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2001-Album-Defloration 13

Défloration 13

2001

01.

Une ambulance pour Elmo Lewis

Paroles
02.

Quand la banlieue descendra sur la ville

Paroles
03.

Le touquet juillet 1925

Paroles
04.

Also sprach Winnie l'ourson

Paroles
05.

Guichet 102

Paroles
06.

Joli mai mois de Marie

Paroles
07.

Camelia: Huile sur toile (A Charles belle)

Paroles
08.

Parano Safari en ego-trip-transit (ou comment plumer son ange gardien)

Paroles
09.

Eloge de la tristesse

Paroles
10.

Roots & déroutes + croisement

Paroles
11.

Les fastes de la solitude

Paroles
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Une ambulance pour Elmo Lewis

vapeurs paradisiaques
de souvenirs toxiques
dans l’ombre aphrodisiaque

d’un junkie mécanique
n’est-ce pas le cri du vent
qui souffle à travers nos amplis
ou ce reflux du temps
dans les couloirs des nostalgies ?
n’est-ce pas la nuit en transe
qui peint en noir nos artifices ?
comme une sentence
envoyez l’ambulance
pour elmo lewis

silhouette embrumée
dans le matin banal
d’un idiot naufragé
quittant ses bacchanales
n’est-ce pas lady black-out
là-bas au coin de l’infirmerie
qui joue les talent-scouts
& jongle avec nos veines meurtries ?
n’est-ce pas l’étrange absence
de chien funèbre au box-office ?
comme une sentence
envoyez l’ambulance
pour elmo lewis

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Quand la banlieue descendra sur la ville

combattants dans les rues qui puent la trique
la moiteur rance & la mauvaise conscience
gargouilles ricanantes aux vitrines gothiques
dans la noria des brancards en cadence
on n’entend plus crapuler dans le vent
les discours des leaders & des tribuns
tous les mornes aboyeurs de slogans
les sycophantes & les théoriciens

bourgeoises hallucinées dans les poubelles
qu’elles n’auraient jamais dû quitter naguère
89 c’était leur chiffre à elles
maintenant ça change de date partenaires
j’espère que l’on assassinera mozart
& sa zicmu pour noces & matchs de foot
& qu’y aura du beau tag sur ces boulevards
plus spleeneux qu’une seringue après un shoot

quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas

eh mec, tu t’acharnes à tirer les stores
pour te cacher de la rue en chaleur
& tu dis du bout de tes dents en or :
dommage que dieu soit plus à la hauteur !
faut être saturé d’un rare espoir
pour danser dans les ruines des limousines
y’a ta BM qui crame sur le trottoir
dis-toi que c’est beau comme un chœur d’orphelines

quand la banlieue descendra sur la ville (bis)

mercenaires de lilith contre miliciens d’ève
dans la fumée des incendies sanglants
la rue s’effondre & le peuple se lève
& j’avoue que ça m’laisse pas indifférent
j’débouche un autre vieux corton-charlemagne
en compagnie de ravissantes callgirls
qui fument joyeuses en dégrafant leurs pagnes
de la sinsémilia dans mon brûle-gueule

quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour la grande razzia des parias
quand la banlieue descendra sur la ville (bis)
pour le grand basta des rastas

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Le touquet juillet 1925

le soleil joue sur nous (bis)
& vous vous avez l’air si sûre de tout
whaou !
le soleil joue sur nous (bis)
& je vous avoue que je suis jaloux
& fou de vous
& maintenant je m’imagine
sous vos dentelles, vos crinolines
le cœur coincé dans la portière
de votre chenard & walcker
au fond de vos yeux bleus d’agate
je vois vos scissures & vos strates
& ce désir qui vous habite
lorsque ma bouche touche aux limites
de votre split
le soleil joue sur nous (bis)
whaou !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Also sprach Winnie l'ourson

la nuit s’achève, les étoiles pèlent, le jour se lève
ta mère vêle & ton rêve amer commence en transe
& sans trêve en enfer car tu sais qu’on achève
les nouveau-nés, les veaux de l’année qui cassent la cadence
dès que tu nais on te met le pied à l’étrier
& faut ramer toute la journée tu es damné
tu es fiché sur le fichier qui fait chier les
fauchés échauffés & les chattes échaudées
& giflé par le chef qui te dit : l’apprenti
si tu fais ci, tu fais pas ça, tu sais la vie
c’est pas du cinéma, qui rit le mercredi
vendredi pleurera & sans doute cramera
son karma comme un rat le mardi, oh la la ! l’abruti
qui l’employé du mois jamais ne deviendra
also sprach winnie l’ourson (bis)

peu à peu t’avances dans la danse mais faut apprendre
à reculer, à t’effacer, faut pas comprendre
faut pas toucher, pas mettre les yeux dans l’même panier
ni les doigts dans le nez des mémés aux gros nénés
pas fumer dans les cabinets, ni picoler
sur l’oreiller : boire ou bander il faut choiser !
la vie c’est pas comme dans une salle de projection
avec du pop-corn à la con & les deux mains
nichées sur des nichons au bout de l’hameçon
de l’âme-sœur qui te fait l’ascension de ton bandonéon
& quand les p’tites culottes mouillent & se retrouvent soûles
dans la foule vas-y cool, roule & roucoule ma poule
la vie c’est pas qu’un vit y’a tous les sans QI
qui drucker le dimanche & nohain le jeudi
also sprach winnie l’ourson (bis)

mais y’a pas que les conneries futiles & dérisoires
qui flinguent le quotidien du citoyen moyen
il y a les horreurs que nous livre l’histoire
à la une des journaux pour faire jouir TF1
entre bombardements, accidents, tremblements
de terre ici ou là dans l’attentat du temps
pas la peine de t’inscrire pour les tribulations
du roumi jean-marie parti en algérie
pour que t’aies la vision des cruelles perversions
ineffables infamies de ces démocraties
it’s not utile itou de relire cheyenne autumn
ou autre chose de mari sandoz pour connaître la cause
des névroses, des nécroses, overdoses, cirrhoses des autochtones
piégés par la psychose des visages roses moroses
also sprach winnie l’ourson (bis)

pas la peine de revoir le mépris de godard
ni la honte de bergman ni gang-bang à cuba
pour finir en paumé à la sortie des gares
entre une vieille hétéro, deux diesels & trois rats
& quelques veuves austères-militantes limitées
dévorant les rognons de leurs enfants mort-nés
pas la peine d’écouter la fin du titanic
vue par gavin bryars déjà tu coules à pic
déjà l’ultime question n’attend plus les réponses
aux métaphores obscures, obsolètes & absconses
les mots sont des rapaces qui tournent hallucinés
au-dessus du corral où pleurent des fiancés
l’amour est un enfant de coyote enragé
qui fuit le chaparral en emportant les clés
also sprach winnie l’ourson (bis)

mais faudra te relever, embrayer, faire semblant
de gagner, de boxer, de montrer toutes tes dents
les gens d’ici n’aiment pas les souffreteux-gisants
qui leur donnent l’impression que la vie c’est pas kiffant
tu devras leur faire croire que tu t’en es sorti
que maintenant tu t’en fous, que ce qui est dit est dit
même si ça veut rien dire les gens d’ici s’épanchent
si tu leur donnes pas l’illuse d’être des museaux de tanches
parfois faudra aussi faire croire que tu les aimes
que tes synapses cramées te servent encore d’antennes
& leur servir à boire, les noyer dans l’amour
dans l’ivresse des caresses, des baisers de velours
l’amour est un enfant de poème incongru
qui bugle de son muggle aux remugles d’hallus les morues de la rue
also sprach winnie l’ourson (bis)

maintenant t’es mûr pour le combat dans ton hamac
tu sais tout, tu sais rien, c’est pareil c’est en vrac
c’est l’éternel scénar, c’est l’éternel roman
c’est ce qu’on nous apprend dans l’ancien testament
dans l’odyssée d’homère, dans playboy, dans france-soir
dans les pièces de shakespeare, les manuels d’histoire
dans le journal de mickey, dans les modes & travelos
dans vélo magazine, dans mets-la-moi-rocco
dans le petit albert, dans le livre des morts
dans le coran, dans l’argus, dans le journal des sports
dans batman, aristote, bukowski ou schiller
van gogh, warhol, pollock, debussy ou mahler
dans fustel de coulanges, notorious big aussi
& puis dans la naissance de la tragédie
& dans winnie ! oui dans winnie !
also sprach winnie l’ourson (ad lib.)

Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Hubert Félix Thiéfaine & Franck Pilant

Guichet 102

la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu

sont-ce mes yeux dingues & opaques
taillés dans du verre-cathédrale
& rouillés à la fleur de pack
qui perdent leur vision normale ?
ou bien sont-ce ses doux effluves
de petit animal pastel
qui plongent mes rêves dans une étuve
& brûlent mes nerfs aux étincelles ?

la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu

sont-ce les dernières lueurs du jour
au rythme bleu des ambulances
qui libèrent un appel d’amour
dans ma tête rongée de silence ?
ou bien sont-ce ses seins si frêles
sous son zomblou de basketteuse
son sourire de jaguar femelle
dans l’œil de ma débroussailleuse ?

la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu

sont-ce ses nénuphars si doux
ses roses parfums de vieil empire
ou ses lotus à feuilles d’hibou
qui viennent tourmenter mes désirs ?
sont-ce ses oiseaux migrateurs
dans le fouillis de ses cheveux
soleils au chakra de son cœur
qui frappent au clavier de mes vœux ?

la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu

sont-ce les visions de sa fêlure
aux lèvres lilas de son spleen
qui me font hisser la mâture
& gonfler ma voile zinzoline ?
sont-ce ses doigts de chloroforme
sur son petit castor fendu
qui miaule à minuit pour la forme
au rayon des fruits défendus ?

la nouvelle, la p’tite bleue du guichet 102
joue le flou dans le feu de ses yeux
moi qui la mate un peu dans la fumée de ma beuh
je me demande si je patauge pas dans son jeu

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Joli mai mois de Marie

mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies

les ptérodactyles virent en vrilles
au-dessus des banana-shows
& les beurdigailles font des trilles
avec les gomina-yoyos
les tapons* ricanent dans les bois
& klaxonnent bambi l’orphelin
tandis qu’un stégobulle flamboie
dans l’air transparent du matin

mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies

les grapheurs fous sixtinent la ZUP
& lorgnent les jambes incendiaires
qui montent longuement sous les jupes
jusqu’au noyau de l’univers
le soleil déshabille les filles
qui traînent le poids de leur soustingue
dans l’excitation des pupilles
des keumès au regard salingue

mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies

mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a envie de se pendre
mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a du mal à comprendre
pourquoi faut quitter son igloo
ses longues nuits de loup-garou
pour venir se cramer le chou
devant des conneries de barbecues
avec les autres jaloux qui jouent
du biniou & de la boîte à clous
à moitié fous dans leurs cailloux
à genoux ! poux ! (ter)

mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies

les sativas au crépuscule
les gommiers bleus, les maris roses
les jeunes taureaux qu’on émascule
dans la tulle des brumes en osmose
les molards sous les papillons
l’hémoglobine sur mes stigmates
ma treille bouffée par les morpions
& ce putain de soleil qui m’délatte

mai, joli mai mois de marie
fais ce qu’il te plaît de tes envies
mai, joli mai mois de marie
sodomie-trash & fantaisies

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Note : * héron héron petit pas tapon

Camelia: Huile sur toile (A Charles belle)

(A Charles belle)

camélia & rature fœtale
sur l’agenda des mots perdus
lèvres glacées, masque animal
au carnaval des cœurs déchus

camélia & délire fatal
bruit du flat-six & longue-distance
autoroutes septentrionales
dans le cambouis de nos silences

camélia & brumes hivernales
vers ce vieux nord toujours frileux
exil blême & sentimental
dans la tristesse des soirs pluvieux

errance au milieu de la nuit
dans un brouillard vertigineux
sur un port au bout de l’ennui
aux longs dédales mystérieux

tu croises une ombre solitaire
à genoux devant un tombeau
qui prie pour les années-lumière
à la clarté d’un braséro

tandis qu’au loin sur l’océan
gémissent les cornes de brume
pour un cargo-fantôme géant
qui clignote au raz de l’écume

camélia & désert astral
fin d’histoire d’amants déchirés
visages figés, fleur cannibale
au péage des transferts minés

camélia & désir obscène
de luminosité blessée
visages fermés, couleur de haine
amours défuntes & desséchées

camélia & rature finale
sur l’agenda des mots perdus
lèvres glacées, masque animal
au carnaval des cœurs déchus

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Parano Safari en ego-trip-transit (ou comment plumer son ange gardien)

dans tes pompes en peau de chauve-souris
& ta veste en cuir de cafard
tu passes la moitié de ton ennui
à t’estropier dans les blizzards
les infirmières des premiers secours
qui viennent te border aux urgences
te disent : tu vas finir un jour
par souffrir d’un manque de souffrance

alors tu passes toutes tes nuits
à t’attendre jusqu’au matin
à plumer au poker des insomnies
ton ange-gardien
alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (bis)

si la vie est une illusion
avec des fous-rires en voix-off
tu t’fais du mal, tu tournes en rond
à courir derrière lara croft
t’as les hémisphères au taquet
les potards sur danger d’amor
t’es chargé à 10 000 giga-octets
sur le point de bletter tous tes transistors

alors tu passes toutes tes nuits
à t’attendre jusqu’au matin
à plumer au poker des insomnies
ton ange-gardien
alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (bis)

avec leurs doux yeux colorés
au bioxyde de manganèse
les biodolls te font danser
au bal des parthénogénèses
elles sont programmées pour une heure
le temps de rincer sa libido
les indigènes appellent ça le bonheur
mais toi tu dis : j’préfère les marshmallows !

alors tu passes toutes tes nuits
parano-safari en égo-trip-transit (ter)

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Eloge de la tristesse

tu vides des packs de mauvaise bière
bercé par france télévision
qui t’offre ses documentaires
sur les stations d’épuration
même l’été sous la canicule
t’as froid dans ton thermolactyl
& tu pleures au milieu des bulles
de ton sushi rayé des îles
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours

t’as pas appris dans ton enfance
l’amour, la joie ni le bonheur
t’as juste étudié l’arrogance
dans l’angoisse, la honte & la peur
ton fax fixe un démon qui passe
à l’heure où tout devient trop clair
où tu contemples dans ta glace
une certaine idée de l’enfer
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours

peut-être qu’un jour chez norauto
tu verras ta reine arriver
au volant de la stéréo
d’un tuning-car customisé
mais l’amour s’use à la lumière
& les louttes sont toutes un peu louffes
elles te feront jouer du somnifère
dans un H.P. avec les oufs
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours

peut-être qu’en smurfant sur ta folie
tu deviendras l’idole des bas-fonds
à qui le branleux tout-paris
fera sa standing ovation
mais d’applauses en salamalecs
de backstages en mondanités
la réussite est un échec
pour celui qui veut plus danser
apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Roots & déroutes + croisement

chien foudroyé
par un éclair
dans la poussière
ça sent le cramé
mauvaise mémoire
chauffée à blanc
dans l’œil sanglant
d’un ciel trop noir

au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend

mambas… chaleur
pensées foireuses
guitare poisseuse
moiteur… moteur !
ombre au compte-gouttes
sous l’arbre mort
je mords mon mors
je fixe la route

au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend

mauvais whisky
cœur frelaté
cerveau plombé
mesures en mi
près de jackson city
(mississipi)
entre biloxi
& memphis (tennessee)

au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend

at the crossroad…
i’m waiting for…
i’m waiting for a man…
i’m waiting for the man…
i’m waiting for the hoochie-coochie man…
yeh ! hoochie-coochie man…
« i got a black cat bone, i got a mojo too »
hoochie-coochie man…
at the crossroad…

honky-tonk man
j’rallume un joint
j’entends au loin
le blues du bagne
je m’invente des filles
dans des clandés
à santa fé
ou à mobile

je rêve d’une cabane
à chicago
2120
south-michigan
je vide mon cœur
mégot de stick
valet de pique
& dame de cœur

au soleil couchant
je suis l’homme qui attend
tout seul au croisement
je suis l’homme qui attend

harmonica
entre les dents
j’entends le vent
sur mon contrat
le blues résonne
une ford aboie
& j’vois devant moi
le diable en personne…

robert johnson
willie dixon
john lee hooker
muddy waters
elmore james
howlin’ wolf
screamin’jay hawkins
sonny boy williamson
bessie smith
jimmy reed
memphis slim

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Les fastes de la solitude

les fleurs de rêve obscur secrètent de noirs parfums
dans la féerie marbrée des crépuscules forains
théâtre d’harmonie, panorama lunaire
aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire
où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges
s’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige
banquises phosphorescentes & bleue mélancolie
qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies
aux étranges accords, sous d’étranges latitudes
qui te révèlent les fastes de la solitude

les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches
ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches
& dansent la sarabande frivole des courtisanes
à la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes
odeurs de mandarine & rafales de cannelle
mélodies cristallines & vapeurs d’arc-en-ciel
là-bas sous un tilleul, à l’ombre d’une fontaine
notre dame de la nuit distribue l’oxygène
& le septième cercle de la béatitude
te révèle les fastes de la solitude

la princesse aux camées fait blinder sa pâleur
pour franchir les spirales du miroir intérieur
pétales-rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule
dans le tumultueux chaos des particules
mandalas schizoïdes & soupirs féminins
sur les claviers bulbeux des orages clandestins
sépultures de valium pour voyageurs-vampires
errant dans les sargasses d’un océan martyr
& le doute qui ravage même tes incertitudes
te révèle les fastes de la solitude

joseph d’arimathie & uther pendragon
chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction
& cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes
rouges-iguane & oranges brûlés des soirs d’automne
leurs druides au bec bunsen en livrées de valets
te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai
plus rapide qu’une aston dans les mains de shelby
tu reprends l’avantage au treizième martini
& l’ineffable attrait pour les bars d’altitude
te révèle les fastes de la solitude

le chevalier, la mort & le diable s’enfuient
des pinceaux de dürer pour absorber la nuit
tandis que mélusine aux longs cheveux défaits
t’organise une party dans la brume des marais
& dessine sur ton membre une cartographie
des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits
puis traverse le désert jusqu’à la thébaïde
où la fée méridienne de tes éphémérides
extirpant ton sourire poisseux de l’habitude
te révèle les fastes de la solitude

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine