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Narcisse 81

il pleut des nénuphars en face
des miroirs où glissait ton corps
mais tout s’efface laissant la place
à ce larsen qui te distord
tu glisses ta carte perforée
dans ce flipper où tu t’enfuis
& tu fais semblant de rocker
pour faire croire que tu es en vie

narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe

tu t’en retournes à tes banlieues
dans ce couloir où tu te grimes
te maquillant le bout des yeux
d’un nouveau regard anonyme
le futur te sniffe à rebours
te plantant sur un look rétro
te reste-t-il assez d’amour
pour prendre ton dernier mélo ?

narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe

les chiens t’attendent au bout du quai
avec des plumes & du goudron
ils vendent des orgasmes en sachets
mais font la gerbe en location
tu pensais franchir le miroir
sans avoir à changer de gueule
tu craches le sang dans ta baignoire
& tu t’essuies dans un linceul…

la nuit te glace au fond d’un train
où tu croyais trouver l’oubli
voyageur des petits matins
tu rentres de tes insomnies
tu rayes les mentions inutiles
au bas de ton carnet d’absence
& tu t’accroches au bout du fil
qui te ramène à ton silence

narcisse ! balise ta piste
y’a des traces de pneu sur ton flip
& ta p’tite sœur qui se tape ton fixe

Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet

Psychanalyse du singe

tu vois moi, ben si j’étais dieu je croirais pas en moi, oh non ! mais si j’étais moi, ben j’me méfierais …/…

j’ai appris à jouer la guitare
avec la méthode ogino
émerveillé par l’art pour l’art
comme une poule devant un mégot
j’étais déjà un petit barbare
qui chantait pour sa libido
& franchement c’est beaucoup plus tard
que j’appris à être cabot
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rentre intéressant

pour être chanteur populaire
faut avoir l’esprit de mission
la position du missionnaire
ça manque pas d’imagination
& je me jette sous les projos
avec mon sourire engagé
en me disant : vas-y coco
t’as la meilleure place pour draguer !
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rendre intéressant

…/… le jour de ma naissance un éléphant est mort & depuis ce jour-là je le porte à mon cou !

je me fais un peu prétentiard
mais c’est la règle du boulot
si tu joues pas les vieux ringards
on te prend pour un rigolo
alors je me montre à la barre
avec mes trucs & mon zozio
pour pas pisser dans ma guitare
en refoulant ma parano
je ne chante pas pour passer le temps
mais pour me rendre intéressant

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Mathématiques souterraines

pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
& t’as mal aux oneilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux SOS
tu veux jouer ton aventure
mais t’en crèves au réveil

tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
& tu remontes à contrecœur
l’escalier de service
tu voudrais qu’y ait des ascenseurs
au fond des précipices

oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…

maintenant tu m’offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t’as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
& j’ai mal aux globules

oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se broutent
oh ! mais laisse allumé bébé
y’a personne au contrôle
& les dieux du radar sont tous out
& toussent & se touchent & se poussent
& se foutent & se mouchent
dans la soute à cartouches…

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

La vierge au Dodge 51

ce matin le marchand de coco n’est pas passé & au lieu de se rendre à l’école tous les vieillards se sont amusés à casser des huîtres sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus… sur ma porte j’ai marqué : absent pour la journée ! dehors il fait mauvais, il pleut des chats & des chiens… les cinémas sont fermés, c’est la grève des clowns… alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires… puis je décroche le téléphone & je regarde les postières par le trou de l’écouteur

tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !

ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, 51, 62, 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine) ! en sautant de mon lit j’ai compté les morceaux… c’est alors que j’ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en te faisant l’amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie

tu as la splendeur d’un enterrement de première classe (bis) & moi j’suis timide comme un enfant mort-né (bis) oh, timide ! oh, mort-né ! dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles se déconnectent & que tu les prennes sur la gueule… je t’aime, je t’aime, je t’aime ! & je t’offre ma vie & je t’offre mon corps, mon casier judiciaire & mon béribéri, je t’aime !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Groupie 89 turbo 6

c’est juste une fille un peu perverse
qui me plante des couteaux dans les fesses
& qui me coince dans les urinoirs
en sortant sa lame de rasoir
c’est juste une fille un peu fritée
qui s’amuse avec ma santé
& qui m’dégoupille les gonades
juste au moment où je prends mon fade
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !

c’est juste une fille un peu rocky
qui grimpe à moto sur mon lit
& qui sort sa chaîne de vélo
en me disant : je t’aime saignant salaud !
c’est juste une fille un peu brutale
qui déchire mes chemises, mes futals
en me disant : fais gaffe baba cool
j’mets mes crampons gare tes bidoules !
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !

c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !

c’est juste une fille un peu rétro
qui rêve d’être une panzerfrau
& qui me déguise en nymphomane
pour que j’me tape son doberman
c’est juste une fille un peu olé
qui s’coupe les nibards pour frimer
mais c’est si bon de jouer son jeu
quand elle décroche le nerf de bœuf
oh ! tu n’es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore… plus fort ! ah !

c’est juste une fille comme toi & moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s’amuse dans la vie
& qui n’a pas honte quand elle rit
c’est juste une fille choubidoubidouwa ! (bis)
c’est juste une fille qui s’en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle… oh ouais !

ah ! vas-y mimine fais-moi la cour
frite-moi la gueule ô mon amour !
vas-y déchaîne-toi sur mon corps
vas-y mimine fais-moi la mort
fais-moi la mort !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

La fille du coupeur de joints

elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)

elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)

ben nous on était cinq chômeurs
à s’lamenter sur notre malheur
en se disant qu’on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)

elle descendait de la montagne
v’là qu’elle nous voit vers les murailles
& qu’elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)

ben v’là qu’elle nous prend par la taille
puis qu’elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)

ben nous on était cinq chômeurs
à s’payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)

quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon dieu que c’était bien
la fille du coupeur de joints (bis)

plus question de chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)

elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (ad lib.)

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Rock-autopsie

quelque part sur la sixty-one abraham s’est flingué
en voyant dieu sur sa guitare complètement défoncé
mais le guignol au tambourin doublé des mômes 12 & 35
n’arrive même plus à jouer : baby ça vient ne change pas de joint !
satan va plus chez mick jagger voir ses admiratrices
bouffer la bidoche de leurs mères dans des tubes en plastique
au dernier banquet des zonards j’ai failli m’étrangler
quand j’y ai vu lady jane au bras d’un prêtre ouvrier
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !

les beatles ont bouffé leur pomme en se grattant le nœud
pendant que lady madona suçait le marchand d’œufs
mais qui donc a dit à lucy qu’on a besoin d’amour
c’est en s’tapant de vieux rassis que beethoven devint sourd
qui donc peut me dire « qui est qui ? » in my generation
c’est-y-toi monseigneur lefèbvre ou c’est toi pete townsend ?
quand on descendait liverpool debout sur nos scooters
paraît que la reine bandait en reprenant du camembert
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !

manhattan ou berlin pas même une chatte sur le trottoir
lou reed a dérapé sur la peau d’un revendeur noir
mais les mecs de son fan-club se sont encore sentis frustrés
quand ils ont su qu’loulou mettait de l’eau dans son LSD
les requins du showbiz ont enterré l’enfant vaudou
j’ai retrouvé son médiator qui traînait dans la boue
paraît que son remplaçant est un vieux soliste manchot
qui joue de la pedal steel avec sa pompe à vélo
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !

grand-mère va plus au père lachaise pleurer sur morrison
avec ses melody maker elle fait des paillassons
mais elle m’a dit qu’elle irait bien se taper du friskies
au prochain festival de colombey-les-deux-églises
mon beauf ne veut plus jouer love me tender sur sa fender
& je suis trop crevé pour faire la partoche à ma sœur
alors je reste à la maison sur du traditionnel
avec de vieux bouseux qu’essaient de jouer carol sur une vielle
veuillez parler à mon flipper, mon jukebox est malade…
oh, yeah !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Lorelei sébasto cha

mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
juste après le péage assurer l’extra-ball
& remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
& pendant que le lit croise l’aéropostale
tu me dis : reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit

lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille

tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant : reviens maintenant je te connais
tu m’rappelles mes amants rue barrée à hambourg
quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu-follet
tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
& tu me dis : reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie

lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille

le blues a dégrafé nos cœurs de cannibales
dans ce drame un peu triste où meurent tous les shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
& je te dis : reviens maintenant c’est mon tour
de t’offrir le voyage pour les galapagos
& je te dis : reviens on s’en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d’albatros

lorelei ! lorelei !
ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
lorelei ! lorelei !
& j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille

Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet

Soleil cherche futur

l’infirmier de minuit distribue le cyanure
& demande à noé si le charter est prêt :
hé mec ! il manque encore les ours & les clônures
mais les poux sont en rut, faut décoller pas vrai ?
& les voilà partis vers d’autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
& moi je reste assis, les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

paraît que mon sorcier m’attend à chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de singapour
mais j’traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d’amour
& j’tombe sur l’autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit : viens prendre un verre tu m’as l’air fatigué
laisse tomber ta cuti, deviens ton mécano
c’est depuis le début du monde que l’homme s’est déchiré
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

râ !… rat !… râ !

adieu gary cooper ! adieu che guevara !
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s’engouffre dans les nirvânas
& nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d’amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil ! soleil !
n’est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet

Les dingues et les paumés

les dingues & les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
& quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent des scorpions & pleurent des mandragores
& leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
& s’invitent à calter en se gueulant : come on !

les dingues & les paumés se cherchent sous la pluie
& se font boire le sang de leurs visions perdues
& dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir dieu ils relisent hölderlin
& retombent dans leurs bras glacés de baby-doll

les dingues & les paumés se traînent chez les borgia
suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
essayant d’accrocher un regard à leur khôl
& lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
& sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin

les dingues & les paumés s’arrachent leur placenta
& se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
en se faisant danser jusqu’au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s’enivrer des chants de maldoror
& maintenant ils s’écroulent dans leur ombre animale

les dingues & les paumés sacrifient don quichotte
sur l’autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leur reine en riant du boycott
la solitude n’est plus une maladie honteuse
reprends tes walkyries pour tes valseurs masos
mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
& cet ange qui me gueule : viens chez moi mon salaud !
m’invite à faire danser l’aiguille de mon radar

Paroles : Hubert Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet

Je t'en remets au vent

d’avoir voulu vivre avec moi
t’as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendue à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
& tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même

mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent

toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l’existence
tu m’encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre

mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent

tout est de ma faute en ce jour
& je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d’amour
j’accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va droit sur ton nouveau chemin
je n’ai jamais aimé que moi
& je reste sans lendemain

mon pauvre amour
sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour
je t’en remets au vent

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Alligators 427 (Live)

alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !

alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !

alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !

alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !

alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !

alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine