écorchaient les pieds de mes vers
boiteux sous les humiliations
on n’oublie jamais les secrets
on n’oublie jamais les tourments
l’instituteur qui nous coursait
sa blouse tachée de sang…
on n’oublie jamais les secrets
on n’oublie jamais les tourments
l’instituteur qui nous coursait
sa blouse tachée de sang !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Arman Méliès
son sourire est si mystérieux
quand elle exorcise mes regrets
à l’heure où s’éteignent ses yeux
chargés d’impalpables secrets
ses lèvres aux discours silencieux
ses larmes aux langueurs enfantines
son regard inquiet qui s’émeut
d’un poème aux rimes androgynes
dans le jasmin de ses cheveux
où se dénouent mes doigts fébriles
je m’enivre au voluptueux
parfum de son âme indocile
son rire agite les girandoles
d’un feu d’artifice étonnant
mes lèvres sur les aréoles
de ses seins aux dessins troublants
flamboyante ivresse de mes jours
fulgurante astrée de mes nuits
délicieuse hôtesse au long cours
qui m’éclaire & qui m’éblouit
déesse de mes gravures anciennes
fille de mes équations païennes
ange quantique & démon fatal
de mes lubies sentimentales
lorsque son souffle accéléré
me dévoile dans un murmure
le charme des verbes oubliés
sous les mailles de mon armure
ses jeux inédits, ses baisers
magnifient sa beauté rebelle
quand elle pleure dans l’intimité
souriante de ses dentelles
flamboyante ivresse de mes jours
fulgurante astrée de mes nuits
délicieuse hôtesse au long cours
qui m’éclaire & qui m’éblouit
déesse de mes gravures anciennes
fille de mes équations païennes
ange quantique & démon fatal
de mes lubies sentimentales
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Cali
les chevaux sont partis courir
là-bas au pied de l’arc-en-ciel
ils emportent le souvenir
de nos baisers chargés de fiel
les chevaux sont partis courir
je crois que je vais faire pareil
la rouille fait grincer les couleurs
dans le matin à contre-jour
nos regards en apesanteur
fixent le point de non-retour
la rouille fait grincer les couleurs
& bloque les issues de secours
c’est juste la fin maintenant
d’une histoire qui tombe en poussière
c’est juste la fin maintenant
d’un amour sinistre & désert
inutile de nous retourner
sur les raisons de nos mensonges
de nos certitudes incrustées
au plus profond creux de nos songes
inutile de nous retourner
sur le mal caché qui nous ronge
c’est juste la fin maintenant
d’une histoire qui tombe en poussière
c’est juste la fin maintenant
d’un amour sinistre & désert
c’est juste la fin maintenant
d’une histoire qui tombe en poussière
c’est juste la fin maintenant
… juste la fin maintenant
les chevaux sont partis courir
là-bas au pied de l’arc-en-ciel
les chevaux sont partis courir
je crois que je vais faire pareil…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Nataf
question gun & mâchicoulis
un GI vaut 2000 hoplites
mais au rayon philosophie
on est resté chez démocrite
on joue les chasseurs d’arc-en-ciel
meublés chez stark & compagnie
mais on sort d’un vieux logiciel
made in néanderthal city
médiocratie… médiacrité !
frères humains dans nos quartiers
ça manque un peu d’humanité
médiocratie… médiacrité !
ça manque un peu de verbe aimer
de respect, de fraternité
médiocratie… médiacrité !
dans le grand jeu des anonymes
la fiction s’adoube au virtuel
on s’additionne, on tchate, on frime
& l’on se soustrait au réel
baisés grave & manipulés
devant nos écrans de facebook
on n’a qu’un pseudo pour rêver
& s’inventer un autre look
médiocratie… médiacrité !
frères humains dans nos quartiers
ça manque un peu d’humanité
médiocratie… médiacrité !
ça manque un peu de verbe aimer
de respect, de fraternité
médiocratie… médiacrité !
frères humains, frangins damnés
sous la plage y a les pavés
médiocratie… médiacrité !
des pavés bien intentionnés
pour un enfer climatisé
médiocratie… médiacrité !
devant toutes ces news qui nous soûlent
ces flashs qui nous anesthésient
DJ god a perdu la boule
& mixe à l’envers nos envies
devons-nous croire à un réveil
dans l’au-delà des jours fériés
avec la photo du soleil
brillant sur nos calendriers ?
médiocratie… médiacrité !
frères humains dans nos quartiers
ça manque un peu d’humanité
médiocratie… médiacrité !
ça manque un peu de verbe aimer
de respect, de fraternité
médiocratie… médiacrité !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Mathieu Monnaert
débris d’hélices carbonisées…
bruits des mots brûlés au phosphore…
guignols & féeries vitrifiés
sur la butte à l’heure où ça mord…
oberflicführer dans la danse…
bignolles en transe… valsez, gamètes !…
rastaquouères de la survivance
qui frappent le bulleux dans sa tête !…
pristis ! grabataires & fienteux !…
navadavouilles & ragoteux !…
gadouilleux caves ! morues en rade !…
nous v’là de retour à célingrad !…
gibbons motorisés tout naves
dans les rues de sigmaringen…
d’un château l’autre un port d’épaves
bien germaneux hohenzollern…
on rote son âme… de profondis !…
dans les vapes des gaz hilarants…
la mort à crédit d’un clown triste
ça fait bander sartre & vaillant…
pristis grabataires & fienteux !…
navadavouilles & ragoteux !…
gadouilleux caves ! morues en rade !…
nous v’là de retour à célingrad !…
seigneur bébert du rigodon
c’est le temps de mettre à la vague…
le temps de voguer sur meudon
loin des cachots de copenhague…
on entend les sirènes au port…
& les hiboux du cimetière…
crève raisonneux ! j’veux pas qu’ma mort
me vienne des hommes & de leurs manières…
pristis grabataires & fienteux !…
navadavouilles & ragoteux !…
gadouilleux caves ! morues en rade !…
nous v’là de retour à célingrad !…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Julien Perez
trafiquant de réminiscences
volées à des foules amnésiques
j’ai longtemps laissé ma conscience
vagabonder sur sa musique
les vents violents venus des villes
m’entraînent au cœur d’un ouragan
& déjà je suis dans la file
qui conduit vers le toboggan (bis)
je me souviens d’étoiles filantes
distordues dans mes galaxies
d’où j’appelais l’horloge parlante
pour avoir de la compagnie
les feux de mes nuits éphémères
tracent un point d’orgue sur mon chant
je n’suis qu’un escroc solitaire
un truand qui blanchit du vent
qui blanchit des mots & du vent
inutile, absurde & tremblant
dans l’ordre d’un destin troublant
j’écoute le souffle de l’instant
& l’accélération du temps
là-bas devant le toboggan (bis)
poursuivi par des vieilles rengaines
des mots d’amour, des mails transis
j’abandonne à la faune urbaine
les garanties de ma survie
les vents violents venus d’ailleurs
soufflent & sifflent en se lamentant
& maintenant devrais-je avoir peur
& fuir devant le toboggan ? (bis)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Christopher Board
avec nos bidons en fer blanc
on descendait chercher le lait
à la ferme au soleil couchant
dans l’odeur des soirs de juillet
on avait l’âge des confitures
des billes & des îles aux trésors
& l’on allait cueillir les mûres
en bas dans la ruelle des morts
on nous disait que barberousse
avait ici sa garnison
& que dans ce coin de cambrousse
il avait vaincu des dragons
on avait l’âge de nos fêlures
& l’on était conquistadors
on déterrait casques & fémurs
en bas dans la ruelle des morts
on arrosait toutes nos victoires
à grands coups de verre de kéfir
ivres de joie & sans le savoir
on reprenait mers el-kébir
puis c’était nos chars en dinky
contre les tigres-doryphores
qui libéraient la french county
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les printemps
à l’heure des sorties de l’école
quand les filles nous jouent leurs 16 ans
pour une bouiffe de royale menthol
je ne sais plus si c’était françoise
martine, claudine ou marie-laure
qui nous faisaient goûter leurs framboises
en bas dans la ruelle des morts
que ne demeurent les automnes
quand sonne l’heure de nos folies
j’ai comme un bourdon qui résonne
au clocher de ma nostalgie
les enfants cueillent des immortelles
des chrysanthèmes, des boutons d’or
les deuils se ramassent à la pelle
en bas dans la ruelle des morts
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
sous un brouillard d’acier
dans les banlieues d’izmir, de suse ou santa fe
6 milliards de pantins au bout de la lumière
qui se mettent à rêver d’un nouvel univers
& toi tu restes ailleurs dans un buzz immortel
à fabriquer des leurres en fleurs artificielles
pour les mendiants qui prient les dieux & les chimères
les trafiquants d’espoir aux sorties des vestiaires
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
dans un rideau de feu
dans les banlieues d’auckland, de cuzco ou montreux
6 milliards de fantômes qui cherchent la sortie
avec des sonotones & des cannes assorties
mais toi tu viens d’ailleurs, d’une étrange spirale
d’un maelström unique dans la brèche spatiale
avec autour du cou des cordes de piano
& au poignet des clous pour taper le mambo
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
dans son plasma féérique
dans les banlieues d’hanoï, de sfax ou de munich
6 milliards de lépreux qui cherchent leur pitance
dans les rues de l’amour en suivant la cadence
mais toi tu cherches ailleurs les spasmes élémentaires
qui traduisent nos pensées comme on traduit homère
& tu m’apprends les vers d’anna akhmatova
pendant que je te joue cage à l’harmonica
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
ivres de ces vieux ors
dans les banlieues d’angkor, d’oz, d’oulan-bator
6 milliards de paumés levant la tête au ciel
pour y chercher l’erreur dans un vol d’hirondelles
mais toi tu planes ailleurs sur des nuages flous
dans de faux arcs-en-ciel vibrant de sables mous
tu chantes des arias d’espoir universel
pour faire que le soleil se lève sur nos e-mails
je t’aime & je t’attends à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je t’attends & le soleil se lève
& le soleil …/…
là-bas sur l’horizon
venant d’héliopolis en jouant hypérion
6 milliards de groupies qui l’attendent hystériques
dans le stade au jour J en brouillant la musique
mais toi tu squattes ailleurs dans un désert de pluie
en attendant les heures plus fraîches de la nuit
& tu me fais danser là-haut sur ta colline
dans ton souffle éthéré de douceurs féminines
je t’aime & je te veux à l’ombre de mes rêves
je t’aime & je te veux & le soleil se lève
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Ludéal
la lune s’attarde au dessus des collines
& je sens les lueurs des étoiles sous ta peau
fleur de jacaranda & parfum d’aubépine
dans cet or de la nuit tes cheveux coulent à flots
les groseilles boréales & les airelles fauves
au velours de tes lèvres humides & licencieuses
me laissent dans la bouche un goût de folie mauve
un arôme estival aux couleurs silencieuses
annabel lee
pas un seul cheveu blanc
n’a poussé sur mes rêves
annabel lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres…
vapeurs de canneberge oubliées dans la bruine
& sur les pétroglyphes de tes bleus sanctuaires
l’esprit de la mangrove suit l’ombre de tes djinns
& dézeste les grumes aux subtils estuaires
ne laisse pas la peur entrouvrir le passage
obscur & vénéneux dans l’argent de tes yeux
mais donne à la lumière tes pensées les plus sages
pour un instant de calme, de plaisir délicieux
annabel lee
pas un seul cheveu blanc
n’a poussé sur mes rêves
annabel lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres
annabel lee
j’ai dans mes récepteurs
le parfum de ta voix
annabel lee
je te connais par cœur
sur le bout de mes doigts
au loin dans la vallée la brume se mélange
aux pastels de safran, de violette & d’orange
& j’en vois les reflets dans ton regard voilé
par des réminiscences d’antiques cruautés
ne laisse pas les mères de vinaigre envahir
tes pensées, ta mémoire, tes rêves & ton sourire
chasse au loin ta détresse, laisse entrer le printemps
le temps de la tendresse & de l’apaisement
annabel lee
pas un seul cheveu blanc
n’a poussé sur mes rêves
annabel lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres
annabel lee
j’ai dans mes récepteurs
le parfum de ta voix
annabel lee
je te connais par cœur
sur le bout de mes doigts
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Arman Méliès
j’ai longtemps kiffé dans la boue
sur de longs chemins chaotiques
en transmutant le « je » en « nous »
dans une alchimie romantique
mes actions d’amour dévaluées
m’ont laissé des larmes à crédit
& maintenant je viens m’annuler
devant ton lapis-lazuli
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j’aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
machine ! machine ! machine !
ne me dis pas que tes anglais
ont attaqué ta forteresse
que je dois déclarer forfait
avec mon doberman en laisse
tel un disciple de jésus
je boirai le sang de ta plaie
& deviendrai le vampire nu
dans le coffre de tes jouets
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j’aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
machine ! machine ! machine !
je te laisserai me déchirer
m’arracher la chair & les os
me greffer d’infernales idées
dans le gouffre de mon cerveau
tandis que mes doigts sous ta soie
chercheront la corde sensible
celle qui remonte jusqu’à ta voix
en hurlant au cœur de ma cible
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j’aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
garbo XW machine
machine ! machine ! machine !
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : JP Nataf
le temps passe si lentement
& je me sens si fatigué
le silence des morts est violent
quand il m’arrache à mes pensées
je rêve de ces ténèbres froides
électriques & majestueuses
où les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions périlleuses
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
dans cette foire aux âmes brisées
où le vieux drame humain se joue
la folie m’a toujours sauvé
& m’a empêché d’être fou
je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
si partir c’est mourir un peu
j’ai passé ma vie à… partir
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
mes yeux gris reflètent un hiver
qui paralyse les cœurs meurtris
mon regard vient de l’ère glaciaire
mon esprit est une fleur flétrie
je n’ai plus rien à exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveau-nés
sur le marché des morts-vivants
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
je fixe un océan pervers
peuplé de pieuvres & de murènes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d’un happy end
inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
j’ai broyé mon propre horizon
& retourne à mon inconnu
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
déjà je m’avance en bavant
dans les vapeurs d’un vague espoir
l’heure avant l’aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
dans le jardin d’éden désert
les étoiles n’ont plus de discours
& j’hésite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
je rêve tellement d’avoir été
que je vais finir par tomber
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
tu sembles si loin
si proche à la fois
dans l’ordre incertain
d’un silence bourgeois
voyageuse solitaire
entourée de mystère
les pages que tu lis
nous cachent ton regard
te cachent-elles aussi
qu’une guerre se prépare ?
voyageuse solitaire
entourée de mystère
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence ?
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque enfant
qui volerait ton indépendance ?
ton compartiment
reflète sans passion
ton comportement
de femme de salon
voyageuse solitaire
entourée de mystère
le soleil couchant
joue avec l’horizon
& tes sentiments
se cherchent une raison
voyageuse solitaire
entourée de mystère
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence ?
est-ce que tu fuis dans ce train
des serments
prononcés lors d’une dernière danse ?
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence ?
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque enfant
qui volerait ton indépendance ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Roberto Briot
infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
je m’en vais ce matin recueillir votre sève
dans l’ambulance tiède qui m’arrache à l’horreur
des troubles de mon double ivre & blasphémateur
je m’en vais ce matin vers les bleus paradis
les couloirs lumineux où je laisse la copie
de mes fièvres insomniaques, excès de bile noire
dans le cadre inversé d’un combat sans espoir
infinitives voiles qui venez me bercer
quand les infos se vrillent au fond de ma pensée (bis)
infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
laissez-moi lâcher prise dans le vent qui se lève
laissez-moi décharger mes cargos migrateurs
& m’envoler là-bas vers les premières lueurs
dans le blanc des sommets des montagnes perdues
retrouver l’équation de mon ombre inconnue
& le miroir intime d’une enfance bâclée
pour y graver l’espoir d’un futur désiré
infinitives voiles qui venez me bercer
quand les infos se vrillent au fond de ma pensée (bis)
infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
je marcherai sur l’eau, je remplirai mes brèves
avec d’autres comptines, avec d’autres histoires
que celles qui se racontent en bordure des comptoirs
j’arracherai mon masque & ma stupide armure
mes scarifications de guerrier de l’absurde
& je viendrai poser ma tête d’enfant sage
sur les gréements chauffés à blanc de vos rivages
infinitives voiles qui venez me bercer
quand les infos se vrillent au fond de ma pensée (bis)
Paroles : Hubert félix Thiéfaine
Musique : Arman Méliès
j’ai rencontré des meufs que j’ai su éviter
mais je crois que la chance n’est pas de ton côté
si les hommes viennent de mars & les femmes de pigalle
t’as trouvé la plus dingue des espèces infernales
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
ta cendrillon tarée vient d’un autre univers
vu les traces de trou noir sur sa chaussure de vair
elle court dans tes couloirs, elle rue dans tes converses
& t’entraîne en hurlant dans des voies qui s’inversent
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
c’est une brise-burnes, une casse-burettes
un cauchemar diurne, une trouble-fête
une tornade en croco qui se chauffe aux benzos
aux vibrations néfastes
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
tu n’es pas fatigué d’offrir tes vieux démons
à cette fille des sixties qui traîne avec ton nom
plus vite qu’un mocassin dans la boue des bayous
elle pompe ton énergie sur un rythme vaudou
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
elle te couvre les yeux d’une peau de panthère noire
qui t’empêche de penser & qui t’empêche de voir
la vérité en face & la réalité
de ce que tu seras quand elle t’aura vidé
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
c’est une brise-burnes, une casse-burettes
un cauchemar diurne, une trouble-fête
une tornade en croco qui se chauffe aux benzos
aux vibrations néfastes
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
si elle perd sous la pluie ses clopes & sa barrette
ta gorgone se transforme en furie sous amphètes
& j’en deviens baba & les 40 voleurs
sous ses yeux de sorcière & de ventilateur
ta vamp orchido…
ta vamp orchidoclaste
toujours à critiquer, toujours à raconter
quelque sordide horreur sur tes amis passés
elle t’entraîne dans un gouffre aux multiples rancœurs
d’où je préfère m’enfuir en te laissant l’honneur
l’honneur de lui chanter :
t’es une brise-burnes, une casse-burettes
un cauchemar diurne, une trouble-fête
une tornade en croco qui se chauffe aux benzos
aux vibrations néfastes
ta vamp orchido …
ta vamp orchidoclaste
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Guillaume Soulan
frelons hurlant dans nos crânes
scorpions rampant dans le crash de nos âmes
serpents visqueux englués dans les squames
de nos bourbeuses mémoires d’humanoïdes insanes
nous n’sommes que des branleurs
gélatineux babouins
des crapoteux glandeurs
clowns & sacs à vin
pignoles ! envie de tout plomber
envie de tout scratcher… de tout désintégrer
faire cramer les télés avant que de crever
de peur dans les coulisses des shows climatisés
soleil-cafard
futur glacé
matin blafard
cerveaux détraqués
fleurs suburbaines
crasseuses beautés
anges de la haine
fin programmée
nervis casqués d’étincelles
rottweilers devant les maternelles
bannières désétoilées, caméras & dentelles
dans l’œil des rats squattant les paradis virtuels
lobotomie-média …/… propaganda flippée
lobotomie-média …/… propaganda fliquée
soleil-cafard
futur glacé
matin blafard
cerveaux détraqués
fleurs suburbaines
crasseuses beautés
anges de la haine
fin programmée
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Pierre Le Feuvre & Jean-François Péculier
elle dort au milieu des serpents
sous la tonnelle, près des marais
les yeux au-delà des diamants
qu’elle a incrustés dans ses plaies
elle dit : c’est pas saint augustin
qui joue du violon dans les bois
& paganini encore moins
ça semble étrange mais je la crois
j’ai rien entendu par ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir
là-bas, plus loin coule une rivière
qui nous sert de démarcation
enfin j’veux dire pendant les guerres
quand on a une occupation
les spectres des morts lumineux
se promènent la nuit sous les saules
& ceux qu’oublient de faire un vœu
en perdent soudain leur self-control
on les retrouve collés à la pluie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir
j’ai vu pas mal de filles tomber
souvent là-bas, du haut du pont
& faire semblant de se noyer
en chevauchant leurs illusions
elle, elle me fixe tendrement
elle caresse un aspic & dit :
rien vu de tel depuis longtemps
oh non rien de tel, mon ami !
pas vu de telles orgies ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir
au souffle brumeux des vipères
elle me montre du doigt la sphaigne
où tritons, salamandres en guerre
se battent au milieu des châtaignes
tu sais déjà, me murmure-t-elle
qu’il faut séduire pour mieux détruire
& dans un geste & des bruits d’ailes
elle disparaît dans un sourire
puis elle revient & me poursuit
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir
hum… elle joue avec ses serpents
sous la tonnelle, près des marais
mais ses visions ne durent qu’un temps
& le temps lui-même disparaît
les heures se courbent dans l’espace
& tournent autour d’un monde ancien
où les lunes s’estompent & s’effacent
en glissant sur un flux sans fin
d’aucuns en cherchent la sortie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
le ciel bleu sur le saint-laurent
semble jaillir de l’océan
& je me refais la banane
les yeux masqués sous mes ray-ban
2700 tours cap nord-est
balises à l’ouest d’halifax
nouveau-brunswick j’fais de mon best
pour me recentrer sur mon axe
fox quebec november hotel
je gèle ben raide dans mon dornier
fox quebec november hotel
ok je monte à 2000 pieds…
direction saint-pierre-et-miquelon
je slow bine face à la mousson
je toffe les runs j’sus sur le go
ben d’équerre dans mon lumbago
faut que je pense à mes aiguillages
à ma benzine faut que j’abreuve
mes 700 chevaux dans les nuages
avant la tempête à terre-neuve
fox quebec november hotel
je gèle ben raide dans mon dornier
fox quebec november hotel
ok je monte à 2000 pieds
fox quebec november hotel
je gèle ben raide dans mon dornier
fox quebec november hotel
ok je monte à 2000 pieds
allo y’a quelqu’un à saint-pierre ?
je suis passé en vent arrière
je me pointe en approche finale
dans l’angle septentrional
alertez la morue joyeuse
dites-leur que le fantôme d’al capone
cherche un taxi & des chauffeuses
pour aller danser la chaconne
fox quebec november hotel
je gèle ben raide dans mon dornier
fox quebec november hotel
ok j’sus prêt à m’atterrer
fox quebec november hotel
je gèle ben raide dans mon dornier
fox quebec november hotel
ok je vais finir à pied
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Dominique Dalcan
souvent je pense à toutes ces nuits
où j’ai tenté de m’engloutir
les yeux brûlés par l’insomnie
le corps ivre de se détruire
dans mes notes d’un souterrain
je repense à svidrigaïlov
les amants & les assassins
ont souvent manqué d’un « my love »
mais peu importe la sourate
ce qui doit être dit est dit
si j’dois m’écrouler sous une batte
c’est pas la faute à je n’sais qui
les seules qui pourront dire leur nom
sur l’interphone des solitudes
sont celles qui m’auront fait leur don
du regard noir des filles du sud
elles ont la tristesse silencieuse
derrière la beauté d’un sourire
& puis se perdent en amoureuses
devant l’idiot qui les fait rire
& soudain elles changent de décor
elles deviennent l’ombre de leur lit
& je lis les lignes de leurs corps
en en épousant les replis
mais peu importe la sourate
ce qui doit être dit est dit
si j’dois m’écrouler sous une batte
c’est pas la faute à je n’sais qui
les seules qui pourront dire leur nom
sur l’interphone des solitudes
sont celles qui m’auront fait leur don
du regard noir des filles du sud
plus tard la méditerranée
viendra troubler nos attitudes
le vent laisse d’étranges traînées
sur les quais de nos certitudes
mais la belle innamorata
est une femme au corps allongé
entre le doute & son karma
entre ses formes & sa pensée
mais peu importe la sourate
ce qui doit être dit est dit
si j’dois m’écrouler sous une batte
c’est pas la faute à je n’sais qui
les seules qui pourront dire leur nom
sur l’interphone des solitudes
sont celles qui m’auront fait leur don
du regard noir des filles du sud
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
yeah, yeah !
est-ce que tu te souviens ?
on n’était pas des stars
plutôt un peu zonards
juste au bord du rien
nos peines au bord du jour
nos regards de chiens
& tous ces tours
avenue de l’amour (bis)
on était un peu blonds
un peu trop niais sans doute
& nous nous amusions
au jeu de la route
hambourg ou amsterdam
côté quartier dames
& tous ces tours
avenue de l’amour (bis)
tu te souviens
ça jouait lose
tous ces chagrins
& tout ce blues
nous n’étions que des survivants…
nos histoires noires
nos nuits blanches
plantés en plein manque de tout
cherchant le jour
avenue de l’amour
oh ! te laisse pas aller
mon ami
cette fille t’a laissé tomber
viens faire un tour
avenue de l’amour (ter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
ta vie me tue
& tu me fais si mal
ta vie me tue
je m’sens comme un animal
ta vie me tue
un miséreux chacal
errant au bord d’un blues tordu
à cette si belle réception
entre ton lou & ton charmel
je me sens comme un mauvais garçon
les doigts poisseux sous tes dentelles
libère-toi & casse ta porte
je suis pas fan des escortes à cloportes
ta vie me tue
& tu me fais si mal
ta vie me tue
je m’sens comme un animal
ta vie me tue
un miséreux chacal
errant au bord d’un blues tordu
peut-être suis-je trop généreux
payant le lait pour tes chats
les vieux rognons pour tes pitbulls crasseux
& la morphine pour ta mama ?
libère-toi ! casse ta porte !
je suis pas fan des cloportes
ta vie me tue
& tu me fais si mal
ta vie me tue
je m’sens comme un animal
ta vie me tue
un miséreux chacal
errant au bord d’un blues tordu
j’ai connu trop d’âmes interlopes
de filles au cœur de janjawid
qui quittent les égouts pour fumer leur clope
avec des rats riches en glucides
ta vie me tue
& tu me fais si mal
ta vie me tue
je m’sens comme un animal
ta vie me tue
un miséreux chacal
errant au bord d’un blues tordu
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
tu m’as gonflé ces derniers soirs
avec ton vague regard fêlé
de fille qui joue madame beauvoir
en ségolène ivre & camée
mais ça va bien
mes désirs sont en tungstène
mais ça va bien
j’te sens blottie au fond de mes veines
les pâles ombres de tes cils
sur ma pauvre âme damnée
me rappellent que toutes les femmes sont futiles
quand elles oublient de nous flinguer
mais ça va bien
mes désirs sont un peu blêmes
mais ça va bien
j’te sens blottie au fond de mes veines
tu es mon île
dans mes amours insensées
tu es de celles qui ont le style
gravées au fond de mes pensées
aussi sexy, ma baby
je t’ai souvent priée comme une déesse
te suppliant de m’aimer
de me donner de la tendresse
alors que j’étais blessé
mais ça va bien
mes désirs sont dans la peine
mais ça va bien
j’te sens blottie au fond de mes veines
mais ça va bien, ça va bien…
blottis-toi, blottis-toi…
pénètre dans mes veines…
ô ma baby, pénètre en moi…
ça va bien, ça va bien…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
je n’ai pas vu finir
notre pauvre amour
je n’ai pas vu mourir
nos derniers beaux jours
j’étais si amoureux
que j’ai oublié de te le dire
je m’sentais si heureux
les yeux dans tes soupirs
je regarde les putes
au bras de leurs maris
& je ficelle au catgut
les cris de leur ennui
j’étais si amoureux
que j’ai oublié de te le dire
je m’sentais si heureux
ma langue sous ton empire
t’étais juste une fille comme les autres
jolies rondeurs, belles fissures
blonde mais pas de quoi faire honneur
à mes trop anciennes blessures
un homme un peu prudent
doit savoir éviter
les regards séduisants
des starlettes affairées
j’ai été si niaiseux
que je ne peux qu’en rire
j’essaierai d’être sérieux
à mon dernier soupir
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
près de la rivière
j’entends de méchants bruits
hum ! j’ai mon mauser
& j’ai mon vieil uzi
un cerf est passé
& ton oiseau de nuit
semble nous dire
de ne pas blesser son ami
près de cette rivière si bleue
ne sois pas de celles
qui jouent les étrangères
près de cette rivière tellement bleue
pense à notre amour
& prends-le jusqu’au p’tit jour
le vent s’essouffle
pourtant je sens mon cœur
palpiter tout près
du velours de tes seins
tu m’époustoufles
écoute le chant des fleurs
profitons-en jusqu’au petit matin
près de cette rivière si bleue
ne sois pas de celles
qui jouent les étrangères
près de cette rivière tellement bleue
pense à notre amour
& prends-le jusqu’au p’tit jour
oh, tendre bébé ! ici on ne vend pas
de ces foutues pilules
qui donnent de la tendresse
faut toujours tout dealer
mais je crois que chez moi
tu es prise dans le piège
de mes caresses
près de cette rivière si bleue
ne sois pas de celles
qui jouent les étrangères
près de cette rivière tellement bleue
pense à notre amour
& prends-le jusqu’au p’tit jour
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
viens me planter
ton petit poing sur le nez
viens me claquer
tes petits mots sur les nerfs
quand je te vois en colère
ça finit par me plaire
t’es bien roulée
mais tu me vends que du vent
tu fais chanter mes ressentiments
rire mes tourments
pleure pas pour moi
même si j’aime tes kleenex usés
pleure pas pour moi
bébé tu m’as déjà dévasté
tu ne trouves de plaisir
qu’en me voyant souffrir
pleure pas pour moi
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
je crois que c’est la nuit
mes larmes cachent le jour
je n’vois que la pluie
j’ai dû laisser passer mon tour
je ne comprends plus
je n’ai plus de repères
au fond de ma propre rue
je sais plus, je me perds
vraiment je sais plus
un fantôme est en moi
j’ai perdu la vue
j’ai dû cramer ma voix
je ne vois plus rien
j’ai perdu mon passé
je suis comme un chien
aboyant sur le pavé
je ne suis plus rien
juste une épave à brader
oh ! tant de distance
dans tes yeux mon amour
oh ! tant de distance
dans ce foutu contre-jour
tant de distance
qui a changé ton discours
oh ! tant de distance
qui tue ta tendre beauté
enroulée dans mon corps
en cette nuit d’été
je te vois encore
ivre de nos baisers
ta façon de me dire :
un petit white russian guy ?
ta manière de rire
en jouant les canailles
mais je n’vois maintenant
que le mot fin sur l’écran
oh ! tant de distance
dans ton regard mon amour
tant de distance
dans ce drame à contre-jour
tant de distance
qui a changé ton discours
oh ! tant de distance
qui flingue ta féminité
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
est-ce que t’as trouvé
le permis pour tromper
tous tes vieux amis
tous ceux qui t’ont trop aimée ?
tu t’en retournes en arrière
auprès des chiens de l’enfer
est-ce que t’as trouvé
la sortie hallucinée
que tu cherchais ici
quand nous voulions juste t’aider ?
mais tu retournes en arrière
vers tes féeries solitaires
& tu marches sur ton ombre
de nouveau du côté sombre
t’as perdu le goût du jour
rendez-vous au dernier carrefour
est-ce que t’as trouvé
un soleil noir caché ?
tu venais du paradis
petite fille un peu paumée
& tu retournes au désert
auprès des chiens de l’enfer
& tu marches sur ton ombre
de nouveau du côté sombre
t’as perdu le goût du jour
rendez-vous au dernier carrefour
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
né d’un spectre érubescent
dans un désert opiacé
j’bois du jus de charbon ardent
je fume des fleurs de sorciers
oh ! c’est tellement bon !
surtout t’inquiète pas maman
t’inquiète demain je rentre à la maison
je partouze au golgotha
& je débloque chez les angels
je lis l’évangile d’attila
je prends des bains d’eau de javel
oh ! ça tourne rond !
mais surtout t’inquiète pas m’man
t’inquiète demain je rentre à la maison
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
& je kiffe quand je sniffe
mes odeurs d’inferno
le temps perd ses tristes ratures
la terre prend de la distance
je me sens comme une bavure
d’un dieu crevant de son silence
oh ! ça devient long !
mais surtout t’inquiète pas m’man
t’inquiète on a les mêmes à la maison
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
& je kiffe quand je sniffe…
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
& je kiffe quand je sniffe
mes odeurs d’inferno
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
je ne suis qu’un rêveur
planant sur ta vie
un esprit tapageur
qui vient troubler tes nuits
prisonnier de ton rire
esclave de ton corps
je veux juste t’offrir
l’amour sans la mort
qu’un rêveur !
à l’ombre de ta beauté
qu’un rêveur !
sous tes parfums satinés
qu’un rêveur !
qui ne pense qu’à t’aimer
qu’un rêveur !
qu’en veut trop…
si parfois je ruisselle
comme un vieux troubadour
sous les yeux maternels
d’une barmaid trop glamour
c’est pour mieux revenir
vagabond dans ta rue
& pour mieux ressentir
tes baisers perdus
qu’un rêveur !
à l’ombre de ta beauté
qu’un rêveur !
sous tes regards bleutés
qu’un rêveur !
qui ne pense qu’à t’aimer
qu’un rêveur !
qu’en veut trop…
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
le temps passe toujours un peu vite
& c’est peut-être notre chance
c’est au coin de nihil street
que j’ai croisé l’infini
beaucoup pensent qu’ils ont du mérite
dans leurs souterrains rances
à ces nouveaux gueux de la guérite
j’préfère ta porte de sortie
déjà les filles du silence
aux magnolias en fleurs
jouaient de ma patience
en me moissonnant le cœur
ma sorcière a trempé
ses doigts dans le sang chaud
& j’ai goulûment léché
les pores de sa peau
j’ai jamais bien supporté
les vieilles polkas nazies
& me voilà planté
dans un trou du missouri
je retrouve le carrefour
le diable & son contrat
mais soudain mon rêve devient lourd
je m’réveille trempé dans tes draps
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
qu’est-ce t’allais foutre à 4 du mat
chez ce clown allumé ? (bis)
me prends pas pour un abruti
un idiot pervers
fais de ta vie ce que tu veux
mais me colle pas la poisse (bis)
j’ai payé pour des conneries
que je ne veux plus faire
donne, donne, donne
ce que tu me caches (ter)
à quoi peut servir une aiguille
quand on n’a pas le style ? (bis)
le fil à retordre la vie
juste avant l’enfer
donne, donne, donne
ce que tu me caches (bis)
donne, donne, donne…
sous ton vieux sweater
oh, fais pas la con sister !
donne, donne, donne
down, down, down
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
tu m’as fait danser sur du verre pilé
tu m’as fait croire à un amour cinglé
moi j’étais fou de ta pâleur nocturne
& de ta soif à me lécher les burnes
t’as mis mon cœur à brûler sur ton grill
t’as mis mon âme à sécher sur ton fil
& moi je n’étais qu’un vieux saltimbanque
un clochard en smoking &… toujours en manque
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand on sera dissident
dis-moi quel âge ?
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand j’aurai 2000 ans
dis-moi quel âge ?
il est trop tard pour marquer l’horizon
d’une flèche illisible & sans dérision
tu joues les barbies, tu joues les bimbos
tu joues à te perdre dans ton égo
il est trop tôt pour décalquer ma peau
sur ton tambour en faisant des saltos
je m’écorche en dansant sous les regards
de tes crapauds crapuleux & blafards
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand on sera dissident
dis-moi quel âge ?
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand j’aurai 2000 ans
dis-moi quel âge ?
j’ai tenté de m’abrutir dans la musique
l’alcool, le sexe & les barbituriques
j’ai tout fait pour nullifier mes espoirs
dès le petit matin j’attends le soir
déjà petit dans les cours de récré
quand on parlait de nos futures années
moi je disais que je connaissais mon sort :
quand j’serai grand moi, j’veux être mort !
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand on sera dissident
dis-moi quel âge ?
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand j’aurai 2000 ans
dis-moi quel âge ?
reviens encore vers moi une dernière fois
le temps d’un cunnilingus & d’une gueule de bois
le temps d’un dust my broom ou d’un johnny guitar
le temps d’un jack daniel’s & d’un bon vieux pétard
reviens encore vers moi ma douce beauté
l’avenir est en route vers mon passé
ton string n’est plus qu’une boule de nylon
& je te tends ma bouteille de bourbon
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand on sera dissident
dis-moi quel âge ?
quel âge auras-tu p’tite
dis-moi quel âge ?
quand j’aurai 2000 ans
dis-moi quel âge ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Paul Personne
on pleure pas parce qu’un train s’en va (bis)
on reste là sur le quai
on attend…
on attend sous un ciel de suie
que les dieux nous métamorphosent
& ça sent le sexe transi
sous le rose de nos ecchymoses
on attend sous l’œil du cyclone
l’ouragan de nos souvenirs
tous ces milliers de bouts d’icônes
dans nos boîtes crâniennes en délire
on pleure pas parce qu’un train s’en va (bis)
on reste là sur le quai
on attend…
on attend l’ange inquisiteur
dans le calme froid de l’aurore
quand les chiens vitreux de la peur
flairent l’odeur sucrée de la mort
on pleure pas parce qu’un train s’en va (bis)
on reste là sur le quai
on attend…
on attend l’ultime prédatrice
dans sa robe de vamp-araignée
& l’acier de son ladysmith
au moment du dernier baiser
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
scandale mélancolique
sentiments discordants
le parme des colchiques
rend le ciel aveuglant
la beauté de l’ennui
dans la nuit qui bourdonne
a la galeuse féerie
des crépuscules d’automne
scandale mélancolique
les morts parlent en dormant
& leurs cris oniriques
traversent nos écrans
vieil écho sibyllin
qui bogue entre deux mails
avec des mots fusains
sous le flou des pastels
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
scandale mélancolique
ivres & gorgées de sang
les démones antiques
jouent avec nos enfants
de vénéneux parfums
en chimériques errances
l’éternel rêve humain
a le charme un peu rance
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
scandale mélancolique
à l’ouest du néant
dans leur marbre gothique
besognées par le temps
les reines immortelles
ont le silence austère
des mères qui nous rappellent
sous leur lingerie de pierre
de la folie des ombres
à l’alchimie des heures
on se perd dans le nombre
infini des rumeurs
c’est juste une pénombre
au fond de la douleur
c’est juste un coin trop sombre
au bout d’un autre ailleurs (bis)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Frédéric Lo
nous sommes tous un peu trop fragiles
à regarder tomber la nuit
sur le vert-de-gris de nos villes
avec nos amours sous la pluie
dans cette grisaille silencieuse
où les regards de nos déesses
deviennent des ombres orageuses
& chargées d’étrange tristesse
elles
magnifiquement belles
elles
magnifiquement…
elles ont cette folie si tranquille
ce calme étrange au bord du stress
quand nous traînons sur nos béquilles
à leur mendier de la tendresse
elles sont si brillantes & si vraies
dans le chaud velours de leurs nids
pour nous piètres morveux distraits
qui nous prenons pour des génies
elles
magnifiquement belles
elles
magnifiquement…
elles portent en nous des cris d’enfants
comme au temps des cours de récré
quand on attend l’heure des mamans
au bout de nos cœurs estropiés
elles ont le monde entre leurs seins
& nous sommes des oiseaux perdus
des ptérodactyles en déclin
avec des sentiments tordus
elles
magnifiquement belles
elles
magnifiquement…
nous sommes tous un peu trop fragiles
à regarder tomber la nuit
sur le vert-de-gris de nos villes
avec nos amours sous la pluie
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Cali
les joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille & l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
je rêve d’être flambé au-dessus du vésuve
& me défonce au gaz échappé d’un diesel
à la manufacture métaphysique d’effluves
où mes synapses explosent en millions d’étincelles
reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval
que j’embrasse à turin pour en faire un complice
ivre de prolixine & d’acide cortical
je dégaine mon walther ppk de service
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
bien vibré bien relax en un tempo laid back
rasta lunaire baisant la main d’oméga queen
je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
d’un sturm und drang sans fin au bout du never been
fac-similé d’amour & de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
j’ai volé mon âme à un clown
un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon
j’ai volé mon âme à un clown
un clone au cœur de cône du rêve baby baboon
j’ai volé mon âme… à un clown !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : JP Nataf
cimetière de charleville, cimetière d’auvers-sur-oise
mon âme funérailleuse me fusille le cerveau
il est fini le temps des laudanums-framboises
& le temps des visites au corbeau d’allan poe
voici la voile noire du navire de thésée
qui me déchire les yeux au large de sounion
où un stupide anglais prétentieux a gravé
comme un vulgaire touriste le nom de lord byron
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
ne m’attends pas ce soir car la nuit sera noire
& blanche, illuminée, rue de la vieille lanterne
où nerval a pendu son linge & sa mémoire
sous le regard des dieux au bout d’un drap en berne
je rêve de transparence & d’épouvantes mystiques
le long de la frontière qui jouxte l’inconnu
en traînant mon cadavre & mon vide pathétique
& ma douleur femelle sur mon dos de bossu
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
baudelaire est mort hier à 11 heures du matin
en zoomant d’apaisantes nuées crépusculaires
fatigué d’un été qui le rongeait sans fin
& de l’hargneuse odeur des furies sanitaires
moi je pars pour dublin sur un nuiteux cargo
qui traverse le temps perdu de la sagesse
& rejoins le bateau ivre d’arthur rimbaud
dans le flux des bateaux tankers d’arthur guiness
le jeu de la folie est un sport de l’extrême
qui se pratique souvent au bord des précipices
où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes
des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
les hémisphères bleus de la lune
jouent avec ton regard troublant
quand tu te fous de l’amertume
de ceux qui te baisent en rêvant
je reste là dans ta dérive
à contempler le jour naissant
de ta frêle beauté qui esquive
tous les futurs compromettants
last exit to paradise
come into my dream
come into my vice
last exit to paradise
or else i’ll scream
or else i’ll cry
last exit to paradise
or else i get out of your stream
out of your sky
& les cracheurs d’étoiles filantes
t’offrent leur flamme énigmatique
pour éclairer les déferlantes
au fond de tes yeux magnétiques
les chœurs de l’armée du salut
se mettent en transe lorsque tu danses
& dieu téléphone au samu
pour qu’on le ramène aux urgences
last exit to paradise
come into my dream
come into my vice
last exit to paradise
or else i’m gonna scream
or else i’m gonna cry
last exit to paradise
or else i get out of your stream
out of your sky
& quand tu verras refleurir
le temps des rires & des glaïeuls
je viendrai dans tes souvenirs
pour te sentir un peu moins seule
je serai ton joyeux fantôme
éméché du petit matin
celui des triptyques & des dômes
du quattrocento florentin
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
descendre dans la soufflerie
où se terre le mystère inquiet
des ondes & de l’asymétrie
des paramètres au cœur violet
je vois des voiles d’aluminium
au fond de mon regard distrait
des odeurs de mercurochrome
sur le registre des mes plaies
le vent glacé sur mon sourire
laisse une traînée de buée
quand je regarde l’avenir
au fond de mes yeux nécrosés
le vide a des lueurs d’espoir
qui laissent une ombre inachevée
sur les pages moisies de l’histoire
où je traîne ma frise argentée
mais mon regard s’efface
je suis l’étranger dans la glace
ma mémoire s’efface
la brume adoucit les contours
des ratures sur mes triolets
la valse des nuits & des jours
se perd dans un murmure discret
les matins bleus de ma jeunesse
s’irisent en flou multicolore
sur les molécules en détresse
dans le gris des laboratoires
mais mon regard s’efface
je suis l’étranger dans la glace
ma mémoire s’efface
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Jérémie Kisling
j’aime rôder vers les fleurs perdues
dans les jardins sauvages
aux parfums d’ardoises & de rues
des villes avant l’orage
la rosée de leurs yeux trop mauves
reflète une lumière
qui conduit parfois les vieux fauves
& les anges en enfer
j’aime rôder vers les fleurs perdues
dans les jardins sauvages
& m’égarer dans les ciguës
& dans les saxifrages
sentir la chair d’une figue verte
qui s’offre lentement
sur le rose d’une corolle ouverte
à mon souffle tremblant
j’aime rôder vers les fleurs perdues
dans les jardins sauvages
aux nuances des gris-bleus des grues
des banlieues de passage
le velours de leurs lèvres humides
à l’ombre de leurs voiles
m’entraîne & m’attire vers le vide
où murmurent les étoiles
j’aime rôder vers les fleurs perdues
dans les jardins sauvages
aux parfums d’ardoises & de rues
des villes avant l’orage
suivre le jeu d’une étamine
sur un œillet violet
qui s’entrouvre & qui s’illumine
d’une larme de lait
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Mickael Furnon
j’ai très souvent pensé à toi
depuis ce matin de juillet
où je t’ai vu traîner ta croix
pendant que les idiots causaient
le chagrin joue avec les lois
& les lois jouent avec nos plaies
les salauds sont pas ceux qu’on croit
quand tout bascule à l’imparfait
ronge tes barreaux avec les dents
le soleil est là qui t’attend
ronge tes barreaux avec les dents
tes amis deviennent impatients
j’imagine ton cœur & ton corps
piétinés au fil des journées
& je te vois dans un remords
imprimé pour l’éternité
je rêve pour toi de réconfort
de joie & de paix retrouvée
si tu pouvais sourire encore
quand tes larmes seront séchées
ronge tes barreaux avec les dents
le soleil est là qui t’attend
ronge tes barreaux avec les dents
tes amis deviennent impatients
tu as perdu ton bel amour
tu as perdu tes rêves d’enfant
& tu passes à travers le jour
pâle, éphémère & transparent
on aimerait te voir de retour
dans l’univers des survivants
villon prisonnier de la tour
qui sera ton charles d’orléans
ronge tes barreaux avec les dents
le soleil est là qui t’attend
ronge tes barreaux avec les dents
tes amis deviennent impatients
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Elista
on vient tous d’une capote usée
on vient tous d’un immense amour
d’une histoire d’acides aminés
pour caniches & pour troubadours
l’annuaire des cycles ovariens
remplit les pages des tabloïds
où les princesses « royal canin »
jouent avec leurs éphémérides
on met des mots sur le silence
pour être sûr d’avoir raison
surtout pas troubler nos consciences
dans le vertige des vibrations
mais le vent tourne & le temps passe
enfin tranquille & sans rancune
je vois s’éloigner les rapaces
loin des temples en marbre de lune
j’ai découvert la solitude
le jour de ma fécondation
et bien que j’en aie pris l’habitude
j’attends l’heure de ma rédemption
les néons noirs de l’espérance
éclairent mon ombre & mes soupirs
sur la blancheur de l’innocence
de mon plus macabre sourire
j’envisage une fin qui détonne
comme un jet de gaz ionisé
imprimée sur ma remington
calibre 12 & canon scié
car le vent tourne & le temps passe
enfin tranquille & sans rancune
je vois s’éloigner les rapaces
loin de ma tombe en larme de lune
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
la douceur convulsive des ventres funéraires
accouche de revenants aux yeux pâles & meurtris
parmi les os broyés des squelettes en poussière
couronnés de lauriers desséchés & flétris
de généreuses harpies aux aboiements lubriques
offrent leur cellulite & leurs nichons blafards
à de quelconques fouines en robes synthétiques
fendues jusqu’aux néons de leur croupe ovipare
mouvement chorégraphique d’un trip au bord du vide
où le danseur en croix sodomise un lépreux
devant les caméras saturnales & fétides
de la pensée commune aux troubles nauséeux
la nuit de la samain, sainte citrouille halloween
carnaval souterrain, lampions dans les latrines
la nuit de la samain, gueule de pine halloween
jocrisses & palotins, sulfateuses endocrines
je vois des cavaliers qui te sucrent tes tours
sur l’échiquier barbare au style mahométan
& puis ta reine en garde & tes pions qui débourrent
en cramant la mosquée où je fume en afghan
projection primitive d’un logiciel sans fin
j’attends la fleur féline aux yeux mouillés de chrome
sous le plumage poisseux des regards clandestins
rivés sur le cockpit de mon vaisseau fantôme
la nuit de la samain, sainte citrouille halloween
carnaval souterrain, lampions dans les latrines
la nuit de la samain, gueule de pine halloween
jocrisses & palotins, sulfateuses endocrines
la vidéo mentale projette sur mes capteurs
l’imago populaire, hystérique & banal
d’un égout surpeuplé de monstres tapageurs
en quête d’une orgie sur l’écran terminal
la nuit de la samain, sainte citrouille halloween
carnaval souterrain, lampions dans les latrines
la nuit de la samain, gueule de pine halloween
jocrisses & palotins, sulfateuses endocrines
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Roberto Briot
beaucoup de mes formules ignares
flottent au-dessus de vagues hospices
derrière les écluses & les gares
derrière les glands des frontispices
où les amants d’une autre guerre
ont joué sur d’autres marelles
un pied sur le continent terre
& l’autre sur l’écran du ciel
when maurice meets alice
ils étaient sortis de l’enfance
comme les fantômes d’un vestibule
avec un fichier sur leurs chances
& des fleurs sur leurs matricules
elle était belle comme un enfer
avec ses yeux bleus d’insomnie
il était fort comme l’est un père
quand on le regarde petit
when maurice meets alice
elle, elle était surtout fortiche
pour faire les mômes & les aimer
lui, il rallumait sa cibiche
avant de partir pour pointer
& nous on était la marmaille
disciplinée mais bordélique
à les emmerder vaille que vaille
pour les rendre plus prophétiques
when maurice meets alice
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Philippe Paradis
hard enough to be yourself
too much work to be somebody else
it’s too much work and a lot of make up my dear
for that angry man standing on the pier
don’t you think it’s hard enough to be yourself
too much work to be somebody else
чтобы снять с сердца камень
должен уйти я от себя
hard enough not to be anybody
to slay the beast, to kill the fear
for that man in his fifties staring at the sea
that angry man standing on the pier
don’t you think it’s hard enough to be yourself
too much work to be somebody else
vire cette pierre de ton cœur
elle fait plus le poids
faut parfois sortir de soi
… just an angry man standing on the pier
Paroles : Boris Bergman
Musique : Hubert Félix Thiéfaine
vapeurs paradisiaques
de souvenirs toxiques
dans l’ombre aphrodisiaque
d’un junkie mécanique
n’est-ce pas le cri du vent
qui souffle à travers nos amplis
ou ce reflux du temps
dans les couloirs des nostalgies ?
n’est-ce pas la nuit en transe
qui peint en noir nos artifices ?
comme une sentence
envoyez l’ambulance
pour elmo lewis
silhouette embrumée
dans le matin banal
d’un idiot naufragé
quittant ses bacchanales
n’est-ce pas lady black-out
là-bas au coin de l’infirmerie
qui joue les talent-scouts
& jongle avec nos veines meurtries ?
n’est-ce pas l’étrange absence
de chien funèbre au box-office ?
comme une sentence
envoyez l’ambulance
pour elmo lewis
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
combattants dans les rues qui puent la trique
la moiteur rance & la mauvaise conscience
gargouilles ricanantes aux vitrines gothiques
dans la noria des brancards en cadence
on n’entend plus crapuler dans le vent
les discours des leaders & des tribuns
tous les mornes aboyeurs de slogans
les sycophantes & les théoriciens
bourgeoises hallucinées dans les poubelles
qu’elles n’auraient jamais dû quitter naguère
89 c’était leur chiffre à elles
maintenant ça change de date partenaires
j’espère que l’on assassinera mozart
& sa zicmu pour noces & matchs de foot
& qu’y aura du beau tag sur ces boulevards
plus spleeneux qu’une seringue après un shoot
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas
eh mec, tu t’acharnes à tirer les stores
pour te cacher de la rue en chaleur
& tu dis du bout de tes dents en or :
dommage que dieu soit plus à la hauteur !
faut être saturé d’un rare espoir
pour danser dans les ruines des limousines
y’a ta BM qui crame sur le trottoir
dis-toi que c’est beau comme un chœur d’orphelines
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
mercenaires de lilith contre miliciens d’ève
dans la fumée des incendies sanglants
la rue s’effondre & le peuple se lève
& j’avoue que ça m’laisse pas indifférent
j’débouche un autre vieux corton-charlemagne
en compagnie de ravissantes callgirls
qui fument joyeuses en dégrafant leurs pagnes
de la sinsémilia dans mon brûle-gueule
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
le soleil joue sur nous (bis)
& vous vous avez l’air si sûre de tout
whaou !
le soleil joue sur nous (bis)
& je vous avoue que je suis jaloux
& fou de vous
& maintenant je m’imagine
sous vos dentelles, vos crinolines
le cœur coincé dans la portière
de votre chenard & walcker
au fond de vos yeux bleus d’agate
je vois vos scissures & vos strates
& ce désir qui vous habite
lorsque ma bouche touche aux limites
de votre split
le soleil joue sur nous (bis)
whaou !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la nuit s’achève, les étoiles pèlent, le jour se lève
ta mère vêle & ton rêve amer commence en transe
& sans trêve en enfer car tu sais qu’on achève
les nouveau-nés, les veaux de l’année qui cassent la cadence
dès que tu nais on te met le pied à l’étrier
& faut ramer toute la journée tu es damné
tu es fiché sur le fichier qui fait chier les
fauchés échauffés & les chattes échaudées
& giflé par le chef qui te dit : l’apprenti
si tu fais ci, tu fais pas ça, tu sais la vie
c’est pas du cinéma, qui rit le mercredi
vendredi pleurera & sans doute cramera
son karma comme un rat le mardi, oh la la ! l’abruti
qui l’employé du mois jamais ne deviendra
also sprach winnie l’ourson (bis)
peu à peu t’avances dans la danse mais faut apprendre
à reculer, à t’effacer, faut pas comprendre
faut pas toucher, pas mettre les yeux dans l’même panier
ni les doigts dans le nez des mémés aux gros nénés
pas fumer dans les cabinets, ni picoler
sur l’oreiller : boire ou bander il faut choiser !
la vie c’est pas comme dans une salle de projection
avec du pop-corn à la con & les deux mains
nichées sur des nichons au bout de l’hameçon
de l’âme-sœur qui te fait l’ascension de ton bandonéon
& quand les p’tites culottes mouillent & se retrouvent soûles
dans la foule vas-y cool, roule & roucoule ma poule
la vie c’est pas qu’un vit y’a tous les sans QI
qui drucker le dimanche & nohain le jeudi
also sprach winnie l’ourson (bis)
mais y’a pas que les conneries futiles & dérisoires
qui flinguent le quotidien du citoyen moyen
il y a les horreurs que nous livre l’histoire
à la une des journaux pour faire jouir TF1
entre bombardements, accidents, tremblements
de terre ici ou là dans l’attentat du temps
pas la peine de t’inscrire pour les tribulations
du roumi jean-marie parti en algérie
pour que t’aies la vision des cruelles perversions
ineffables infamies de ces démocraties
it’s not utile itou de relire cheyenne autumn
ou autre chose de mari sandoz pour connaître la cause
des névroses, des nécroses, overdoses, cirrhoses des autochtones
piégés par la psychose des visages roses moroses
also sprach winnie l’ourson (bis)
pas la peine de revoir le mépris de godard
ni la honte de bergman ni gang-bang à cuba
pour finir en paumé à la sortie des gares
entre une vieille hétéro, deux diesels & trois rats
& quelques veuves austères-militantes limitées
dévorant les rognons de leurs enfants mort-nés
pas la peine d’écouter la fin du titanic
vue par gavin bryars déjà tu coules à pic
déjà l’ultime question n’attend plus les réponses
aux métaphores obscures, obsolètes & absconses
les mots sont des rapaces qui tournent hallucinés
au-dessus du corral où pleurent des fiancés
l’amour est un enfant de coyote enragé
qui fuit le chaparral en emportant les clés
also sprach winnie l’ourson (bis)
mais faudra te relever, embrayer, faire semblant
de gagner, de boxer, de montrer toutes tes dents
les gens d’ici n’aiment pas les souffreteux-gisants
qui leur donnent l’impression que la vie c’est pas kiffant
tu devras leur faire croire que tu t’en es sorti
que maintenant tu t’en fous, que ce qui est dit est dit
même si ça veut rien dire les gens d’ici s’épanchent
si tu leur donnes pas l’illuse d’être des museaux de tanches
parfois faudra aussi faire croire que tu les aimes
que tes synapses cramées te servent encore d’antennes
& leur servir à boire, les noyer dans l’amour
dans l’ivresse des caresses, des baisers de velours
l’amour est un enfant de poème incongru
qui bugle de son muggle aux remugles d’hallus les morues de la rue
also sprach winnie l’ourson (bis)
maintenant t’es mûr pour le combat dans ton hamac
tu sais tout, tu sais rien, c’est pareil c’est en vrac
c’est l’éternel scénar, c’est l’éternel roman
c’est ce qu’on nous apprend dans l’ancien testament
dans l’odyssée d’homère, dans playboy, dans france-soir
dans les pièces de shakespeare, les manuels d’histoire
dans le journal de mickey, dans les modes & travelos
dans vélo magazine, dans mets-la-moi-rocco
dans le petit albert, dans le livre des morts
dans le coran, dans l’argus, dans le journal des sports
dans batman, aristote, bukowski ou schiller
van gogh, warhol, pollock, debussy ou mahler
dans fustel de coulanges, notorious big aussi
& puis dans la naissance de la tragédie
& dans winnie ! oui dans winnie !
also sprach winnie l’ourson (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Franck Pilant
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce mes yeux dingues & opaques
taillés dans du verre-cathédrale
& rouillés à la fleur de pack
qui perdent leur vision normale ?
ou bien sont-ce ses doux effluves
de petit animal pastel
qui plongent mes rêves dans une étuve
& brûlent mes nerfs aux étincelles ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce les dernières lueurs du jour
au rythme bleu des ambulances
qui libèrent un appel d’amour
dans ma tête rongée de silence ?
ou bien sont-ce ses seins si frêles
sous son zomblou de basketteuse
son sourire de jaguar femelle
dans l’œil de ma débroussailleuse ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce ses nénuphars si doux
ses roses parfums de vieil empire
ou ses lotus à feuilles d’hibou
qui viennent tourmenter mes désirs ?
sont-ce ses oiseaux migrateurs
dans le fouillis de ses cheveux
soleils au chakra de son cœur
qui frappent au clavier de mes vœux ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
sont-ce les visions de sa fêlure
aux lèvres lilas de son spleen
qui me font hisser la mâture
& gonfler ma voile zinzoline ?
sont-ce ses doigts de chloroforme
sur son petit castor fendu
qui miaule à minuit pour la forme
au rayon des fruits défendus ?
la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies
les ptérodactyles virent en vrilles
au-dessus des banana-shows
& les beurdigailles font des trilles
avec les gomina-yoyos
les tapons* ricanent dans les bois
& klaxonnent bambi l’orphelin
tandis qu’un stégobulle flamboie
dans l’air transparent du matin
mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies
les grapheurs fous sixtinent la ZUP
& lorgnent les jambes incendiaires
qui montent longuement sous les jupes
jusqu’au noyau de l’univers
le soleil déshabille les filles
qui traînent le poids de leur soustingue
dans l’excitation des pupilles
des keumès au regard salingue
mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies
mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a envie de se pendre
mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a du mal à comprendre
pourquoi faut quitter son igloo
ses longues nuits de loup-garou
pour venir se cramer le chou
devant des conneries de barbecues
avec les autres jaloux qui jouent
du biniou & de la boîte à clous
à moitié fous dans leurs cailloux
à genoux ! poux ! (ter)
mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies
les sativas au crépuscule
les gommiers bleus, les maris roses
les jeunes taureaux qu’on émascule
dans la tulle des brumes en osmose
les molards sous les papillons
l’hémoglobine sur mes stigmates
ma treille bouffée par les morpions
& ce putain de soleil qui m’délatte
mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
Note : * héron héron petit pas tapon
(A Charles belle)
camélia & rature fœtale
sur l’agenda des mots perdus
lèvres glacées, masque animal
au carnaval des cœurs déchus
camélia & délire fatal
bruit du flat-six & longue-distance
autoroutes septentrionales
dans le cambouis de nos silences
camélia & brumes hivernales
vers ce vieux nord toujours frileux
exil blême & sentimental
dans la tristesse des soirs pluvieux
errance au milieu de la nuit
dans un brouillard vertigineux
sur un port au bout de l’ennui
aux longs dédales mystérieux
tu croises une ombre solitaire
à genoux devant un tombeau
qui prie pour les années-lumière
à la clarté d’un braséro
tandis qu’au loin sur l’océan
gémissent les cornes de brume
pour un cargo-fantôme géant
qui clignote au raz de l’écume
camélia & désert astral
fin d’histoire d’amants déchirés
visages figés, fleur cannibale
au péage des transferts minés
camélia & désir obscène
de luminosité blessée
visages fermés, couleur de haine
amours défuntes & desséchées
camélia & rature finale
sur l’agenda des mots perdus
lèvres glacées, masque animal
au carnaval des cœurs déchus
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans tes pompes en peau de chauve-souris
& ta veste en cuir de cafard
tu passes la moitié de ton ennui
à t’estropier dans les blizzards
les infirmières des premiers secours
qui viennent te border aux urgences
te disent : tu vas finir un jour
par souffrir d’un manque de souffrance
alors tu passes toutes tes nuits
à t’attendre jusqu’au matin
à plumer au poker des insomnies
ton ange-gardien
alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (bis)
si la vie est une illusion
avec des fous-rires en voix-off
tu t’fais du mal, tu tournes en rond
à courir derrière lara croft
t’as les hémisphères au taquet
les potards sur danger d’amor
t’es chargé à 10 000 giga-octets
sur le point de bletter tous tes transistors
alors tu passes toutes tes nuits
à t’attendre jusqu’au matin
à plumer au poker des insomnies
ton ange-gardien
alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (bis)
avec leurs doux yeux colorés
au bioxyde de manganèse
les biodolls te font danser
au bal des parthénogénèses
elles sont programmées pour une heure
le temps de rincer sa libido
les indigènes appellent ça le bonheur
mais toi tu dis : j’préfère les marshmallows !
alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (ter)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
tu vides des packs de mauvaise bière
bercé par france télévision
qui t’offre ses documentaires
sur les stations d’épuration
même l’été sous la canicule
t’as froid dans ton thermolactyl
& tu pleures au milieu des bulles
de ton sushi rayé des îles
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
t’as pas appris dans ton enfance
l’amour, la joie ni le bonheur
t’as juste étudié l’arrogance
dans l’angoisse, la honte & la peur
ton fax fixe un démon qui passe
à l’heure où tout devient trop clair
où tu contemples dans ta glace
une certaine idée de l’enfer
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’un jour chez norauto
tu verras ta reine arriver
au volant de la stéréo
d’un tuning-car customisé
mais l’amour s’use à la lumière
& les louttes sont toutes un peu louffes
elles te feront jouer du somnifère
dans un H.P. avec les oufs
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
peut-être qu’en smurfant sur ta folie
tu deviendras l’idole des bas-fonds
à qui le branleux tout-paris
fera sa standing ovation
mais d’applauses en salamalecs
de backstages en mondanités
la réussite est un échec
pour celui qui veut plus danser
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
chien foudroyé
par un éclair
dans la poussière
ça sent le cramé
mauvaise mémoire
chauffée à blanc
dans l’œil sanglant
d’un ciel trop noir
au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend
mambas… chaleur
pensées foireuses
guitare poisseuse
moiteur… moteur !
ombre au compte-gouttes
sous l’arbre mort
je mords mon mors
je fixe la route
au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend
mauvais whisky
cœur frelaté
cerveau plombé
mesures en mi
près de jackson city
(mississipi)
entre biloxi
& memphis (tennessee)
au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend
at the crossroad…
i’m waiting for…
i’m waiting for a man…
i’m waiting for the man…
i’m waiting for the hoochie-coochie man…
yeh ! hoochie-coochie man…
« i got a black cat bone, i got a mojo too »
hoochie-coochie man…
at the crossroad…
honky-tonk man
j’rallume un joint
j’entends au loin
le blues du bagne
je m’invente des filles
dans des clandés
à santa fé
ou à mobile
je rêve d’une cabane
à chicago
2120
south-michigan
je vide mon cœur
mégot de stick
valet de pique
& dame de cœur
au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend
harmonica
entre les dents
j’entends le vent
sur mon contrat
le blues résonne
une ford aboie
& j’vois devant moi
le diable en personne…
robert johnson
willie dixon
john lee hooker
muddy waters
elmore james
howlin’ wolf
screamin’jay hawkins
sonny boy williamson
bessie smith
jimmy reed
memphis slim
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les fleurs de rêve obscur secrètent de noirs parfums
dans la féerie marbrée des crépuscules forains
théâtre d’harmonie, panorama lunaire
aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire
où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges
s’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige
banquises phosphorescentes & bleue mélancolie
qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies
aux étranges accords, sous d’étranges latitudes
qui te révèlent les fastes de la solitude
les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches
ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches
& dansent la sarabande frivole des courtisanes
à la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes
odeurs de mandarine & rafales de cannelle
mélodies cristallines & vapeurs d’arc-en-ciel
là-bas sous un tilleul, à l’ombre d’une fontaine
notre dame de la nuit distribue l’oxygène
& le septième cercle de la béatitude
te révèle les fastes de la solitude
la princesse aux camées fait blinder sa pâleur
pour franchir les spirales du miroir intérieur
pétales-rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule
dans le tumultueux chaos des particules
mandalas schizoïdes & soupirs féminins
sur les claviers bulbeux des orages clandestins
sépultures de valium pour voyageurs-vampires
errant dans les sargasses d’un océan martyr
& le doute qui ravage même tes incertitudes
te révèle les fastes de la solitude
joseph d’arimathie & uther pendragon
chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction
& cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes
rouges-iguane & oranges brûlés des soirs d’automne
leurs druides au bec bunsen en livrées de valets
te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai
plus rapide qu’une aston dans les mains de shelby
tu reprends l’avantage au treizième martini
& l’ineffable attrait pour les bars d’altitude
te révèle les fastes de la solitude
le chevalier, la mort & le diable s’enfuient
des pinceaux de dürer pour absorber la nuit
tandis que mélusine aux longs cheveux défaits
t’organise une party dans la brume des marais
& dessine sur ton membre une cartographie
des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits
puis traverse le désert jusqu’à la thébaïde
où la fée méridienne de tes éphémérides
extirpant ton sourire poisseux de l’habitude
te révèle les fastes de la solitude
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans tes yeux cramoisis aux chiffres mentholés
j’aperçois le killer de tes amours vaudous
brisant les corps moisis, fallacieux & glacés
de tes poupées nitides aux baisers d’amadou
oh ! reine noire (bis)
météo-catharsis, santería-guérilla
vent d’hôpital-fantôme dans tes nuits guets-apens
ivresse des tambours fous, rêves creusés dans tes draps
de magnolias froissés au soleil noir flambant
oh ! reine noire (bis)
sacrifices de blaireaux sur les tombeaux flétris
de tes groupies mondains aux synapses éclatées
souvenirs-damnation dans tes yeux de momie
sous les horloges en flammes aux aiguilles torpillées
oh ! reine noire (bis)
tes amants sans mémoire
sans rêves & sans espoirs
défilent dans tes miroirs
reine noire
tes amants transitoires
transis & dérisoires
se traînent sur tes trottoirs
reine noire
figurines écrasées près des téléscripteurs
sous les ogives en fleurs de tes soirs-halloween
scorpions géants fouillant tes étoiles en vapeur
sous la pluie des fragments de tes caresses intimes
oh ! reine noire (bis)
tes amants sans mémoire
sans rêves & sans espoirs
défilent dans tes miroirs
reine noire
tes amants transitoires
transis & dérisoires
se traînent sur tes trottoirs
reine noire
…/… oh ! reine noire… no te me tangues black queen !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
avec les radars de sa reum surveillant ses draps mauves
& ses frelons d’écume froissée sur ses claviers d’alcôve
avec ses dieux chromés, ses fusibles hallucinogènes
& ses mitrailleurs albinos sur ses zones érogènes
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le placebo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses vieux démons, ses vieux tex avery sumériens
qui hantent les hootnannies de ses métamondes souterrains
avec l’insurrection de ses airbags sur sa poitrine
& ses jukebox hurlant dans le labyrinthe de son spleen
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse le distinguo sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
abdallah geronimo cohen (ter)
était né d’un croisement sur une vieille banquette citroën
de gwendolyn von strudel hitachi dupond levy tchang
& de zorba johnny strogonof garcia m’golo m’golo lang
tous deux de race humaine de nationalité terrienne (bis)
abdallah geronimo cohen (bis)
avec ses doc martens à pointes & son tutu fluo
pour le casting de casse-noisette dans sa version techno
avec son casque obligatoire pour ratisser les feuilles
tombées sur son balcon parmi ses disques durs en deuil
c’est juste une go qui cache pas ses blêmes
& qui se caresse la libido sur la dernière rengaine
la ballade d’abdallah geronimo cohen (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
ses rêves
au réveil
irradient
mes trêves
& mes veilles
mes envies
son corps
aux décors
de mes nuits
colore
en or
les bruits
de la pluie
ses lèvres
au soleil
à midi
s’enfièvrent
& s’enrayent
assouvies
son style
en subtile
alchimie
deale
une idylle
des mille
& une nuits
& pendant que ses blancs corbeaux
fouillent mes noires étendues de neige
je me consume & fume à fleur de faux
prisonnier d’un lumineux manège
ses rêves
au réveil
irradient
ma sève
à son miel
à son fruit
son cœur
décodeur
de mes nuits
pleure
& fleure
les odeurs
de ma pluie
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
frissons glacés dans les entrailles
à zone-la-ville by night
lorsque les laguioles signent en braille
l’échéance de ton bail
lorsque les étoiles en fusion
prennent ton dernier bastion
& t’entraînent dans le tourbillon
de la danse des neutrons
tu sais plus si c’est le vent du nord
qui souffle dans ton crâne un peu fort
ou bien si c’est l’ombre du remords
qui fait hurler les anges à la mort
sueurs froides, visage éclaté
odeurs de rat mouillé
sous les reflets désincarnés
d’un gyrophare usé
prisonnier de l’ultime étincelle
dans la dernière ruelle
peu à peu t’aperçois le tunnel
où brillent les immortels
tu sais plus si c’est le vent du nord
qui souffle dans ton crâne un peu fort
ou bien si c’est l’ombre du remords
qui fait hurler les anges à la mort
& bientôt t’hallucines un zinc
bien douillet, bien pervers
où les secrétaires cunnibilingues
se font les ongles dans la bière
où dans l’étrange pâleur du soir
tu surfes en solitaire
sur les margelles des abreuvoirs
où cendrillon lave les suaires…
fourgon sanitaire au galop
blouses blanches dans le rétro
adrénaline au point zéro
& silence au stétho
requiescat in pace vieux babe
tombé sous mes syllabes
on peut pas tous finir en nabab
dans l’gotha des macchabes
mais maintenant c’est plus le vent du nord
qui souffle dans ton crâne un peu fort
je crois que c’est l’ombre du remords
qui fait hurler les anges à la mort
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
sous les rayons factices d’un soleil terminal
après un vol obscur troublé de turbulences
ta carlingue fatiguée est en approche finale
dans une odeur de frites & de vieux sperme rance
terre !… terre !… terre !
dans quel état t’erres ! (bis)
tes enfants ne dansent plus, maintenant ils commémorent
à travers leurs modems & leurs écrans-goulag
le fardeau de leur âme sur le poids de leur corps
quand le futur bascule au bout des terrains vagues
terre !… terre !… terre !
dans quel état t’erres ! (bis)
2000 après j.c. sur les calendriers
50 & des poussières après adolf hitler
2000 après j.c. dans le flot des damnés
tu t’refais les paupières pour cacher ton cancer
terre !… terre !… terre !
joyeux anniversaire !
loin des verdâtres imams de l’écolomanie
j’aimerais encore te voir sensuelle & sulfureuse
j’aimerais encore renaître à ton ventre meurtri
là où ta peau devient humide & granuleuse
terre !… terre !… terre !
dans quel état t’erres ! (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
sur mon styx
une étoile fixe
illumine ma fréquence
& dans l’axe
où elle me faxe
excess est sa fragrance
comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
mes lèvres sur sa déchirure explosent
son bouton de rose
dans sa soie
je m’essuie les doigts
je bois dans son cristal
& son vin
coule au parfum
de ses vasques orientales
comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
mes lèvres sur sa déchirure explosent
son bouton de rose
& je voyage en classe clandestine
dans la sève des bouquets d’églantines
dans le satin d’essences assassines
je m’incline
elle est clean
si fine
féline
féminine…
mais le jour
se lève pas toujours
au milieu des dentelles
& parfois
je sens le froid
quand je suis trop loin d’elle
comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
mes lèvres sur sa déchirure explosent
son bouton de rose
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
cette nuit-là je rentrais d’une réunion tupperware
en compagnie du 7ème mari de ma 12ème épouse
complètement johnny walkerisés on essayait d’y voir
quéqu’chose dans le pare-brise de ma vieille renault 12
vers la 27ème heure
les étoiles étaient nulles & la lune était vide
& glauque comme le courrier du fan-club d’une idole
& pour m’extrapoler loin de cette idée morbide
j’me filmais un documentaire sur des culs menteurs & frivoles
vers la 27ème heure
quand soudain devant moi au milieu de la route
j’eus une apparition comme un coup d’grisou dans la soute
vers la 27ème heure
ça ressemblait à E.T. recouvert d’un voile ou d’une bâche
tissée dans la dentelle du puy sans fond où je m’enfonçais
ses poumons turgesceaient comme ceux de tabatha cash
mais du côté recto c’était plutôt brigitte lahaie
vers la 27ème heure
de la cicciolina ça reprenait le truc du grand écart
mais j’crois bien que les orteils étaient ceux d’ophélie winter
qui malheureusement n’a jamais été la nièce d’edgar
& encore moins la fille du grandissime johnny winter
vers la 27ème heure
quand soudain devant moi au milieu de la route
j’eus une apparition comme un rembrandt sous une vieille croûte
vers la 27ème heure
bientôt ça s’est mis à genoux comme si j’étais jésus
en tripotant le zip de mon armani 505
généralement j’aime pas trop qu’on m’touche les fringues dans les rues
mais là il faisait noir & j’étais pété comme un coing
vers la 27ème heure
le vernis de ses ongles s’écaillait sous ma ceinture
& le rouge de sa bouche restylée lolo ferrari
laissait des traces sur ma layette & sans jouer les durs
j’commençais à germer de violents projets d’infamie
vers la 27ème heure
quand soudain devant moi au milieu de la route
j’eus cette apparition de sainte bernadette soubirous
vers la 27ème heure
j’commençais à partir, à décoller sans ecstasy
à me mettre à gémir sous les caresses de la diablesse
c’est alors que le druide en moi s’éveilla dans la nuit
& se mit à sermonner durement la jolie démonesse
vers la 27ème heure
« que faites-vous pauvre enfant égarée loin du paradis
je vous ai reconnue, j’avais votre photo dans mon missel ?
que vont penser de vous les dieux, les anges, les saints-esprits
s’ils apprennent que la nuit vous faites la pute loin des chapelles ?
vers la 27ème heure
oui par isis & déméter, les matrones associées
que va penser de vous votre si bonne vierge marie ?
n’est-il pas vrai qu’un bon croyant est un être asexué
sans idées moches dans la calotte… » quand elle m’interrompit
vers la 27ème heure
« ferme-la pauvre nœud t’as rien compris à la madone
t’as rien compris au sexe des anges & des spiritueux
car si dieu le père & dieu le fils sont la seule & même personne
comment veux-tu que la mère & le fils soient pas incestueux ? »
vers la 27ème heure
quand soudain devant moi au milieu de la route
j’eus une apparition comme une sainte au milieu des loutes
vers la 27ème heure
comme j’étais ni catho, ni musulman, ni talmudique
j’ai finalement lâché ma pudibonderie démodée
& je me suis laissé faire dans un élan métaphysique
sur une couronne d’épines qui poussaient sur le bas-côté
vers la 27ème heure
cette nuit-là je rentrais d’une réunion tupperware
en compagnie du 7ème mari de ma 12ème épouse
qui ronflait comme une basse fender sur son siège ivre-mort
sans voir la scène dans le pare-brise de ma vieille renault 12
vers la 27ème heure
quand soudain devant moi au milieu de la route
j’eus cette apparition comme un feu follet sur écoute
vers la 27ème heure
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
de l’autre côté du passage obscur
tu vois parfois d’étranges lueurs
des tags lumineux qui courent sur les murs
des néons-graffitis sans couleurs
eurydice !… eurydice !
de l’autre côté du passage obscur
t’entends parfois d’étranges rumeurs
des voix fissurées qui rêvent & murmurent
mais qui jamais ne rient ni ne pleurent
eurydice !… eurydice !
la vie est un songe où ton pauvre orphée
se traîne comme un mendiant sans voix
comme un ange perdu, un idiot qui sait
qu’il a vu l’invisible en toi…
de l’autre côté du passage obscur
t’étreins parfois d’étranges moiteurs
des fluorescences de tendresse-azur
d’éclaboussures de ciguë en fleur
eurydice !… eurydice !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je suis robot-bar le petit roi du mini-bar (bis)
de whisky glacé en whisky glacé
on va finir par attraper l’onglée
on va finir comme des pingouins givrés
complètement findus & décérébrés
je suis robot-bar le petit roi du mini-bar (bis)
cognac, vodka, whisky-coca
gin-tonic, tequila, calva
vichy, perrier, vittel, évian
peut-être un petit blanc ?
je suis robot-bar le petit roi du mini-bar (bis)
de whisky glacé en whisky glacé
on va finir par attraper l’onglée
on va finir en amants déclassés
sur la liste des cœurs désaffectés
je suis robot-bar le petit roi du mini-bar (ter)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
coupable !… coupable !
je me sens coupable d’avoir assassiné mon double dans le ventre de ma mère & de l’avoir mangé
je me sens coupable d’avoir attenté à mon entité vitale en ayant tenté de me pendre avec mon cordon ombilical
je me sens coupable d’avoir offensé & souillé la lumière du jour en essayant de me débarrasser du liquide amniotique qui recouvrait mes yeux la première fois où j’ai voulu voir où j’en étais
je me sens coupable d’avoir méprisé tous ces petits barbares débiles, insensibles, insipides & minables qui couraient en culotte courte derrière un ballon dans les cours de récréation
& je me sens coupable d’avoir continué à les mépriser beaucoup plus tard encore alors qu’ils étaient déjà devenus des banquiers, des juges, des dealers, des épiciers, des fonctionnaires, des proxénètes, des évêques ou des chimpanzés névropathes
je me sens coupable des lambeaux de leur âme déchirée par la honte & par les ricanements cyniques & confus de mes cellules nerveuses
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable d’avoir été dans une vie antérieure l’une de ces charmantes petites créatures que l’on rencontre au fond des bouteilles de mescal & d’en ressentir à tout jamais un sentiment mélancolique de paradis perdu
je me sens coupable d’être tombé d’un tabouret de bar dans un palace pour vieilles dames déguisées en rockstar, après avoir éclusé sept bouteilles de dom pé 67 dans le seul but d’obtenir des notes de frais à déduire de mes impôts
je me sens coupable d’avoir arrêté de picoler alors qu’il y a des milliers d’envapés qui continuent chaque année à souffrir d’une cirrhose ou d’un cancer du foie ou des conséquences d’accidents provoqués par l’alcool
de même que je me sens coupable d’avoir arrêté de fumer alors qu’il y a des milliers d’embrumés qui continuent chaque année à souffrir pour les mêmes raisons, à décalquer sur les poumons en suivant les pointillés
& je me sens aussi coupable d’être tombé de cénobite en anachorète & d’avoir arrêté de partouzer alors qu’il y a des milliers d’obsédés qui continuent chaque année à souffrir d’un claquage de la bite, d’un durillon du clitoris, d’un anthrax max aux roubignolles, d’une overdose de chagatte folle, d’un lent pourrissement scrofuleux du scrotum & du gland, de gono, de blenno, de tréponem, de chancres mous, d’HIV ou de salpingite
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable d’être né français, de parents français, d’arrière arrière etc… grands-parents français, dans un pays où les indigènes pendant l’occupation allemande écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation que les nazis les plus compétents & les mieux expérimentés en matière de cruauté & de crimes contre l’humanité en furent stupéfaits & même un peu jaloux
je me sens coupable de pouvoir affirmer qu’aujourd’hui ce genre de pratique de délation typiquement française est toujours en usage & je prends à témoin certains policiers compatissants, certains douaniers écœurés, certains fonctionnaires de certaines administrations particulièrement troublés & choqués par ce genre de pratique
je me sens coupable d’imaginer la tête laborieuse de certains de mes voisins, de certains de mes proches, de certaines de mes connaissances, de certains petits vieillards crapuleux, baveux, bavards, envieux & dérisoires, appliqués à écrire consciencieusement ce genre de chef d’œuvre de l’anonymat
je me sens coupable d’avoir une gueule à être dénoncé !
je me sens coupable !… coupable !
je me sens coupable de garder mes lunettes noires de vagabond solitaire alors que la majorité de mes très chers compatriotes ont choisi de remettre leurs vieilles lunettes roses à travers lesquelles on peut voir les pitreries masturbatoires de la sociale en train de chanter : c’est la turlute finale !
je me sens coupable de remettre de jour en jour l’idée de me retirer chez mes Nibelungen intimes & privés dans la partie la plus sombre de mon inconscient afin de m’y repaître de ma haine contre la race humaine & même contre certaines espèces animales particulièrement sordides, serviles & domestiques que sont les chiens, les chats, les chevaux, les chèvres, les tamagoshis & les poissons rouges
je me sens coupable de ne pas être mort le 30 septembre 1955 un peu après 17h40 au volant du spider porsche 550 qui percuta le coupé ford de monsieur donald turnupseed
je me sens coupable d’avoir commencé d’arrêter de respirer alors qu’il y a quelques 6 milliards de joyeux fêtards crapoteux qui continuent de se battre entre eux & de s’accrocher à leur triste petite part de néant cafardeux
je me sens coupable !… coupable ! (bis)
coupable !… coupable !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine, Patrice Marzin & Valentin Cobranera
oh ! tôt ce matin les yeux dans mes ray-ban
après que j’eus décroché les groupies & les fans
collés aux électrons de ma clôture haute-tension
joyeux comme des flippés qu’on vient d’électroniquer
j’ai sorti mes poubelles hélas au milieu desquelles
étaient en train d’fouiller quelques personnalités
que nous connaîtrions si nous avions la télévision
puis j’ai ouvert ma première bière en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants
à 13 heures c’est une heure après minuit de l’après-midi
j’ai sorti mon browning & mon lüger de leurs étuis
j’ai commencé à tirer sur quelques rats bien cradingues
& m’suis fait une souris en trois bastos dans le soustingue
j’commençais à viser les gones quand t’as saisi ma crosse
en me disant : chéri, tu ne vois pas que ce sont des gosses !
je t’ai répondu : mon amour, tu vois pas que j’suis un serbo-
croate en train de rêver d’un week-end à sarajevo ?
puis j’ai fini mon pack de bière en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants
à 16h52 c’est l’heure des mamans, des bretzels
& c’est l’heure du champagne dans les hôtels porte-jarretelles
mais moi j’ai mis la gomme au volant de mon ambulance
avec un critique-rock en camisole pour une urgence
à l’hosto les bonnes sœurs avaient des gueules de somnambules
& parlaient de fibromes, d’hémorroïdes & de fistules
alors j’ai raconté comment j’ai survécu sur mars
avec des roubles en skaï & la médaille du curé d’ars
puis j’ai vidé leur pharmacie en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants
à force de patienter vint enfin l’heure de l’apéro
t’as pris un golden cadillac, moi un double zéro
puis on a joué au strip-poker avec une mamie bookmaker
qui avait réservé une table chez loiseau du malheur
le chef qui avait tenu le catering autrefois chez disney
nous fit cuire un crapaud avec des raclures de mickey
& on s’est régalé comme dans un film avec blanche-neige
quand les deux méchantes sœurs se font sauter sur le manège
puis j’ai fumé un des sept nains en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants
en guise de digestif j’ai lu le numéro de l’équipe
qui cause du fameux championnat de turlute en 15 pipes
puis j’ai minitélé en rose & j’ai demandé marlène
mais elle était partie faire sa nouille sur la première chaîne
là-dessus on s’est retrouvé en boîte à mater les pigeons
en train d’se compisser dans le froc sur leur dance à la con
à l’aube on était vermoulu, pressé comme le raisin
avec lequel les dieux fabriquent l’ambroisie-chambertin
puis j’ai mis ma dernière tournée en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants…
puis j’ai mis ma dernière tournée en me demandant
si les morts s’amusaient autant que les vivants
puis j’ai mis ma dernière tournée en me demandant
si les morts s’ennuyaient autant que les vivants
puis j’ai mis ma dernière tournée en me demandant
si les morts se sentaient aussi seuls que les vivant
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
(Du Livre De L’écclésiaste)
& les roses de l’été
sont souvent aussi noires
que les charmes exhalés
dans nos trous de mémoire
les vaccins de la vie
sur les bleus de nos cœurs
ont la mélancolie
des sols bémols mineurs
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
quelques froides statues
aux pieds des sycomores
rappellent un jamais plus
avec le nom des morts
un oiseau de chagrin
dans le ciel assombri
chante un nouveau matin
sur des ruines en bosnie
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
je visionne les miroirs
de ces vies déchirées
maintenant que le soir
ne cesse de tomber
& ma colère qui monte
& ma haine accrochée
au-dessus de ces tombes
où je n’ose pas cracher
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
d’autres salauds cosmiques
s’enivrent à bételgeuse
dans les chants magnétiques
des putains nébuleuses
l’humain peut disparaître
& son monde avec lui
qu’est-ce que la planète terre
dans l’œil d’un rat maudit ?
pour un temps d’amour
tant de haine en retour
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
en ce quinzième dimanche après carnaval
je me souviens d’avoir lu quelque part dans le journal
à moins que ce ne soit dans la bible des gidéons
volée dans un de ces motels à la mords-moi-le-mormon
je me souviens d’avoir lu que le démiurge au chômage
un jour d’ennui avait fabriqué l’homme à son image
lucy n’était pas encore née quant à l’abel du tchad
il n’avait pas encore testé l’usage de ses gonades
le démiurge au chômage
fit l’homme à son image
c’est une histoire d’amour
d’amour, d’amour toujours
dieu est amour (bis)
& jésus change le beurre en vaseline
dieu est in !
cette histoire s’est passée très loin des oxydes de carbone
environ 3 millions d’années avant michael jackson
on peut donc affirmer sans offenser son archevêque
que dieu a la gueule & l’aspect d’un australopithèque
dieu est un drôle de mec
un australopithèque
oui mais on l’aime quand même
dieu est amour toujours
dieu est amour (bis)
& jésus change le beurre en vaseline
dieu est in !
dieu est amour – deus ex machina
dieu est amour – deus ex testa rossa
dieu est amour – deus ex lamborghini
dieu est amour – deus ex maserati
dieu est amour – deus ex aston martin
dieu est amour – deus ex machine
dieu est amour – deus sex machine
dieu est amour – god is sex machine
god gode !… god gode !
dieu est in !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
des glas qui sonnent, des heures qui fuient
des jours qui s’en vont vers la nuit
& des nuits qui s’enfuient toujours
vers des carrefours, des points de non-retour
& des mégots de cigarettes
qui s’entassent sans que le temps s’arrête
des joints qui passent, des verres, des filles
& ce vieil océan qui te torpille
orphée !… orphée !
les fées t’invitent à oublier les nuits passées
tu voudrais toujours être ailleurs
dans un antique flux migrateur
espion des cercles infernaux
des cirques où tu sacrifies ton égo
tu voudrais franchir la lumière
& t’exiler loin de la terre
mais tu sais que les étoiles qui brillent
se trouvent toujours dans les chambres des filles
orphée !… orphée !
les fées t’invitent à oublier les nuits passées
& dans les brumes du petit matin
devant un tapis clandestin
tu joues ton âme à contrecœur
avec un flush royal au fond du cœur
& dans les brumes du petit matin
devant un tapis clandestin
tu joues ton âme en solitaire
avec un étrange regard vers l’enfer…
maintenant tu remontes vers le nord
dans le gris des grues du vieux port
& des sombres pensées qui zèbrent
en noir sur noir ton vieil oiseau funèbre
mais sur les quais mouille un cargo
ivre de givre & de mambo
qui t’attend pour d’autres amours
à port-saïd, colombo, singapour
orphée !… orphée !
les fées t’invitent à oublier les nuits passées
orphée !… orphée !
laisse-les t’faire oublier les années sans été
& dans les brumes du petit matin
devant un tapis clandestin
tu joues ton âme en solitaire
avec un étrange regard vers l’enfer
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
le paradis est trouble
& l’enfer est malade
mais le bonheur est double
au bout de ma ballade
t’es tombé dans mes bras
par un après-midi
de printemps forsythia
aux paillettes en folie
achtung vouvou tata
tita dong-dong song for me
achtung vouvou tata
lucas look at me
t’as mis les cœurs à nu
dans mon septembre rose
heureusement que dadu
craint pas les ecchymoses
il t’a mis dans son cœur
de grand frère sioux guerrier
& t’auras jamais peur
si tu suis son sentier
achtung vouvou tata
tita dong-dong song for me
achtung vouvou tata
lucas look at me
les photos se dispersent
au rythme des marées
& sous les feux adverses
on s’arrache la pitié
moi j’écoute ton sommeil
& j’étudie tes rêves
& je ne suis plus pareil
quand le soleil se lève
achtung vouvou tata
tita dong-dong song for me
achtung vouvou tata
lucas look at me
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
avec dans leurs passeports sherwood ou brocéliande
quand les elfes titubent sous l’alcool de sorgho
dans les cercles succubes de la lune en faisceaux
quand les vents de minuit décoiffent les serments
des amants sous les aulnes d’un hôtel flamand
quand tes visions nocturnes t’empêchent de rêver
& couvrent ton sommeil d’un voile inachevé
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols
dans les ruines d’un royaume où mon crâne est mongol
quand les syndicats brûlent nos rushes et nos démos
pour en finir avec le jugement des salauds
quand humpty dumpty jongle avec nos mots sans noms
dans le bourdonnement des câbles à haute tension
quand tu m’offres épuisée sous l’œil d’une opaline
les charmes vénéneux de tes fragrances intimes
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand les théâtres antiques recèlent nos orgies
çatal höyük airport, manco capac city
quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens
avec nos voix blafardes en feedback au matin
quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres
dans ces nuits tropicales où rugit le grand œuvre
quand l’ange anthropophage nous guide sur la colline
pour un nouveau festin de nos chairs androgynes
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand les clochards opposent la classe et l’infini
à la vulgarité glauque de la bourgeoisie
quand les valets de cour, plaideurs pusillanimes
encombrent de leurs voix nos silences & nos rimes
quand aux détours d’un bar tu flingues aux lavabos
quelque juge emportant ma tête sur un plateau
quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale
sur les capteurs-influx de ta flamme initiale
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand les traces de rorschach sur la tôle ondulée
servent aux maîtres à tester l’autochtone humilié
quand sur la moleskine des limousines en liesse
ils en rient en fumant la mucho cojones
quand les cris de l’amour croisent les crocs de la haine
dans l’encyclopédie des clameurs souterraines
quand je rentre amoché, fatigué, dézingué
en rêvant de mourir sur ton ventre mouillé
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand dans la lumière sale d’un miroir tamisé
tu croises l’œil éphémère d’une salamandre ailée
quand dans les brumes étales de nos corps transparents
tu réveilles mes volcans lumineux du néant
quand mes pensées confuses s’éclairent au magnésium
sur les écrans-secrets de ton pandémonium
quand mes bougainvillées se mêlent aux herbes folles
dans ta chaleur biguine au crépuscule créole
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
quand les ombres du soir poursuivent sur la lande
le flash des feux arrières d’une soucoupe volante
quand le soleil se brûle aux contours de tes reins
parmi les masques obscurs d’un carnaval romain
quand l’ordre des humains nous sert dans son cocktail
cinq milliards de versions différentes du réel
quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine
avec les doux murmures des fréquences féminines
je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
j’étais en train de regarder
les feux de l’amour à la télé
quand mon poste a mangé son image
me laissant lancinant sans message
adieu starlettes & lacrymos
blaireaux bellâtres & blêmes en tuxedo
avant que ma vodka seven-up
s’évapore va falloir je m’en occup’
allô ? allô ? monsieur mojo (bis)
me laissez pas dans le noir
avant la fin de l’histoire
en attendant l’homo-vidéo
j’me suis rallumé un vieux mégot
& j’ai décollé comme un cheval
fou-ailé dans le transcendantal
j’y ai découvert que notre père
moloch avait changé de partenaires
ce ne sont plus les gorgones habituelles
qui nous surgèlent au fond d’nos gamelles
ce sont de nouvelles reines de saba
impudiques & salaces : les médias
elles cachent leurs crânes sous leurs sourires
tous les soirs à 20 heures pour nous séduire
elles sont partout, elles sont nulle part
elles sont aux arrivées, aux départs
elles nous caressent, elles nous exultent
comme des bébés-thalidomide adultes
allô ? allô ? monsieur mojo (bis)
me laissez pas dans le noir
avant la fin de l’histoire
la morale de cette toune en frenchouille
c’est que c’est pas les bons clients qui dérouillent
médias vous avez pris le pouvoir
à vous maintenant de dompter l’histoire
à vous d’assumer ma délinquance
mes virus insoumis, ma décadence
à vous de me jouer vos nouvelles valeurs :
chomdu – piquouse – bibine – téléviseur
allô ? allô ? monsieur mojo (bis)
me laissez pas dans le noir
avant la fin de l’histoire
j’étais en train de regarder
les feux de l’amour à la télé…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
lumière d’automne
fin d’après-midi
joie monotone
& mélancolie
soleil indigo
dans le fond d’ce bar
où tu te scotches à l’eau
sur aynsley dunbar…
été indien
le foie dans les burnes
à peine t’en reviens
que déjà t’y returnes
mémoire en fusion
sur ce tabouret
où t’oublies ton nom
sur du blues anglais
2721ème cuite (bis)
ça s’arrose !
lueurs d’octobre
barmaid affranchie
tu es presque sobre
devant ton whisky
tu restes en standby
loin des faux-amis
sur le copyright
apero mundi
2721ème cuite (bis)
ça s’arrose !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
enfant de la balle & de la bête
je peignais mes dazibaos
sur l’incertitude du poète
qu’on croise au gré des noirs échos
& j’ai bu la lie de ses vers
jusqu’à la fièvre de l’écume
mais son vin était si amer
que je suis devenu l’amertume
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll !
prototype dans un groupe en loques
au fond d’impossibles garages
je poussais mes troupeaux de phoques
loin à l’intérieur des nuages
& j’ai combattu leur messie
à m’en péter l’excalibur
pendant que les coqs de l’insomnie
chantaient trois fois leur imposture
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll !
de port en port, de quai en quai
j’ai rencontré de drôles de gnomes
des intellos qui confondaient
c.g. jung avec c. jérôme
& glauque à santa-barbara
avec un sacré mal de vivre
je me disais : je ne sais pas
pourquoi j’vais comme un bateau-ivre
santa-barbara je ne sais pas…
de sanibroyeur en sixtine
je vois s’évanouir le futur
& je tire à la chevrotine
sur les chiennes en manteau de fourrure
je vois l’ivrogne & son tambour
assis devant mon chevalet
& mona lisa mon amour
dans un blindé cabriolet
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll !
la vie défile au nom du christ
des pissotières du pain rassis
staline était séminariste
& jerry lee lewis aussi
mais le dieu manque à cet hôtel
où je dois jouer les victimes
en contractant des salmonelles
avec des hosties aux enzymes
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll !
à regarder passer les linceuls
dans la rue aux spectres visqueux
j’sais plus si c’est moi qui suis seul
ou les autres qui sont trop nombreux
OK ! l’art est une escroquerie
& j’ai limé trop d’as de cœur
en jouant blue moon kentucky
sous l’œil du colonel parker
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll !
& quand le pinocchio baveux
poussera ma brouette à l’ankou
j’veux faire des bulles avec mon nœud
pour éloigner les loups-garous
j’veux qu’on me déglace au gin-synthol
dans une boîte de joseph cornell
ou à la vodka chez warhol
avec du tomato campbell’s
nike your mother, reebok your sister
& adidas rock’n’roll ! (ad lib.)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans les carnets intimes du messager des runes
l’écriture est en transe & clignote à la une
des mystères, des amants & de leurs infortunes
des adieux …/… (bis)
& des mains maladroites & moites au soir trop chaud
raturent les fantaisies de schuman au piano
les cris des martinets sur les toits de soho
des adieux …/… (bis)
& les noires sentinelles drapées dans leurs guérites
n’ont plus besoin d’antennes-paraboles-satellites
pour capter le chagrin à son extrême limite
des adieux …/… (bis)
après de vagues lueurs, d’ultimes prolongations
on repart à genoux le cœur sous perfusion
au bord de la faillite mentale mais sans passion
des adieux …/… (bis)
déjà le vieux veilleur mélancolique nous guette
annonçant des avis d’orage & de tempête
mais bientôt le silence nous fait mal à la tête
des adieux …/… (bis)
mais on finit toujours par noyer son cafard
dans un taxi-dancing ou dans un topless-bar
on finit toujours sur l’éternel quai de gare
des adieux …/… (bis)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
c’est pas parce qu’on n’aime pas les gens
qu’on doit aimer les chiens
c’est pas parce qu’on a mis le pied dedans
qu’on doit y mettre les mains
j’ai mon orang-outang qui m’lèche
& me chatouille les reins
pendant que sa maman me sèche
& m’essuie le bassin
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’aime pas le coran
qu’on doit finir chrétien
c’est pas parce qu’on est déconnant
qu’on doit devenir crétin
j’ai mon orang-outang qui grille
sur mon vieux barbecue
pendant que sa maman s’étrille
& se met au garde-à-vous
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’est pas bandant
qu’on doit rougir d’être saint
c’est pas parce qu’on flingue ses amants
qu’on doit se passer de câlins
j’ai mon orang-outang qui fond
doucement sous mes papilles
pendant que sa maman se tond
pour devenir un gorille
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on n’aime pas les gens
qu’on doit aimer les chiens
c’est pas parce qu’on a mis le pied dedans
qu’on doit y mettre les mains
j’ai mon nouveau gorille qui me lèche
& me chatouille les reins
pendant que le néant me sèche
au fond de son bassin
& yop !… & yop !
c’est pas parce qu’on enlève son gant
qu’on doit serrer des mains
& c’est pas parce qu’on montauban
qu’on doit descendre agen
j’ai mon nouveau gorille qui grille
son gras sous mes aloufs
pendant que le néant m’étrille
à mort & me rend louf
& yop !… & yop !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
hallelujah jésus blues
hosanna deus
in vino missae veritas
hallelujah barabbas
hos’ananas
ecce the veritable imago dei
hallelujah l’hallali
hosanna boogie
deus ex machina
911 carrera !
hallelujah shanana
hosanna dirladada
hallelujah jésus blues
hosanna deus
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans la clarté morne & glaciale
d’un ténébreux soleil d’hiver
tu te blottis comme un animal
sous les tôles rouillées d’une chrysler
entre une laverie automatique
en train de cramer & un bunker
y’a plus grand-chose de magnétique
sur la bande son de ton flipper…
les gens tristement quotidiens
dans leur normalité baveuse
traînent leur futur d’euro-pingouins
au bout de leurs graisses albumineuses
& toi tu n’sais plus où aller
de cul-de-sac en voie sans issue
t’as juste appris à éviter
les snipers & les tirs d’obus
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
sous les regards torves & nighteux
des cyborgs aux circuits moisis
les cerveaux devenus poreux
s’en retournent à la barbarie
& tu traînes tes tendres années
d’incertitude & d’impuissance
parfois tu rêves de t’envoler
de mourir par inadvertance
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
dans les dédales vertigineux
& séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poisseux
plein de formules d’algèbre noire
à quoi peut ressembler ton spleen
ton désespoir & ton chagrin
vus d’une des étoiles anonymes
de la constellation du chien ?
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’ours en cage est au pied du mur
en train d’équarrir son dresseur
vapeurs d’oxyde & de luxure
c’est déjà demain & d’ailleurs
c’est juste une visite au musée
pour mater les singes acrobates
avant qu’je donne ma tête à couper
& peut-être ma langue à ta chatte
c’est étrange comme les mots se troublent
à l’intérieur de mon cerveau
chromosomes noircis au chiroubles
au gasoil & à la nitro
il est trop tard pour s’abîmer
dans des scories émotionnelles
je veux mourir estrangulé
sous tes nylons & tes dentelles
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
peu à peu je vois s’estomper
les rêves de mon esprit tordu
je commence même à oublier
les choses que je n’ai jamais sues
peut-être eussé-je dû frapper plus
& me lever tôt le matin ?
peut-être encore eût-il fallusse
baby que j’buvasse un peu moins ?
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
il n’est de jour si long qui ne trouble tes nuits
maléficieux bipède aux yeux brûlant de haine
ton soleil a sombré dans un ghetto de pluie
dans ces rues où s’allument les guérillas urbaines
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
déjà les chauve-souris s’échappent en ricanant
des parkings souterrains & des bouches de métro
des luna park en ruines, chaotiques, flamboyants
aux disneyeuses gargouilles d’un mickey toxico
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
le bleu du ciel plombé complètement destroyé
par les gaz hilarants de tes vapeurs intimes
ne filtre plus l’écho de mémoire fossoyée
sous le feu des rayons meurtriers des abîmes
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
la peste a rendez-vous avec le carnaval
les cytomégalos dansent avec arlequin
commedia dell’arte, cagoules antivirales
masques à gaz, oxygène & costumes florentins…
t’as momifié ton cœur, tatoué ton numéro
bancaire sur les parois internes de ton crâne
tu n’as plus qu’à déduire la gnôle de tes impôts
si tu veux pas crever sans arroser ton âme
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
les hordes affamées envahissent tes palaces
piétinent ton épitaphe & tringlent sur tes pelouses
trop tard pour leur jeter ta tronche en dédicace
mieux vaut lâcher ton flingue, tes diams & tes perlouzes
est-ce ta première fin de millénaire ? (ad lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
soleil écorché
vestiges éventrés
corps décapités
squelettes éclatés
fragments de silence
dans la transparence
ouatée des écrans
de contrôle-assistance
bruits de bulles (ter)
le rouge de ses lèvres
& le bleu de ses yeux
sur le blanc crayeux
de son visage laiteux
charme ténébreux
des ruines sur les lieux
du crash où se cache
la bête à sept têtes
bruits de bulles (ter)
le temps se coagule
lueurs des rayons
rouges filtrés des néons
lasers & lézards
démons de mon hasard
bruits de bulles (ter)
l’instant se coagule
aurore & rosée
légère & vaporeuse
parfums orangés
de ces nuits orageuses
je m’engouffre en fumée
dans la fissure
cliché désintégré
faille obscure
bruits de bulles (ter)
le temps se coagule
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
débris distordus de skylab
fossilisés sur ta moquette
fines fleurs calcées de baobab
violacées au bout de tes gamètes
comme dans un rébus
tu déchibres tes nuits
ce n’est qu’un début
juste une fin de partie (ter)
vieille odeur de foutre moisi
dans les brumes du vestiaire
où t’échanges ta mélancolie
contre un canon scié winchester
baiser gluant de james joyce
sous le rasoir effilé de tes chromes
whisky-rock-and-rolls-royce
vodka mercurochrome
juste une fin de partie (ter)
où est la sortie ?
chien errant à minuit
devant l’asile fermé des petites sœurs éphémères
tu n’entends plus le cri
le cri (bis)
le cri de tes désirs (bis)
le cri de tes désirs déserts (bis)
où est la sortie ?
juste une fin de partie (ter)
où est la sortie ?
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
je m’imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante & silencieuse
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! dépouillé
exigeant l’immortalité
& refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
vers l’autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
& le temps s’obscurcit
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
corbeaux neuro-taxi
fixés au stabilo
sur l’écran confetti
des cauchemars-vidéo
parfums d’ombres-peyotl
au fond des catacombes
avec ces bruits de bottes
qui marchent sur ma tombe
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
l’ange exterminateur
dans une vieille mercury
joue du ventilateur
devant la nurserie
emballages de macdo
boîtes de bière écrasées
aux limites du ghetto
sur le parking brûlé
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
clavier bien tempéré
mais vopo taciturne
couleur d’homme écorché
sur les murs de sa turne
yellow cake nauséeux
reniflant le nabab
aux carrefours charogneux
où pourrissent les macchabes
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
les jambes des meufs qui montent
jusqu’à l’extrême douleur
des vestiges de la honte
aux moisissures du cœur
nostalgie suicidaire
de ceux qui n’ont plus l’âge
de mourir à l’envers
sur un porte-bagages
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
la fille du cosmonaute
explore le terrain vague
autour du noah’s boat
avec un doggy bag
son perfecto trop lourd
sur sa robe de mariée
dans le ronflement sourd
de l’air conditionné
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
l’opéra cristallin
du chœur des crânes rasés
piloté par un chien
aveugle & déjanté
délatte au nunchaku
mes gravures de dürer
pendant que j’mets les bouts
dans un cercueil à fleurs
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
amants numérotés
de 0 à 104
cœurs polymérisés
en relief écarlate
mycoses & staphylomes
dans le barrelhouse
où la danse du fantôme
dégénère en partouze
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
les dandies androgynes
les putains somptueuses
les vénus callipyges
les chiennes voluptueuses
les fleurs de Tijuana
sur fonds d’œil-ecchymose
& les secrétariats
d’état aux maisons closes
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
souvenir éphémère
beauté blême & transfert
dans tes jardins d’éden
solitude transparente
de ces longs jours d’attente
à te fixer les veines
tu reviens sur les lieux
où tu pleures quand il pleut
des serpents de neige
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
nostalgie de ces jours
sans haine & sans amour
au fond des villes mortes
la folie dans les yeux
des monstres délicieux
qui traversaient ta porte
ils patrouillent dans ton crâne
ils contrôlent ton âme
& te servent d’escorte
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
vibrations pathétiques
sur le tapis critique
où tu joues pair & noir
voyage au bout du rêve
& tu scelles tes lèvres
aux secrets d’un miroir
ta voix désincarnée
dans l’ombre surannée
& grise de ta mémoire
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
visions subliminales
sur le cœur-terminal
de ta zone carnivore
chuchotement animal
dans la tour de cristal
où gît ton géant mort
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
étrange rassemblement de crapauds sur la route
ça tourne au ralenti, en silence & sans doute
qu’il va encore pleuvoir des crânes & des abbesses
des sorcières, des dragons, des stratoforteresses
oh yes ! paranoïd game
mémoire en logiciel, souvenirs innocents
quand la mère supérieure nous arrosait le gland
avec du kérosène & de la soude caustique
en nous faisant chanter le cantique des quantiques
oh yeah ! paranoïd game
homo lunaticus t’es en pole position
avec une madonna dans ta douzième maison
son regard charbonneux, sa gueule en coquelicot
son cul de walkyrie, son cuir sado-maso
oh no ! paranoïd game
mais tu préfères les belettes qui s’rincent au pastagouince
& qui s’encanaillent pas sur jésus 3615
tu préfères les juteuses néanderthaloïdes
qui gloussent en astiquant les chromes de ton droïde
oh yeah ! paranoïd game
le cri des bœufs qui passent, le silence des cloportes
t’es en approche finale sur j&b airport
dégagez les trottoirs, libérez les poubelles
t’as un moteur en flamme & du plomb dans les ailes
oh yeah ! paranoïd game
transe mortelle in vitro, extase en solitaire
entre deux guronsan et trois alka-seltzer
les labos sont en grève & les chimps ont les foies
tous les chiens de pavlov titubent quand ils te voient
oh ouah ! paranoïd game
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
de chili en bloody mary
le ciel est aussi rouge que t’es raide
comme un vieux stick au bout d’la nuit
qu’on éteint sur le waterbed
& ton roadrunner déplumé
vient mendier la fin de mon chewing-gum
avant d’aller s’écarteler
sur le push-bar d’un mobil-home
maalox texas blues (ter)
de cuervos en margaritas
de jack daniel’s en texaco
le vent joue de l’harmonica
sur la route de san antonio
& coincé dans ton pick-up truck
en patrouille sur la 7ème rue
t’hallucines, tu vois donald duck
en train d’besogner un pendu
maalox texas blues (ter)
honky tonk nights & country booze
maalox texas blues
de michelob en budweiser
pas facile d’apprendre à mourir
de l’autre côté du désert
tu vois venir ton avenir
tu titubes au milieu des flammes
de l’enfer d’où renaît le phénix
soldant les débris de ton âme
sous une mustang ford 66
maalox texas blues (ter)
honky tonk nights & country booze
maalox texas blues
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la terre tremble (ter)
& tu t’essuies la bouche
dans ce qui pourrait être l’écharpe assassine
d’isadora duncan
qui se prit dans les rayons
de la roue
de sa bugatti (quater)
& qui l’étrangligli
& qui l’étrangluglu
& qui l’étranglagla
& qui l’étranglouglou
& glou & glou & glou & glou & glou (bis)
qui l’étrangla ah ! ah !
qui l’étrangla ah ! ah !
enfin bref !
la terre tremble (ter)
& tu t’essuies la bouche
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
son mari n’est pas un loser
qu’on berce avec des sentiments
tout le monde le sait
mais c’est un homme de grand cœur
qui se présente au parlement
& c’est assez
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
ses enfants ont un bon quotient
& seront plus brillants que leur père
sur le marché
ils jouent leur tennis en riant
& claquent bruyamment les portières
de leur VTT
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
encore un petit café
pour te tenir debout
quand la fille d’à côté
te suspend à un clou
pour aller s’enivrer
avec un autre hibou
pour aller s’accoupler
avec une autre bête
encore un petit café
pour te tenir le coup
essayer de penser
que tu ne penses plus du tout
depuis qu’la môme d’en face
t’as laissé comme un trou
avec à la surface
le vide de la vie
& l’ennui de la nuit
tu veux pas une goldo
ou bien n’importe quoi
un de ces machins qui s’fument
ou un de ces trucs comme ça
qui te feront oublier
qu’y’a cette croqueuse de rats
qui t’a laissé tomber
… tomber !
encore un petit café
pour te tenir debout
avant de retourner
t’ensevelir dans ton trou
avant d’aller rêver
que tu es lumineux
heureux !… heureux !
encore un petit café…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
visions moites & brûlantes
de visiteurs ailés
cherchant leur masse manquante
dans le cimetière des fées
gisement néolithique
d’émotions nucléaires
dans l’art cytoplasmique
de ta queue linéaire
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
voyage initiatique
à travers les égouts
des écrans cathodiques
éclatés dans la boue
sédiments d’émissions
speakerines hallucinées
reniflant leur leçon
sur l’inutilité
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
odieux tes dieux idiots
se meurent d’insolation
derrière les sacs de sable
où tu tires tes neutrons
bouffées indélébiles
vapeurs de belladone
qui soufflent dans les fils
vrillés de tes neurones
terrien, t’es rien !
tes dresseurs d’hippocampes
& de protozoaires
se déchirent & se vampent
dans le froid du désert
pendant qu’une reine livide
au crépuscule barbare
dans un sabbat torride
dans le dernier topless-bar
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
frissons dans les vertèbres
montée d’adrénaline
les forces des ténèbres
envahissent tes enzymes
& t’attends ta mi-temps
mité par tes tranxènes
en matant tes mutants
sur la base aérienne
terrien, t’es rien !
visions moites & brûlantes
de visiteurs ailés
cherchant leur masse manquante
dans le cimetière des fées
gisement néolithique
d’émotions nucléaires
dans l’art cytoplasmique
de ta queue linéaire
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant que nos sorcières sanitaires & barbues
centrifugent nos clones au fond de leurs cornues
kill the kid
dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir
une craie s’est brisée en écrivant espoir
kill the kid
déjà les mitrailleuses ont regagné leurs nids
seule une mouche bourdonne sur la classe endormie
kill the kid
les guerriers de l’absurde & de l’enfer affrontent
les délices de la mort sous le fer de la honte
kill the kid
beyrouth aéroport ou mozambic city
le sang des tout-petits coule aux surprises-parties
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
quelque épave au regard usé par le délire
poursuit dans sa folie le chant d’un enfant-lyre
kill the kid
& dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
le désir se transforme en essaim de scorpions
kill the kid
petite poupée brisée entre les mains salaces
de l’ordure ordinaire putride & dégueulasse
kill the kid
tu n’es plus que l’otage, la prochaine victime
sur l’autel écœurant de l’horreur anonyme
kill the kid
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid
les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid
pendant qu’un abraham ivre de sacrifices
offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils
kill the kid
mais l’ovule qui s’accroche au ventre de la femme
a déjà mis son casque & sorti son lance-flamme
kill the kid
attention monde adulte inutile & chagrin
demain les kids en armes, demain les kids enfin
demain les kids
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je t’ai connu par erreur aux heures des fins de parties
devant le souterrain où j’garais mon ovni
couché dans des renvois de bière & de bretzel
t’essayais de demander du feu à un teckel
mais quand je t’ai vu marcher à côté de tes rangers
en pleine éclipse mentale & mouillant tes pampers
j’ai sorti mes kleenex & mon mercurochrome
pour mettre un peu d’couleur sur ta gueule de fantôme
je m’souviens de ton rire hideux dans les couloirs
tes mains de chimpanzé accrochées au comptoir
& tes yeux révulsés contemplant le chaos
de ton crâne émoussé bouffé par ton ego
j’ai ressoudé ton jack, changé ton émetteur
raccordé ton cerveau à l’égout collecteur
réinjecté du fuel à travers tes circuits
avant que tu remettes les bouts vers le bout de la nuit
pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro
je t’ai revu plus tard en pénible bavard
quand tu polémiquais, mickey des lupanars
j’étais mort en voyant la cour d’admirateurs
qui venaient respirer tes ignobles vapeurs
traînant ta charisma de canaille en bataille
comme un wimpy moisi sur un épouvantail
tu pouvais embuer la vision la plus saine
de ton haleine de hyène obscène & noire de haine
pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro
& puis tu as rompu avec tous les miroirs
qu’auraient pu t’émouvoir d’un éclair transitoire
& t’es mort vieux cafard sans chercher d’alibi
juste en puant du groin, du cœur & des branchies
mais j’crois que tu t’es planté toi le brillant reptile
sous ton masque visqueux de cloporte inutile
t’oubliais que les touristes ont besoin de craigneux
pour se sentir moins seuls quand ils sont trop baveux
pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
& la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades & ces rues
réservés au pingouins
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué…
les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
& nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée …
d’ivresse en arrogance
je reste & je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais je devrais me cacher
& parler à personne
& ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
sous les porches moisis
des cités englouties
la dernière ambulance
s’englue dans le silence
enfin seuls
odeurs gélatineuses
de chairs moites & lépreuses
parfums de fièvre jaune
de cyanure & d’ozone
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus / terminus
au pied des temples usés
des statues délabrées
le fleuve roule sa semence
limoneuse & gluante
enfin seuls
silhouette vaporeuse
dans la lumière cendreuse
du matin-crépuscule
t’arraches mon ventricule
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus / terminus
omnibus morbidus gaudeamus !
enfin seuls
sur cette planète qui grince
dans le froid qui nous pince
enfin seuls
tu te rinces les méninges
en caressant mon singe
enfin seuls
jardins métalloïdes
noyés de larmes acides
où la lune en scorpion
fait danser ses démons
enfin seuls
amants-conquistadors
sur le terminator
plus de voix qui déconnent
au bout des taxiphones
enfin seuls
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la terre est un macdo recouvert de ketchup
où l’homo cannibale fait des gloups & des beurps
où les clowns en treillis font gémir la musique
entre les staccatos des armes automatiques
j’y suis né d’une vidange de carter séminal
dans le garage intime d’une fleur sentimentale
quand j’ai ouvert les yeux la lumière vagabonde
filait à 300 000 kilomètres à la seconde
j’ai failli me tirer mais j’ai fait bof areuh
j’suis qu’un intérimaire dans la continuité de l’espèce & coucou beuh
… coucou beuh !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
une fille dans chaque port & un porc qui sommeille
dans chaque salaud qui rêve d’une crampette au soleil
& les meufs ça couinait juteuses & parfumées
dans le bleu carnaval des printemps cutanés
j’en ai connu des chaudes à la bouche animale
à genoux dans les toilettes ou dans la sciure des stalles
hélas pour mon malheur j’en ai connu des pires
qui voulaient que j’leur cause en mourant d’un soupir
& puis je t’ai connue mais j’vais pas trop charrier
attendu que je suis lâche & que ton flingue est chargé
oh ma sweet yéyéyé ! sweet lady !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
la geisha funéraire s’tape des rassis crémeux
chaque fois que j’raye un jour d’une croix sur mon pieu
pourtant j’contrôle mes viandes, je surveille mes systoles
& me tiens à l’écart des odeurs de formol
mais un jour faut partir & finir aux enchères
entre les gants stériles d’une sœur hospitalière
& je me vois déjà guignol au petit matin
traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens
oh meine kleine mutter mehr licht !
542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zébus
triés, normalisés, fonctionnels, uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms
& je cherche un abri sur une étoile occulte
afin d’me tricoter des œillères en catgut
je m’arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
vu que j’ai déjà vendu mon cadavre à la science
je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !
plus de mur à berlin pour justifier ma honte
quand je reviens bourré dans mes baskets en fonte
& çui de jérusalem est trop loin du bistrot
pour que je m’y liquéfie en chagrin lacrymo
mais loin de moi l’idée d’être irrévérencieux
& d’flinguer les chimères qui rendent le monde heureux
chacun sa religion, chacun son parachute
& je mets mon foulard quand j’vais à la turlute
je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !
j’écoute la mode en boîte sur mon ghetto-blaster
dans le joyeux ronron quotidien des horreurs
pas la peine de s’en faire il suffit d’oublier
demain j’serai funky, rastaquouère & blindé
à part ça tout va bien comme dit schopenhauer
pendant la durée des travaux je reste ouvert
j’imaginerai sisyphe gonflé aux anabos
en train de faire sa muscu dans la cage aux héros
je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je t’ai rencontrée une nuit
au détour d’un chemin perdu
qui ne conduisait nulle part
où tu te tenais immobile
en équilibre sur un fil
tendu au-dessus du hasard
& lorsque je t’ai demandé
qui tu étais, d’où tu venais
tu m’as répondu d’un regard :
tu sais, je n’suis qu’effluve
& je reviens d’ailleurs…
plus tard dans un coin de bistrot
devant un billard électrique
tu m’as montré ta déchirure
tu m’as dit d’étranges paroles
qui volaient comme des chauves-souris
au milieu de ta chevelure
elles me parlaient d’inconnu
de mystérieux chemins cachés
qui montaient au-delà des murs
d’un ténébreux voyage (bis)
tu cherches au-delà des frontières
un miroir ou un cœur ouvert
pour y projeter tes phantasmes
sautant d’une plateforme d’autobus
tu prends le premier train rapide
pour marseille ou pour amsterdam
juste une pièce dans un taxiphone
mon tendre amour ne m’attends pas
ce soir je ne rentrerai pas
& tu reprends ta route
ton ténébreux voyage…
… un jour ou l’autre tu reviens
un peu comme au sortir d’un rêve
dans l’inconscience du matin
les traits tirés par la fatigue
la tête creuse, le regard vide
tu ne sais plus ce qui se passe
& tu ne comprends plus
tu ne comprends plus rien…
le temps de te refaire les yeux
de prendre un bain & de m’aimer
tu repenses à d’autres visages
noyée au fond d’un verre d’alcool
tu me demandes une cigarette
& me dis d’un air un peu vague :
mon tendre amour ne m’en veux pas
tu sais je ne suis à personne
demain il faut que je reparte
& tu reprends ta route
ton ténébreux voyage…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve & captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude & lascive
glamoureuse & sans contrôle
je te veux sur ma route
je te veux dans mes errances
je te veux dans mes doutes
je te veux dans mes silences
je te veux en amazone
à cheval sur ma monture
je te veux quand j’abandonne
ma racine à ta blessure
je te veux dans la spirale
de tes abîmes éclatants
je te veux dans les annales
de ton féminin troublant
je te veux dans le feu
taciturne des étoiles
je te veux dans le jeu
des vagues où s’enfuient nos voiles
je te veux vamp & rebelle
bouillonnante & sans pudeur
je te veux tendre & cruelle
sur mon sexe & dans mon cœur
je te veux dans l’opéra
silencieux de mes planètes
je te veux dans le magma
où se déchire ma comète
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux dans le sulfure
de mes galeries inconscientes
je te veux dans l’or-azur
de mes envolées d’atlante
je te veux dans la lumière
de mes soleils suburbains
je te veux dans la prière
des dieux suppliant l’humain
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve & captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude & lascive
entrouverte & sans contrôle
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
clichés de poubelles renversées
dans la neige au gris jaunissant
où un vieux clébard estropié
renifle un tampon sanguinolent
givré dans la nuit de noël
un clocher balbutie son glas
pour ce pékin dans les ruelles
qui semble émerger du trépas
il vient s’arrêter sur la place
pour zoomer quelques souvenirs
fantômes étoilés de verglas
qui se fissurent & se déchirent
ici y’avait un paradis
où l’on volait nos carambars
maintenant y’a plus rien mon zombi
pas même un bordel ou un bar
voici la crèche municipale
sous son badigeon de cambouis
où les générations fœtales
venaient s’initier à l’ennui
cowboys au colt 45
dans la tendresse bleue des latrines
on était tous en manque d’indiens
devant nos bols d’hémoglobine
voici le canal couvert de glace
où l’on conserve les noyés
& là c’est juste la grimace
d’un matou sénile & pelé
mais ses yeux sont tellement zarbis
& son agonie si tranquille
que même les greffiers par ici
donnent l’impression d’être en exil
voici la statue du grand homme
sous le spectre des marronniers
où l’on croqua la première pomme
d’une quelconque vipère en acné
& voici les murs du lycée
où t’as vomi tous tes quatre heures
en essayant d’imaginer
un truc pour t’arracher le cœur
mais t’as jamais vu les visages
de tes compagnons d’écurie
t’étais déjà dans les nuages
à l’autre bout des galaxies
trop longtemps zoné dans ce bled
à compter les minutes qui tombent
à crucifier de fausses barmaids
sur les murs glacés de leurs tombes
un camion passe sur la rocade
& le vent du nord se réveille
mais faut pas rêver d’une tornade
ici les jours sont tous pareils
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
200 000 ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s’entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock
j’ai quelque mauvais don d’acrobatie verbale
surtout les soirs d’hiver quand j’suis black & d’équerre
tel un douanier rousseau du graffiti vocal
j’fais des bulles & des rots en astiquant mes vers
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
j’suis un vieux désespoir de la chanson française
qui fait blinder ses tiags pour marcher quand ça lose
ma langue natale est morte dans ses charentaises
faute d’avoir su swinguer au rythme de son blues
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (ter)
was ist das rock’n’roll ?
mais je veux de la miouze qui braquemarde & qui beugle
avec beethov en sourd, je suis borgne à toulouse
en attendant de chanter en braille chez les aveugles
je sors ma winchester pour mieux cracher mon blues
fin d’autorisation de délirer sans fin
j’dois contrôler le vumètre avant que ça passe au rouge
mes idoles défunctées se saoulent avec mon vin
& traînent leurs feux follets hilares au fond des bouges
was ist das… was ist das… rock’n’roll ? (und so weiter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
assis comme un lépreux devant mon brasero
frileux sous le blizzard soufflant son lamento
ô my sweet honey love !
j’écrivais le chorus d’un concerto lubrique
sur le chargeur glacé de mon automatique
ô my sweet honey love !
quand je t’ai vue marcher le long du taxiway
où mon vaisseau-cargo déchargeait en secret
ô my sweet honey love !
mes carrousels de monstres aux yeux de chrysolithe
& les démons transfuges de ma zone interdite
ô my sweet honey love !
pas besoin de télescope pour suivre ta beauté
quand tu viens t’acharner à me faire espérer
mais j’suis fait d’une matière débile indélébile
& je ne sais plus quoi faire pour me rendre inutile
& je ne sais plus quoi faire pour te décevoir
tu traverses les ruines de mes cités-fossiles
dans la phosphorescence de mes visions fébriles
ô my sweet honey love !
parmi les papiers gras & les caisses éventrées
qui jonchent le parking de mon cerveau brûlé
ô my sweet honey love !
& tu poses des oranges dans la cendre mouillée
de mon cachot désert aux barreaux calcinés
ô my sweet honey love !
& d’un éclat de rire tu gommes les pierres tombales
des quartiers délabrés de ma radio-mentale
ô my sweet honey love !
pas besoin de télescope pour suivre ta beauté
quand tu viens t’acharner à me faire espérer
mais j’suis fait d’une matière débile indélébile
& je ne sais plus quoi faire pour me rendre inutile
& je ne sais plus quoi faire pour te décevoir
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
(libre improvisation sur un thème de Marguerite Duras)
fille-fleur sauvage acidulée
bouche cramoisie, jupe retroussée
scratchée sur la banquette arrière
d’un cabriolet roadmaster
transfert d’orage, émeute sexuelle
sous la rumeur des immortels
quand ses lèvres arrachent un par un
les boutons de mon 501
détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l’œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
travail de nuit, petit matin
jouissance-violence entre ses seins
visage éclaboussé de nacre
amour, bagatelle & massacre
sur les fusibles du hasard
entre les quarks & les quasars
elle détruira son teddy boy
cunnibilingue & lousy toy
détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l’œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
tombé d’un DC 10 fantôme
sur un aéroport désert
j’ai confié mon âme à un gnome
qui jonglait sous un revolver
puis j’ai pris la première tangente
qui conduit vers les cantinas
où la musique se fait bandante
pour la piéta dolorosa
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je serai borracho
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
dans le bus pour cuernavaca
j’révise ma tendresse des volcans
hôtel-casino de la selva
le soleil se perd au ponant
& je picole en compagnie
d’un spectre imbibé de strychnine
welcome señor malcolm lowry
sous la lune caustique & sanguine
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir nous serons borrachos
hombre, que viva mejico !
borracho ! como no ?
jour des morts à oaxaca
près de la tombe n°7
je promène ma calavera
en procession jusqu’aux toilettes
& dans la douceur des latrines
loin des clameurs de la calle
je respire l’odeur alcaline
des relents d’amour périmé
no se puede vivir sin amor (ter)
chinga de su madre
otro cuba libre
borracho ! como no ?
de retour à ténochtitlan
au parc de chapultepec
les singes me balancent des bananes
sur des slogans de fièvre aztèque
& dans ma tristesse animale
d’indien qu’on soûle & qu’on oublie
je m’écroule devant le terminal
des bus à mexico city
pulque, mescal y tequila
cuba libre y cerveza
ce soir je suis el borracho
hombre, un perdido de mejico !
borracho ! como no ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
naufragé virtuose
d’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
ton premier cri réveille
de son écho brisé
l’ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
& nos regards préludent
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on se méfie du bonheur
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (bis)
oh ! my son of the wind
my little wunderkind
oh ! mon septembre rose
d’amour-apothéose
baby boy…
passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d’automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d’homme
éclaboussée de femme
baby boy…
sweet baby boy
my baby boy (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
dans les eaux troubles & noires des amours-commando
tu croises des regards alourdis par l’oubli
& des ombres affolées sous la terreur des mots
toi qui voulais baiser la terre dans son ghetto
tu en reviens meurtri vidé par sa violence
& tu fuis ce vieux monstre à l’écaille indigo
comme on fuit les cauchemars souterrains de l’enfance
de crise en délirium, de fièvre en mélodrame
franchissant la frontière aux fresques nécrophiles
tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes
les amants fous, maudits, couchés sur le grésil
& dans le froid torride des heures écartelées
tu retranscris l’enfer sur la braise de tes gammes
fier de ton déshonneur de poète estropié
tu jouis comme un phénix ivre-mort sous les flammes
puis en busard blessé cerné par les corbeaux
tu remontes vers l’azur, flashant de mille éclats
& malgré les brûlures qui t’écorchent la peau
tu fixes dans les brumes « terra prohibida »
doux chaman en exil interdit de sabbat
tu pressens de là-haut les fastes à venir
comme cette odeur de mort qui précède les combats
& marque le début des vocations martyres
mais loin de ces orages, vibrant de solitude
t’inventes un labyrinthe aux couleurs d’arc-en-ciel
& tu t’en vas couler tes flots d’incertitude
dans la bleue transparence d’un soleil torrentiel
vois la fille océane des vagues providentielles
qui t’appelle dans le vert des cathédrales marines
c’est une fille albatros, ta petite sœur jumelle
qui t’appelle & te veut dans son rêve androgyne
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
droïde équalisé sans désir ni chaleur
avec mes sentiments sur microprocesseurs
parfois dans le silence obscur de mon hangar
je déchausse mes circuits & débranche mon sonar
bouillie d’étoiles fondues sur mes lèvres-plasma
de gargouille irradiée revenant du magma
quand j’ai besoin d’amour ou de fraternité
j’vais voir caïn cherchant abel pour le plomber (ter)
dans l’odeur des cités aux voiles d’hydrocarbure
les rires sont des ratures qui s’attirent & saturent
& j’y traîne en réglant ma radio-chimpanzé
sur fréquence & mépris point zéro nullité
cosmonaute du trottoir, éboueur en transfert
je peins mes hiéroglyphes sur les murs des waters
avant de m’enfoncer plus loin dans les égouts
pour voir si l’océan se trouve toujours au bout (ter)
droïde, droïde !
machine humanoïde
aux chromosomes hybrides
droïde, droïde !
carlingue anthropoïde
cœur en celluloïd
droïde, droïde !
regard polaroïd
schizoïde & bifide
droïde, droïde !
rêvant d’astéroïdes
acides & translucides
libres …/…
attirées par le vide
le jour où les terriens prendront figure humaine
j’enlèverai ma cagoule pour entrer dans l’arène
& je viendrai troubler de mon cri distordu
les chants d’espoir qui bavent aux lèvres des statues (ter)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
je suis partout… partout…
dans le héros, dans le vainqueur
le médaillé qui fait son beurre
dans la fille tondue qu’on trimbale
à poil devant les cannibales
dans le train paris – gare d’auschwitz
entre les corps des amants juifs
dans ces millions d’enfants gazés
qu’on voudrait me faire oublier
je suis partout… partout partouze (bis)
tendresse en SOS
eros… eros…
eros über alles !
je suis partout… partout…
dans le gentil petit caniche
qui ratonne la nuit dans sa niche
dans l’œil du bougnoul écœuré
par cet occident périmé
dans le box des innocences
avec ma putain de bonne conscience
dans la peau du rocker-poubelle
qui joue son je universel
je suis partout… partout partouze (bis)
je suis partout… partout…
dans la rue des amours toxiques
au bras d’un monstre pathétique
dans les annales des cœurs travelos
avec ma capote en croco
entre tes seins, entre tes cuisses
entre tes cimes & tes abysses
humaniste sous ton collant
la bite coincée entre tes dents
je suis partout… partout partouze (bis)
tendresse en SOS
eros… eros…
eros über alles !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
coincé entre deux bidons d’huile
dans ce motel désaffecté
j’prends des notes sur la chute des tuiles
& sur les corps coagulés
‘cause les ramoneurs du racket
m’ont passé à l’attendrisseur
j’ai trois tonnes de trous dans la tête
& un tomahawk sur le cœur
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
j’filais cette môme un peu mariole
qui frimait dans sa studebaker
mais j’ai dû forcer sur la gnôle
au lieu de bosser mon bullworker
j’me suis retrouvé au chaparral
ce rade où rôdent les rattlesnakes
entre de fausses lauren bacall
& des bogart à moitié cake
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
la suite m’a laissé amnésique
j’ai coulé dans mon bathyscaphe
sous des uppercuts olympiques
qui m’défonçaient le sismographe…
j’ai récupéré ma carcasse
dans une piaule de cette taule en ruine
où ça renifle la vieille radasse
qui met du gasoil dans son gin
si un jour je retrouve la mémoire
& deux-trois bières pour ma moquette
je balancerai à la série noire
un truc à faire chialer hammett
dies olé sparadrap joey
doucement les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je ne sais pas si tu viens d’un continent perdu
ou bien si t’es tombée d’une comète inconnue
mais j’crois qu’il était temps que tu me prennes en main
j’ai cru mourir de froid chez mes contemporains
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
& c’est comme un soupir après 100 triples croches
quand le pianiste s’endort devant son double scotch
dans ces bastringues d’automne où ça brame à minuit
les vieux cerfs encornés dans les bras des ladies
oh chaudes chaudes chaudes !
j’en oublie la moiteur de ces ports tropicaux
où ça sentait la gnôle & chauds les ventres chauds
à chercher le pérou sur ma radio-inca
j’ai trouvé la fréquence que je n’attendais pas
oh chaude !
je ne sais pas si tu viens d’une ville ultramarine
ou bien si tu descends d’une planète androgyne
météorite in love tu vois je vole aussi
en reniflant d’un œil tes bas sur le tapis
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
je vais p’t-être encore attendre avant de mourir d’amour
j’entends des cons qui causent d’un éternel retour
& j’ai pas très envie de repartir à zéro
j’ai pas tout bien compris comme c’est bon quand c’est chaud
ta zone est chaude, môme (bis)
ta zone est chaude chaude chaude
ta zone est chaude, môme
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
ne cherche pas d’où vient le vent
ce soir tu t’es trompée d’amant
& l’attaque du fourgon postal
se termine en bataille navale
devant une camomille-tilleul
je te laisse te finir toute seule
le garçon-vipère-vidéo
qui contrôlait tout mon réseau
à sauté sur la minuterie
en câblant la copie-sosie
mais ce que j’en dis tu t’en bats l’œil
je te laisse te finir toute seule
j’voulais t’offrir une nuit d’enfer
7,5 sur l’échelle de Richter
mais j’ai tout donné en bakchich
& je m’en retourne à la niche
la queue basse comme un épagneul
je te laisse te finir toute seule
précox éjaculator
scusi scusi mi amor
précox éjaculator
i am very confiteor
tu m’enverras tes pinkerton
pour m’éplucher tous les neurones
& m’enduire de plumes & de poix
direct au pressing du chinois
un ange passe équipé d’un treuil
je te laisse te finir toute seule
déjà ton syndicat des langues mortes
a cloué une chouette sur ma porte
en m’interdisant désormais
de chanter mes conneries en français
‘intérêt à boucler ma gueule
je te laisse te finir toute seule
précox éjaculator
scusi scusi mi amor
précox éjaculator
i am very confiteor
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
cette histoire est encore une légende
quand j’étais dans la narine narchande
je vendais de beaux bigoudis-mousse
des mickeys, des babouches
des flingues & des cartouches
dans la savane & dans la brousse
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la jambe de rimbaud
de retour à marseille
comme un affreux cargo
chargé d’étrons vermeils
dérive en immondices
à travers les égouts
la beauté fut assise
un soir sur ce genou
horreur harar arthur
& tu l’as injuriée
horreur harar arthur
tu l’as trouvée amère… la beauté ?
une saison en enfer
foudroie l’abyssinie
ô sorcière, ô misère
ô haine, ô guerre voici
le temps des assassins
que tu sponsorisas
en livrant tous tes flingues
au royaume de choa
horreur harar arthur
ô bentley, ô châteaux
horreur harar arthur
quelle âme, arthur… est sans défaut ?
les poètes aujourd’hui
ont la farce plus tranquille
quand ils chantent au profit
des derniers danakil
juste une affaire d’honneur
mouillée de quelques larmes
c’est quand même un des leurs
qui fournissait les armes
horreur harar arthur
t’es vraiment d’outre-tombe
horreur harar arthur
& pas… de commission
horreur harar arthur
& pas de cresson bleu
horreur harar arthur
où la lumière… pleut
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
15 milliards d’années sont passées
depuis cette affaire de big bang
vieux singe au cœur fossilisé
j’ai des rhumatismes à ma gangue
avec mon parachute en torche
& ma gueule de caterpillar
paraît que je viens d’une catastrophe
mais les dieux sont pas très bavards
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
parfois… parfois…
j’ai la nostalgie de la gadoue !
malgré le computeur central
qui veille sur la zoo-clinique
je suis l’animal bluesymental
aux vieux relents d’amour gothique
j’tombe amoureux des éprouvettes
avec lesquelles je dois flirter
pour l’usine de stupre en paillettes
qui garantit mon pédigrée
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
la nuit je fouille les no man’s lands
comme un hibou décérébré
cherchant le message d’un atlante
ou la formule d’un initié
câblé sur x moins zéro
à l’heure des infos galactiques
je mets mon badge « ecce homo »
& j’suis fier d’être un con cosmique
bipède à station verticale
toujours faut se tenir debout
bipède à station verticale
parfois… parfois…
j’ai la nostalgie de la gadoue !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le captain m’achab
aux ordres d’une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses king-size
dans son antichambre d’azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen (ter)
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d’amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
clochard à buzenval-station
ou à rockabilly-picpus
tu cuis ton cœur au bourre-couillon
& l’offre aux filles des abribus
pochtron 24 heures sur 24
joyeux bignole de l’inferno
tu fais tes rallyes de 4×4
dans les égouts de nos cerveaux
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
& tu rigoles des histrions
qui cherchent dans l’opera mundi
le succès-sucette à crampons
qui nous fera goder pour la nuit
pinocchios des arts médaillés
stropias du mérite rock’n’roll
docteurs honoris variété
branlés à blanc par la gloriole
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
trop lessivé pour faire le beau
avec ces pitres besogneux
& l’cœur trop niqué, trop pseudo
pour te prendre encore au sérieux
tu viens rêver sous les glaviots
ricanant putois solitaire
& me faire vibrer de tes rots
& de tes rires crépusculaires
diogène, je te salue !
glaireux blaireau
diogène, je te salue !
héros de la classe moins zéro
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
hé mec !
voici les photos de nos routes
prises d’avion par nuit de brouillard
dans ce vieux catalogue des doutes
aux pages moisies par le hasard
à toujours vouloir être ailleurs
pyromanes de nos têtes brûlées
on confond les battements du cœur
avec nos diesels encrassés
à toujours voir la paille plantée
dans la narine de son voisin
on oublie la poutre embusquée
qui va nous tomber sur les reins
& on pousse à fond les moteurs
à s’en faire péter les turbines
c’est tellement classe d’être loser
surtout les matins où ça winne
bourlinguer… errer… errer humanum est (bis)
toujours plus loin à fond la caisse
& toujours toujours plus d’ivresse
oh yes, always ! on the road again man (bis)
on the road again man !
gauguin sans toile & sans pinceau
revisité en bardamu
ou bien en cortès ou corto
aventuriers des graals perdus
on fait nankin-ouagadougou
pour apprendre le volapük
& on se retrouve comme kangourou
dans un zoo qui prend les TUC
bourlinguer… errer… errer humanum est (bis)
aplatis comme de vieilles pizzas
lâchées d’un soyouz en détresse
on cherche une nova cognita
avec un bar & de la tendresse
mais trop speedés pour les douceurs
on balance vite les p’tites frangines
pas prendre pour un courrier du cœur
les pulsions des glandes endocrines
bourlinguer… errer… errer humanum est (bis)
toujours plus loin à fond la caisse
& toujours toujours plus d’ivresse
oh yes, always ! on the road again man (bis)
on the road again man !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
milliards d’étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d’orifices
climatisés
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (bis)
les p’tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
& je m’ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
… tournez !
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
vieille copie du terrien-terreur
tirée au ronéochibreur
souvent j’aimerais faire fonctionner
la génération spontanée
comme un pou dans une cage en feu
j’télégraphie mon code foireux
attention traversée d’engins
sur livre des morts européens
oh bloody man !
fatigué des drapeaux en berne
je m’amuse à quitter la caverne
à voir si l’on danse en éveil
dans les particules du soleil
mais j’atterris sur des cols durs
au pied de la mangeuse d’ordures
le cul poisseux dans le caniveau
à baiser mon porte-manteau
oh bloody man !
übermensch ou underdog, man ?
hé ! toi l’animal futurien
toi qu’as bien connu les martiens
t’as p’têt l’horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar ?
que j’paie une bière à mon clébard
oh bloody man !
certaines nuits j’imagine l’exit
du labyrinthe dans le transit
de 40 milliards de couleurs
se reniflant avec l’œil du cœur
mais je me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
& j’ai beau raccorder les fils
j’traîne une vieille caisse marquée fragile
oh bloody man !
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
au nom du père, au nom du vice
au nom des rades & des mégots
je lève mon hanap & je glisse
dans mon scaphandre à nébulos
je fly vers la douce atlantide
allumée dans mes courants d’air
je fly vers les chiens translucides
& les licornes aux cheveux verts
& je patrouille dans mon cargo
chez les ovnis du crépuscule
à collimater mes glaviots
dans mon viseur de somnambule
je fly vers les radars au bar
qui me montrent la voie lactée
quand la fée aux yeux de lézard
me plonge dans ses brouillards nacrés
je fly vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière
au nom du père, au nom du vice
au nom des rades & des mégots
je lève ma guinness & je glisse
dans la moiteur des mélancos
je fly vers les parfums tactiles
& vers l’androgyne ovipare
je fly vers l’assassin tranquille
sous mon sourire d’aérogare
& je carbure aux années-lumière
mon astronef dans les rigoles
mes rétrofusées dans la bière
pour la liturgie de la picole
je pars vers le chaos caché
dans les vestiges de ma mémoire
quand je ne sais plus de quel côté
se trouvent mes yeux dans les miroirs
je fly vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
j’écoute siffler le vent à 11 500 mètres
pendant que ma voisine clignote sur mon vumètre
& j’imagine son cri, ses crimes & ses dentelles…
moi qui me croyais gazé v’là que je déconne pour elle !
météo-sex-appeal en matant la dérive
du sèvres-babylone correspondance ninive
& je change à sodome, à gomorrhe j’ouvre un pack
avant de me tirer de ce putain d’eden-park
ne te retourne pas ! (bis)
j’ai ma bombe à étrons & j’ai mes droits de l’homme
& j’ai ma panoplie de pantin déglingué
& j’ai ces voix débiles qui m’gueulent dans l’hygiaphone :
ne vous retournez pas la facture est salée !
ne te retourne pas ! lady… prends tes distances
la terre joue au bingo sa crise d’adolescence (bis)
nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d’autres galaxies
nous rêvons d’ascenseurs au bout d’un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil
ne te retourne pas ! (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
morbac ascendant canular
affilié au human fan club
je pousse mon feu sous mon cigare
& me jette au fond du premier pub
la barmaid qui joue marilyn
dans sa layette simili cuir
me fait le plein de gazoline
en me caressant d’un soupir
buenas noches, jo !
buenas noches babe (bis)
puis je descends la rue principale
en suivant les murs de l’asile
ma carte d’handicapé spatial
tendue vers les neuro-missiles
& pendant que les chiens savants
se jouent leur best of the QI
je me tire chez les émigrants
qu’ont des news au tarif de nuit
buenas noches, jo !
buenas noches man (bis)
soudain je t’aperçois petite
entre un flipper & un jukebox
frottant ton cul contre la bite
d’un hologramme de rank xérox
& au moment où la machine
te plaque sur son parking perdant
j’arrache ta fermeture de jean
& m’engouffre dans ton néant…
la tête mouillée entre tes cuisses
& l’œil plombé de nostalgeo
je voudrais rentrer dans ta matrice
comme au vieux temps de ma létargeo
quand je jouais avec la matière
dans la chambre des éprouvettes
au milieu des années-lumière
& du rougeoiement des planètes
buenas noches, jo !
buenas noches babe (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
ce sera sans doute le jour de l’immatriculée contraception ou une connerie comme ça… cette année-là exceptionnellement, le 15 août tombera un vendredi 13 & j’apprendrai par radio mongole internationale la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le secteur septentrional de mes hémisphères cérébelleux… là où je mouille mes tankers de lucidité comique les nuits où je descends la dernière avenue du globe en traînant ma tête dans un sac en plastique
un vendredi 13 à 5 heures …/…
ce jour-là je pèterai mon cockpit
dans la barranca del muerto
avec ma terre promise en kit
& ma dysenterie en solo
& les anges de la dernière scène
viendront s’affronter à ma trouille
passeport, visa, contrôle des gènes
& radiographie de ma chtouille
je tomberai comme un numéro
4.21 sur le compteur
nuage glacé à fleur de peau
dans l’étrange ivresse des lenteurs
& pour arroser mon départ
je voudrais que mon corps soit distillé
& qu’on paie à tous les traîne-bars
la der des ders de mes tournées
be still my soul
allez ! couchée mon âme… au pied, tranquille !
be still my soul
tout ira bien… au pied ! couchée… hé, couchée !
je m’écraserai sur oméga
chez les clowns du monde inversé
en suppliant wakan tanka
d’oublier de me réincarner
…/… un vendredi 13 à 5 heures
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
j’étais caïn junior le fils de belzébuth
chevauchant dans la nuit mes dragons écarlates
& m’arrêtant souvent chez les succubes en rut
j’y buvais le venin dans le creux de leur chatte
& les ptérodactyles me jouaient du trombone
au 14ème sous-sol 42ème couloir
où les anges déchus sous un ciel de carbone
aux heures crépusculaires sodomisent les miroirs
allez roule – roule – lady, roule en moi
& les filles des banshees m’entraînaient dans la brume
& me faisaient ramper devant la lune noire
enivré de pollen & de parfums-bitume
j’ai vu ta dépanneuse garée sur mon trottoir
& depuis je suis là moi le cradingue amant
soufflant dans mon pipeau la chanson d’eurydice
mais méfie-toi miquette je joue contre le vent
pour mieux te polluer avec mes immondices
allez roule – roule – lady, dévaste-moi
allez roule – roule – lady, nullifie-moi
allez roule – roule – lady, engloutis-moi
les néons du drugstore flirtent avec les abîmes
de cette chambre enfumée où brûle ma norma jean
cholest-et-rock-and-roll pour deux cinglés sublimes
dans le chaud maelström de l’érotico-stream
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
râ !… rat !… râ !
adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
elle m’envoie des cartes postales de son asile
m’annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l’a rendue trop fragile
& qu’elle veut plus ramer pour d’autres guernica
& moi je lis ses lettres le soir dans la tempête
en buvant des cafés dans les stations-service
& je calcule en moi le poids de sa défaite
& je mesure le temps qui nous apoplexise
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
& je croise des vieillards qui font la sentinelle
& me demandent si j’ai pas des cachous pour la nuit
je balance mes buvards & tire sur la ficelle
pour appeler le dément qui inventa l’ennui
& je promène son masque au fond de mes sacoches
avec le négatif de nos photos futures
je mendie l’oxygène aux sorties des cinoches
& vends des compresseurs à mes ladies-bromure
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
il est bientôt minuit mais j’fais beaucoup plus jeune
je piaffe & m’impatiente au fond des starting-blocks
je m’arrête pour mater mes corbeaux qui déjeunent
& mes fleurs qui se tordent sous les électrochocs
& j’imagine le rire de toutes nos cellules mortes
quand on s’tape la bascule en gommant nos années
j’ai gardé mon turbo pour défoncer les portes
mais parfois il me reste que les violons pour pleurer
& je me dis stop !…
mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter
& je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs
elle m’envoie des cartes postales de son asile
m’annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l’a rendue trop fragile
& qu’elle veut plus ramer pour d’autres guernica
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
dans cité X y’a une barmaid
qui lave mon linge entre deux raids
si un jour elle apprend mon tilt
au bout d’un flip tourné trop vite
j’veux pas qu’on lui renvoie mes scores
ni ma loterie ni mon passeport
mais je veux qu’on lui rende son laser
avec mes cendres & mes poussières
& j’aimerais qu’elle tire la chasse d’eau
pour que mes tripes & mon cerveau
enfin redevenus lumière
retournent baiser vers la mer…
je r’viendrai comme un vieux junkie
m’écrouler dans ton alchimie
delirium visions chromatiques
amour no limit éthylique
je r’viendrai comme un vieux paria
me déchirer dans ton karma
retrouver nos mains androgynes
dans ta zone couleur benzédrine
je r’viendrai fixer ta chaleur
dans la chambre au ventilateur
où tes ombres sucent les paumés
entre deux caisses de STP
je r’viendrai te lécher les glandes
dans la tendresse d’un no man’s land
& te jouer de l’harmonica
sur un décapsuleur-coma
je r’viendrai jouir sous ton volcan
battre nos cartes avec le vent
je r’viendrai taxer ta mémoire
dans la nuit du dernier espoir
je r’viendrai chercher notre enfance
assassinée par la démence
& lui coller des lunettes noires
le blues est au fond du couloir…
je reviendrai narguer tes dieux
déguisé en voleur de feu
& crever d’un dernier amour
le foie bouffé par tes vautours
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !
les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale
les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
amours-crayons-bites enfoncés
dans les tubulures glauques du vent
l’ange a léché le chimpanzé
sur l’autel des agonisants
clinic-woman-cœur-manivelle
tournant dans le soleil couchant
ce soir je sors de ma poubelle
pour provoquer tes océans
cafards-gardiens d’enfer casqués
défilant dans mes nuits d’automne
m’accusant de ne plus tricher
devant ta pompe à méthadone
rue-morgue avenue desperados
dans les barbelés du goulag
ce soir je sors de mon blockhaus
pour me parfumer à ta vague
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (bis)
délires-désirs-corps entraînés
dans les brouillards du crépuscule
parfums sexy, cœurs gominés
tension-danger-sortie-capsule
jadis cavalier du néant
je reviens en vampire tranquille
dans ta nuit maquiller les blancs
de ton calendrier de petite fille
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (bis)
curieux soleil de plexiglas
dans la vitrine des marchands d’ours
gyrophares sur mes pataugas
nitroglycérine à la bourse
filmé par les mau-mau
par les stups & les contes de fées
j’planque mon secret sous ta schizo
& m’accroche à ton corps blessé
amant-mutant matant nos stances
à l’ombre des amours gadgets
j’endors mes cadences en instance
& me balance à ta planète
inutile d’afficher nos scores
aux sorties des supermarchés
les dieux sont jaloux de nos corps
nous balayons l’éternité
hé ! je danse pour toi petite
oh ! je bande pour toi petite
… je danse pour toi (ad lib.)
Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Claude Mairet
elle veut plus que son chanteur de rock
vienne la piéger dans son paddock
elle veut plus s’taper le traversin
à jouer les femmes de marin
… elle s’en va !
elle veut plus que son dandy de la zone
vienne la swinguer dans son ozone
elle veut plus d’amour au compte-gouttes
entre deux scènes, entre deux routes
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (bis)
elle lui a dit : je change de port
mais pauvre débile je t’aime encore
seulement tu vois c’est plus possible
moi aussi j’veux être disponible
… elle s’en va !
il a juste haussé les épaules
comme si c’était son meilleur rôle
& lui a dit : casse-toi de mon ombre
tu fous du soleil sur mes pompes
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (bis)
il en fera peut-être une vieille rengaine
une histoire d’amour à la chaîne
pour les p’tites sirènes à la page
qui se branlent devant son image
… elle s’en va !
il en fera peut-être une vieille chanson
une histoire d’amour à la con
pour les décavés du boulevard
qui s’tapent une queue sur trafalgar
… elle s’en va !
rock, rock ! joyeux, joyeux ! (ad. lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
je cherche un hélico pour me déconnecter
pour faire sauter les plombs de la boîte à fausse-donne
je cherche un hélico quelque part pour me tirer
mais j’crois bien que les martiens m’appellent sur l’interphone
ganja !
le blues m’a délatté mais c’est sans importance
quand la bière est tirée il faut finir son pack
le blues m’a délatté & je trinque en silence
j’fais de l’auto-combustion tout seul dans mon half-track
ganja !
& j’traîne dans la galerie en grillant mes traumas
j’en veux à la première qui m’a laissé tomber
& j’traîne dans cette galerie où ma mère me chanta
no love today bébé my milk is gone away
ganja !
j’ai mon capteur qui sonne & mes pieds qui s’enfoncent
j’oublie toujours le nom de ces villes où j’suis né
j’ai mon capteur qui sonne & j’ai le cœur qui bronze
j’ai fini par fumer ma carte d’identité
ganja !
ma tête a éclaté d’un retour de manigoince
moi j’voulais bourlinguer sur cumulo-nimbus
ma tête a éclaté bonjour l’homo sapiens
si t’as peur de t’mouiller retourne à ton fœtus
ganja !
je suis dans l’atelier de hieronymus bosch
avec les yeux drapés de lapis-lazuli
je suis dans cet atelier mais il faut que j’décroche
les anges font des cauchemars au fond du paradis
ganja !
les sergents-recruteurs me demandent au parloir
avec des mégaphones pour compter les élus
les sergents-recruteurs me jouent le jour de gloire
mais moi j’suis mongolien chromosomes inconnus
ganja !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
les enfants de napoléon
dans leurs mains tiennent leurs roustons
s’ils ont compris tous les clichés
ça fera de la bidoche pour l’armée
les partouzeurs de miss métro
patrouillent au fond des souterrains
mais ils rêvent d’être en hélico
à se faire du nèg’ & du youpin
les vopos gravent leurs initiales
dans le brouillard des no man’s land
& les démasqueurs de scandales
prennent le goulag pour disneyland
les gringos sortent un vieux crooner
pour le western du silence
demain au bürgerbräukeller
je lèguerai mon âme à la science